Je venais de finir le walking trail du fish river canyon et pensais ensuite rejoindre Cape Town en auto-stop. 900km mais vu que tous les touristes qui visitaient la région venaient du Cap, je m'étais dit que je n'aurais pas trop de difficulté a trouver un ride. J'ai démarré a 7h du matin au gate de l'hotel Al Ais et ai sympathisé avec le gardien. Ce dernier me dit qu'aucune voiture n'était encore sortie mais que ça n'allait pas tarder. Et effectivement les voitures de touristes défilèrent, pour la plupart seulement 2 personnes plutôt âgées mais aucun ne prenait la route du Cap n'y ne voulut me déposer sur le chemin. J'attendis près de 2h avant qu'un blanc travaillant dans le coin accepta de me faire monter. Il avait un pick up et était un peu chargé a l'avant: un sac a dos pas trop gros et un costume attaché au siège passager. Il me fit signe de monter a l'arrière a l'extérieur et je n'eus pas le temps de mettre des vêtements plus chauds qu'on était déjà parti. C'était top d'un cote d'être dehors car je pus profiter pleinement de la beauté et de la nature du paysage mais d'un autre coté, il faisait un froid de canard et le vent glacial n'aida pas. Je tomba malade des le lendemain! Le mec était censé m'amener a Grunau mais il voulut absolument passer par Hobas pour prendre un café a RoadHouse! Résultat: plus de 2h dans le froid et j'ai atteint Grunau sur les coups de 11h du mat.
De là, c'était censé être simple: le seul point de passage pour passer la frontière de Namibie et rejoindre l'Afrique du Sud. Et pourtant, j'ai attendu pendant 3h. Et des voitures, il y en a eu. Mais aucun qui s'arrêtait et toujours le même type de conducteurs. Apres ces 3h d'attente, un camion poubelle s'est arrêté et m'a donné un lift jusqu'a la frontière...a son rythme, 40km/h max! Il y avait d'autres passagers dans son camion dont notamment un mec du Zimbabwe qui allait a Cape Town...avec une simple valise et 2 sacs...trouver du travail sans connaitre personne sur place!
Je me suis retrouvé a la frontière vers 15h et ai eu le droit a une fouille en bonne et due forme de la tete aux pieds ainsi que de tous mes bagages. J'ai sympathisé avec les policiers qui m'ont ensuite aidé a trouver un lift pour Cape Town. C'est simple: toutes les voitures étaient obligées de passer par eux et ils demandaient a tous si ils allaient a Cap Town et si oui, s'ils pouvaient me prendre. J'ai attendu 6h, dans le froid et la nuit qui tomba vers 18h. Il n'y avait de toute façon pas d'hotel aux environs et la ville la plus proche était Springbok a 150km de la frontière mais personne n'y allait non plus. Au bout de 6h, je suis parti a l'arrière du poste frontière me faire des pâtes avec mon réchaud et comme par hasard, c'est a ce moment là qu'un des policiers est venu me voir en courant me disant qu'il avait trouvé quelqu'un. Je me pointa et il s'agissait du plus gros camion qui était passé par là depuis 6h: il transportait 35tonnes de charbon d'Angola jusqu'a Cape Town. Il y avait un chauffeur métissé et son pote qui avait l'air plutôt cools. Ils m'ont dit qu'ils devaient remettre leur livraison avant 7h du mat au Cape et qu'ils conduiraient toute la nuit: parfait pour moi! Je ratais la soirée du vendredi au Cap mais ça faisait déjà un bout de temps que j'avais fait une crois dessus mais je pourrais au moins profiter du samedi. Ils me dirent qu'en revanche, il fallait que je paie. Je leurs repondis que j'etais en budget serré et ils m'ont répondu qu'on allait voir plus tard.
C'etait parti pour une des plus grosses galères que j'ai eu le droit de vivre. Les mecs étaient plutôt cools mais ça sentait quand même bien les galériens. Leur camion avançait a max 50km/h et en cote, j'aurais pu aller plus vite a pied. On se faisait doubler par tout le monde, même par les gros poids lourds. On s'arrêta a Springbok et le chauffeur était déjà bien imbibé en coca mais il avait besoin de plus. Il prit une canette de boisson énergisante Monster qui faisait 1L!
Vers 2h du matin, on du s'arrêter: 2 pneus avaient éclaté! Ils n'avaient pas la pièce pour dévisser les boulons et a cette heure là, il n'y avait personne qui passait sur cette route au beau milieu de nulle part. La seule solution qui nous restait était de dormir là et d'attendre le jour qu'un des potes routiers du chauffeur ne s'arrête pour nous filer la pièce manquante. Grace a mon matelas gonflable, je pus me faire un lit par dessus les sièges passager et conducteur, les 2 autres ayant leur banquette chacun prévu pour dormir.
On se réveilla vers 8:30 du mat et on attendit là. Un chauffeur s'arrêta au bout de 30' et nous donna la pièce. Restait plus qu'a bosser! Changer la roue d'une voiture peut paraitre simple car il n'y a que 5 boulons a dévisser et revisser mais là, sur ces roues énormes, il y en avait 12 et tous plus rouillés les uns que les autres. Pour ajouter un peu de piment a la difficulté de la tache, le camion était tellement chargé que même mis au tacquet, la machine pour soulever les roues n'allait pas assez haut. Si bien qu'il a fallu creuser sous le pneu pour pouvoir avoir l'espace d'enlever la roue et de mettre la nouvelle.
En plus, on dut intervertir 2 roues afin de mettre 2 roues usagés ensemble. Enfin, il fallu monter le reste des roues endommagées sur le toit, par dessus la cargaison de charbon sachant qu'elle pesait chacune près de 100kg: une vraie épreuve de force. Le tout nous prit près de 3h. On reprit la route vers midi et il nous restait 300km a faire, soit la moitié du trajet.
Le reste du parcours ne passa pas de problème. On traversa de jolis endroits avec d'énormes vergers d'orangers et des champs de vignes a perte de vue. On arriva aux alentours de Cape Town vers 17h et les mecs me déposèrent a 20km du centre ville dans une station essence me disant que je n'aurais pas de mal a me trouver un lift pour la ville. Ils me demandèrent de leurs payer quelque chose, qu'ils étaient complètement fauchés et que parce qu'ils avaient raté l'heure de livraison, ils devaient attendre jusqu'a lundi sans avoir un sous pour manger. Je leurs repondis que vu ce qui s'était passé, je pensais ne pas les payer mais que vu qu'ils étaient a sec, je leurs donnais ce que j'avais prévu initialement soit 50rands (3,3€). Ils firent un peu la gueule mais prirent l'argent et me souhaitèrent bonne chance pour la suite.
A la station essence, je demanda a près de 50 personnes en1h30. Pas une ne voulut m'emmener a Cape Town. Ils avaient l'air d'avoir peur et étaient très méfiants. On m'expliqua qu'il y avait eu beaucoup d'histoires a cause de la pauvreté dans les townships et que certains s'amusaient a faire de l'auto stop puis a tuer leurs bienfaiteurs pour les dépouiller.
Je ne me sentais déjà pas bien depuis le début de la journée a cause du coup de froid de la veille matin et je devais attendre dans le froid et le noir pour me prendre des refus plus ou moins polis. Il n'y avait aucun autre moyen de décoller d'ici: pas de taxi ni de bus!
Linsen, le mec qui m'avait pris en auto stop pour m'amener a Hobas, m'avait proposé de dormir chez lui a Cape Town et on s'était contacté depuis pour se mettre d'accord sur mon heure d'arrivée. Il me restait un tout petit peu de crédit de mon téléphone namibien et je pus lui envoyer un message lui demandant s'il pouvait venir me chercher a cette station essence. Il me répondit ok et je ne pus même pas lui envoyer un merci car je n'avais plus de crédit: quelle chance!
Il arriva 1/2h plus tard et me sauva une seconde fois la mise en moins d'une semaine! On arriva a 20h chez lui dans le quartier de Greenpoint situé en plein centre.
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