J'avais donné rdv de longue date a une bonne connaissance a Katmandu le 22 mars: Alex, mon pote de Moscou, avec qui on avait fait le Montenegro ainsi que la Turquie, Georgie, Arménie ensemble. On avait prévu de faire les Annapurna ensemble, vu que je lui avais donné gout a la haute montagne.
On passa une journée entière a parfaire nos équipements de montagne a Katmandu et j'en profitai pour rencontrer les mecs de l'agence "Himalaya Expeditions" avec qui j'avais booké un tour pour le 11-04. Le lendemain, on prenait le bus local pour rejoindre la ville de Pokhara, située a 200km de Katmandu, soit plus de 5h de bus, sur les routes de montagnes népalaises surpeuplées par les camions de marchandises traversant le pays pour aller de Chine en Inde et vis et versa. De Pokhara, un nouveau bus de 5h pour rejoindre Besisahar où le départ du trek des annapurna circuit commençait. Besisahar allait malheureusement être tristement célèbre quelques semaines plus tard pour être l'épicentre d'un énorme tremblement de terre qui ravagea la région et ne laissera aucune des maisons de Besisahar debout!
On a trouvé un groupe de 5 russes, qui avaient pris le même bus que nous et qui cherchaient a avancer un peu en voiture sur le circuit, la 1ere partie n'étant plus des plus intéressantes depuis qu'une route carrossables rejoignait Besisahar a Chamé. On dégota une jeep mais celle-ci n'était pas prévue pour autant de monde. Alex et moi, on se mit a l'arrière, avec les sacs a dos et bagages. Ca secouait fort sur cette piste bien pourrie et après avoir roulé une paire d'heures, on eut nos premiers ennuis mécaniques, la batterie puis un peu plus loin la transmission. Il faut dire qu'on avait négocié la jeep a des petits jeunes du coin et qu'on était passé outre le bureau des chauffeurs qui nous avait d'ailleurs bloqué un moment la route, se plaignant qu'on passe outre leur monopole! Pas la première fois que j'avais a faire avec cette mafia de conducteurs...
La nuit s'annonçait et on avait fait a peine la moitié du chemin. On décida de continuer a pied et de laisser tomber le chauffeur et sa jeep mais après 1/4h de marche, la jeep réapparue et semblait rouler. On remonta dedans pour retomber en panne quelques kms plus loin! On s'arrêta au village le plus proche pour y passer la nuit.
Le lendemain, le chauffeur et son acolyte étaient fin prêts a nous emmener jusqu'a Chame. Ils avaient apparemment bossé pendant la nuit pour réparer la jeep. 5km plus loin, de nouveau en panne! On réussit a aller jusqu'au prochain village qui était doté d'un mécanicien qui changea une pièce près des amortisseurs et répara la voiture en une heure de temps. On repartait de nouveau et cette fois jusqu'au bout. En chemin, on changea de position pour se placer debout sur le parechoc arrière de la jeep et ainsi bénéficier d'une vue a 180°c bien plus interessante que l'arrière de la bache de la jeep. Cela transforma totalement le trajet et on prit beaucoup de plaisir a voyager de la sorte. A tel point qu'on aurait bien poussé jusqu'a Manang avec la jeep mais la route était fermée après Chame car trop de neige.
On débarqua a Chamé en milieu d'après midi et on préféra avancer un peu plus a pied jusqu'au village de Pisang qu'on atteignit a la tombée de la nuit après avoir traversé de splendides paysages, de la peaceful forest a des vallées encaissées surmontées par des pics enneigés. On n'a pas eu un super feeling de Pisang et on a poussé jusqu'a Upper Pisang, 45' de marche en plus, en finissant a la frontale, pour finalement se retrouver dans une guest house (appelée ici tea house) qui n'avait ni eau ni electricité.
Le lendemain, on repartait de plus belle et en route, on retrouva des porteurs que l'on avait rencontrés dans la tea house. On échangea nos bagages jusqu'a Manang. Il ne restait que 30' de marche et j'étais assez content d'échanger mon backpack de 23kg qui commençait a me scier les épaules. En échange, je me suis retrouvé avec 35kg et 3 backpacks sur le dos mais soutenus en majeur partie par ma tête et plus precisemment mes cervicales. Dur métier quand même!
Manang était censée être la plus grosse bourgade des Annapurnas mais on n'est pas vraiment tombé sous le charme et après un bon steak de yak, on a continué notre route en direction du Thorong La pass. J'avais prévu de dormir a Gunsang qui avait soi-disant 2 auberges (confirmées par l'office de tourisme de Manang) mais en chemin, plusieurs locaux nous ont alertés qu'il n'y avait personne a Gunsang pour nous recevoir. J'ai cru a un traquenard pour nous obliger a dormir dans une de leurs guesthouses et on a fait comme de rien était. On est arrivé a Gunsang en fin d'après midi et effectivement pas un chat! Le village le plus proche, dans un sens pu dans l'autre, était a 2h de marche et on était déjà bien cassé. Il faut dire que l'altitude n'aidait pas puisqu'on était a 3900m. J'avais repéré en arrivant, sur une des 3 maisons qui formaient le hameau de Gunsang une porte au 1er étage ouverte. Je suis passé par les toits et ai exploré tout le premier étage mais cela ne communiquait pas avec le bas. Il n'y avait a chaque fois qu'une pièce unique par porte...deja suffisant pour nous protéger du vent et dormir dans nos sleeping bag. En creusant un peu plus, l'une des 3 maisons qui était visiblement a l'abandon, avait une de ses portes non verrouillée et donnait sur une chambre toute mimie avec 2 petits lits: parfait!
On s'est fait un feu et notre petite tambouille devant un spectacle grandiose, Gunsang donnait sur plusieurs monts enneigés de toute beauté, dans un cadre magnifique et idyllique mais surtout au calme, seuls au monde. Le soleil se coucha et on eut le droit a un superbe ciel etoilé. Vraiment un de nos plus beaux endroits aux annapurnas.
Le lendemain, j'essayai de gravir une petite montagne enneigée pour rejoindre un temple surmonté d'un anneau en roche qui m'avait intrigué la veille mais la pente était trop dangereuse. Par contre, j'eus la chance en chemin de croiser quelques "blue sheeps", sorte de chamois locaux.
On reprit la route pour Thorong La et on croisa en chemin Damien, un français normand originaire de Caen qui avait pris 6 mois pour se balader dans la région. Notre petit trio avançait tant bien que mal dans la neige qui devenait de plus en plus profonde. On atteignit Thorong Phedi, située a 4450m d'altitude en fin de journée et Damien préféra s'arrêter là bien que cela impliquait qu'il démarre a 4h du mat le lendemain pour passer le col. Il avait démarré de Manang et avait peur du mal aigu des montagnes en changeant trop vite d'altitude. de notre cote, je convainquis assez aisément Alex et on poussa jusqu'au High Camp, basé a 4900m que l'on atteignit juste a la tombée de la nuit, complètement épuisés! Mon idée de dormir au plus haut point possible était double. Tout d'abord, cela nous permettait de commencer la journée d'ascension au Thorong La a 5:30 du mat "seulement", car après cette heure, les vents sur le col sont si forts qu'il devient difficile voir dangereux de le franchir. Mais la 2eme raison était que cela allait me permettre de mieux acclimater mon corps a la très haute altitude et cela serait un atout non négligeable pour mon expédition du 11/04 a l'Everest.
De toute façon, la nuit fut brève et pas super reposante (ça n'est que rarement le cas a ces altitudes!). On retrouva notre cher Damien au breakfast qui avait démarré de nuit a la frontale et on partit tous les 3 a l'assaut de ces pentes. Le Thorong La pass est un des cols les plus élevés du monde situés a 5416m. Il avait beaucoup neigé ces dernières semaines et la progression ne fut pas toujours facile. Ce pass est malheureusement connu pour avoir abrité un drame l'année passée en octobre. Un typhon en provenance d'Inde s'était transformé en tempête inattendue qui s'était abattue sur la région des annapurnas. Certains touristes qui se trouvaient alors au High Camp avec des guides de montagne a priori pas très professionnels sont quand même montés au Thorong La Pass. On en a retrouvé aucun vivant, tous mort lors de la descente.
Cette fameuse descente: près de 4h dans de la neige parfois dure comme de la glace et extrêmement coupante (les bras d'Alex, qui s'est amusé a faire une descente en lige sur son backpack en t-shirt, pourront en témoigner!), parfois profonde de plus d'un mètre et donc impossible de glisser dessus sans s'enfoncer jusqu'aux hanches. Les paysages étaient tout de même merveilleux et on en a bien profité jusqu'a la vallée de Muktinah où la neige a commencé a faire son apparition. Alex est parti direct en jeep avec un groupe d'Israéliens qu'on avait rencontré un peu plus tôt. Damien et moi, on a essayé de rejoindre la ville de Jomsom a pied mais après a peine 20' de marche, on a fait demi-tour: on y voyait rien dans cette mélasse de neige et après le 4eme embranchement, on s'est dit que c'était jouer avec nos vies que de vouloir aller plus loin et se perdre a tous les coups en pleine nature pour le coup hostile. On a pris la jeep suivante et rejoint Alex a Jomsom. Un autre bus plus tard, on traversait des vergers de pommiers dans la région de Marpha sous une forte pluie cette fois-ci, le thermomètre étant passé au dessus de zéro dans la vallée. Il a fallu changer une nième fois de bus a la ville dont le nom prête a sourire, Tukuche. Ce dernier bus nous a fait prendre un chemin de montagne de toute beauté, mais super escarpé et le chauffeur ne roulait pas vraiment en conséquence! On est arrivé a Tatopani de nuit mais tout juste pour pouvoir profiter des bains d'eaux chaudes naturelles. Quelle délivrance après un tel périple.
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