Day 0 Intro: arrivée & check in a Denali et nuit au camping Riley Creek
J'ai donc pris le train le lendemain et était censé m'arrêter a Talkeetna pour un vol dans un petit coucou autour du Mc Kinley afin de compenser le fait que je ne puisse tenter son ascension. Malheureusement la nana de l'agence m'a appelé en début de matinée pour me prévenir que le mauvais temps n'allait pas permettre le vol ce jour là et je suis donc resté dans le train jusqu'au parc de Denali que j'ai rejoint a 16h. J'ai mis près de 2h et demi pour comprendre comment le parc fonctionnait et pour me faire un itinéraire sur les 7 prochains jours. Le parc fonctionne a 3 vitesses: les touristes de masse qui se déplacent dans des gros bus et qui ne passent qu'une journée dans le parc, en ressortent et dorment dans des hôtels ou camping a l'extérieur (il vaut savoir qu'ici, un peu comme en Norvège, c'est le paradis du camping car et il faut voir les monstres que c'est...a l'américaine!). La 2eme manière est le camping a l'intérieur du parc dans des campgrounds prévus a cet effet. Les places sont limitées et mieux vaut réserver a l'avance. Quand je suis arrivé, les campings les plus intéressants étaient pleins depuis près de 6mois! La dernière manière de fonctionner est le backcountry camping: ils ont découpé le parc en unité qui peut contenir chacune un nombre restreint de backpackers par nuit (entre 4 et 12 max selon la taille de l'unité). Vous devez définir votre itinéraire a l'avance et réserver vos nuits dans chaque unité où vous voulez vous arrêter pour la nuit...pas simple quand on sait que le parc contient 90 unités et que chacune fait environ 20km sur 20km! Le truc qui est bien est qu'on ne dort pas dans les campings du parc (qui sont au nombre de 5 et qui sont de toutes façons tous complets!) mais dans la nature, où l'on veut a condition de poser sa tente a plus de 800m de la route qui longe tout le parc. Sur cette route, des bus spécial backpackers circulent toute la journée et on peut les prendre a volonté pour aller d'une unité a une autre: plutôt pratique quand on a compris comment ça fonctionne!
Vu qu'il était tard, j'ai pris un camping juste a l'entrée du parc et après avoir monté ma tente, je m'apprêtais a partir en mission faire mes courses au seul village le plus près du parc situé a 3km d'ici quand je suis tombé sur un autre campeur qui m'a proposé de boire un verre puis après discussion qui s'est proposé de m'amener au village avec sa voiture. Il s'appelle Arte et est d'origine hollandaise bien qu'il soit né et habite l'Alaska, a Fairbank precisemment. Il sentait tout de même bien l'alcool et j'ai vite vu a sa conduite qu'il était déjà bien atteint mais pas très grave, ça m'a bien depanné! J'en ai eu pour 100$ de courses pour acheter de la nourriture de merde pour les 7 prochains jours: un vrai racket. La petite boite de sardine était vendue a 3,5$et le paquet de céréales a 7$, avant les taxes bien sur! De retour au camping, on avait prevu de diner ensemble avec nos rechauds respectifs mais Arte s'est fait expluser du camping car il n'avait pas payé l'emplacement et n'avait pas l'intention de le faire! On s'est tout de même échangé nos nº de telephone et il s'est proposé de m'héberger a Fairbank, ma prochaine étape, mais pas sur que je l'appelle!
La nuit fut rude avec beaucoup de vent et une pluie constante. J'ai essayé de pacter le lendemain et bien sur ça ne rentrait pas tout dans un seul sac. Il faut savoir qu'en plus, lors du check in dans le parc, il m'ont fait tout un briefing sur comment gérer les animaux sauvages comme les loups et les origans mais surtout les ours qui pullulent ici et plus précisément les grizzlis et les ours bruns. Ils m'ont donné un gros container noir incassable et je suis censé mettre toute ma bouffe, mon dentifrice, mes savons et mes déchets a l'intérieur afin de ne pas attirer les ours. De plus quand je mange, je dois me mettre a 100m de ma tente et quand j'ai fini, je dois placer ce container a 100m également afin de former un triangle, toujours pour se protéger des ours qui sont attirés par les odeurs.
Je vous avoue que j'etais très excité a l'idée de faire une telle balade dans ce parc mythique. C'est là qu'a été tourné le film "Into the wild" (histoire vraie d'ailleurs) qui raconte l'histoire d'un jeune américain pour qui tout réussissait dans la vie mais qui décida de tout plaquer pour aller vivre dans le "wild" en Alaska. Je ne vous raconte pas la fin pour ceux qui ne l'ont pas vu et je vous engage a aller le voir si vous en avez l'occasion: un grand classique même si a la fin, ça ne se termine pas forcement bien pour lui...c'est vraiment un film qui m'a inspiré lors de mes voyages et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais mis l'Alaska au programme de mon tour du monde.
Day 1: Triple lake (unit 1) & Savage Alpine trails (unit 25)
J'ai commencé ma première journée par un trail a l'entrée du parc: pas très wild mais ils en disaient de bonnes choses dans les différentes revues que j'avais parcourues. Il s'agit du "triple lakes trail" annoncé en 5h pour 15km de trajet aller. Je les ai fait en 3h30 a l'aller sous une pluie intermittente et un vent fort mais lui constant. Sur la route, je me suis régalé des baies qui parcouraient le chemin...mais n'ai pas gouté aux champignons ;-).
La balade était plutôt sympathique avec de très beaux paysages et de belles couleurs, a moitié automnale a moitié estivale. Ca montait et ça descendait si bien que le retour s'annonçait sur la même durée! J'ai préféré rejoindre la route et faire de l'auto stop et après a peine 5', j'ai été pris par un local qui m'a non seulement déposé mais m'a en plus donné le nom de sa soeur qui est la gérante d'un des 4 hôtels de luxe qui se trouvent au fin fond du parc afin que je passe la voir: cool!
J'ai du modifier mes unités de passage dans le parc avant de rendre visite a cette personne et suis parti a l'assaut de l'unité 25 avec 5h d'avance donc, vers 14h30. J'en ai profité pour faire le programme du lendemain dans l'apres midi et suis parti démarrer mon 2eme trail de la journée: le "Savage Alpine trail" annoncé sur 3h pour 7km que j'avais prévu de faire dans sa partie haute puis de sortir du chemin pour me balader dans le wild (j'adore cette expression!) et y poser ma tente pour la nuit. Il y avait un vent de malade. La seule fois que j'ai eu le même genre de conditions, c'était avec Elsa au parc Torres del Paine au Chili où l'eau des lacs était soulevée par les rafales de vent. Ici pas d'eau, mais vu que j'avais mon gros sac qui en plus débordait de toute part (j'avais acheté 2 sangles puis encore 2 autres afin de pouvoir tout attacher sur le pauvre 50l) alors que j'avais pourtant déposé une partie de mes affaires inutiles dans un locker a l'entrée du parc. J'ai fait 2 bonnes heures d'ascension et ai jouit d'une formidable vue sur toute la vallée du parc aux tons marrons de l'automne et en fond un premier jet de montagnes couvertes de forets et en arrière plan, d'autres mais enneigées cette fois. Malheureusement il y avait tout de même des nuages et impossible de voir le mont Mc Kinley. J'ai pourtant entrepris l'ascension du sommet de la montagne où j'etais, non sans laissé mon sac a l'abris afin de pouvoir monter plus aisément mais rien a faire.
J'ai voulu dormir sur les hauteurs afin de bénéficier d'un eventuel éclairci au lever du soleil mais il n'y avait pas d'eau ici et j'ai du redescendre en contrebas où je me suis trouvé un super spot situé juste au dessus d'une rivière et a moitié protéger par le flan de la montagne et quelques arbustes entourant l'endroit qui faisait pile poil la taille de ma tente. Le temps de me faire chauffer des macaronis au fromage "organic" (c'est comme ça qu'ils appellent le BIO ici) avec un petit thé, a 100m de ma tente, de vous écrire ces quelques lignes et un bon dodo réparateur pour démarrer une autre extraordinaire journée.
lien vers la vidéo Day 0 to Day 1 Intro & Triple lakes and Savage Alpine trails
lien vers la vidéo Day 0 to Day 1 Intro & Triple lakes and Savage Alpine trails
Day 2: from Savage River to Eielson & the Thorofare Ridge trail (Unit 33)
La nuit a été assez cauchemardesque. Il y a eu des bourrasques de vent terribles jusqu'a 5h du mat et a plusieurs reprises, j'ai cru que la tente allait s'envoler tellement elle était ballotée malgré les grosses pierres que j'avais mises sur chaque piquet! Il y avait en plus des courants d'air froids qui arrivaient a passer a travers mon tapis de sol. J'ai alors enfilé mon "sous-duvet" en soie, censé me chauffer 5°c de plus mais rien a faire, toujours ces courants d'air venant du sol. Je crois que ça venait non seulement du fort vent mais également du terrain que j'avais choisi qui était très humide.
J'ai tout de même trouvé un peu de sommeil quand il y a eu l'accalmie mais me suis réveillé assez tard. Le temps de me faire mes oeufs brouillés "minute" et j'ai pu lever le camp a 9h30 tout de même. J'ai mis une bonne heure et demi pour rejoindre la route en longeant une rivière.
J'ai loupé le bus d'1/4h et ai du attendre une bonne heure le prochain où il ne restait que 2 places de libre: ouf! La population dans le bus n'était pas du tout des backpackers ni même des campeurs "normaux" mais des touristes américains ou japonais venus visiter le parc Denali en une journée et sans sortir du bus! On a vu 2 caribous aux cornes gigantesques mais trop rapide pour que je puisse les prendre en photo. On a par contre croisé 2 énormes grizzlis dont le 2eme a environ 400m de la route et qui est carrément venu la traverser là où on était garé et passer son chemin comme si de rien était.
Le trajet a duré presque 4h et j'ai été content d'arriver parce que l'air devenait irrespirable dans ce bus a cause de l'ambiance que je voulais justement fuir en venant ici. Le temps de remplir mes bouteilles d'eau potable au Eielson visitor center et de prendre les derniers conseils auprès des rangers et j'ai commencé par un 1er trail, le dernier que j'avais prevu en fait, qui montait le long de la montagne Thorofare. Je l'ai fini en 3/4h et je suis parti faire un tour de l'autre cote de la vallée. Sur l'autre flan de la montagne, je suis a un moment tombé presque nez a nez avec une famille de "dall sheep". Je ne connais pas la traduction en français de cet espèce d'animal tout blanc que je n'avais jamais vu de ma vie d'ailleurs. Il a alterné pluie et soleil et j'ai mis près de 5h a rejoindre le spot que je m'étais fixé pour poser mon campement. Aucune autre rencontre d'animaux même si j'ai croisé beaucoup d'empreintes d'ours et de caribous. La marche n'était pas très pentue et j'ai plutôt marché sur du semi plat mais le terrain était très changeant: a des hautes herbes voir carrément des arbustes super denses appelées ici des "bush" puis passé sans prévenir a des marécages genre sable mouvant ou bien encore des sortes d'éponges qui s'enfoncent comme si l'on marchait dans de la poudreuse. En revanche, le paysage, encore une fois fantastique, avec notamment un joli petit lac que j'ai découvert par hasard perdu au milieu de couleurs d'automne avec en fond les montagnes: magnifique! J'ai même eu le droit a un joli arc en ciel qui m'a indiqué où poser ma tente...en plein dans un chemin de passage de Caribous au bord d'une rivière...espérons qu'ils ne me réveillent pas en piétinant ma tente pendant la nuit car les traces laissaient indiquer qu'ils se déplaçaient en troupeau...je commence a être un vrai petit pisteur a force de trainer dans la nature ;-) je me suis fait du riz basmati avec une boite de thon avant d'aller faire dodo.
C'est marrant parce que je me suis souvent plaint pendant ce tour du monde que j'en avais marre de ne manger qu'au restaurant et que "ma" cuisine me manquait mais là, depuis près de 3 jours que je me farcie tous les repas a faire au réchaud pour un gout assez médiocre, ça me fait manquer un bon resto où je n'ai plus qu'a mettre les pieds sous la table...
Day 3: Kantishna et le bout du parc, la montagne Brooker (unit 43)
Pas une très bonne nuit de nouveau, il a plu et je n'ai pas compris pourquoi mais les parois intérieures de ma tente étaient mouillées ce qui fait que des que mon duvet était en contact avec la tente, il devenait mouillé et j'ai de nouveau eu froid. J'ai fini ma nuit vers 6h30 et j'aurais bien fait une grasse matinée mais le bus que je voulais prendre pour ma prochaine destination ne partait que toutes les 2 heures et je ne voulais pas y arriver trop tard. Le temps de plier le camp est toujours assez long et j'ai réussi a décoller a 8h soit avec 1/2h d'avance sur mon planning. J'ai continué a longer la rivière et me suis engagé dans un canyon de plus en plus étroit. Parfois, la rivière collait a l'une des parois du canyon qui tombait a pic et il fallait traverser de l'autre cote de la rivière mais pas évident de trouver le bon endroit où je ne risquais pas d'avoir de l'eau jusque dans mes chaussures. Ces dernières sont goretex et donc imperméables mais si l'eau passe au dessus, là, on ne peut rien y faire! J'ai mis 2 fois le pied dans de l'eau profonde et ma seconde et derniere paire de chaussettes etait egalement mouillée de la veille. Apres 1h30, je suis sorti du canyon et ai rejoint un pont où la route du parc passait. J'ai attendu 45' qu'un bus vert passe et le vent me gelait les os. Quand celui-ci est finalement arrivé, il y avait marqué devant: "sorry bus is full"! J'ai du attendre 1/4h de plus que le prochain arrive et celui-ci m'a redeposé au visitor center de Eielson. J'avais une heure a tuer avant mon prochain bus qui devait m'emmener plus au fond dans le parc, a vrai dire a la fin de la route! J'ai pu recharger mon portable et ai même eu le temps de regarder un petit film sur l'ascension du Mc Kinley...finalement je ne suis pas sur de vouloir la tenter un jour. Le documentaire expliquait qu'il y avait un microclimat très spécial autour du Mc Kinley et qu'il n'était pas rare qu'il fasse du -40°c en plein été. On voyait des mecs en train de construire des murs en brique de glace autour de leur tente. L'ascension normale prend entre 2 et 3 semaines avec une approche qui se fait pourtant en avion jusqu'a un glacier situé a 2500m mais il n'est pas rare d'attendre plusieurs jours dans un des camps de base que le temps se calme. Ca ne donnait pas trop envie surtout quand ils ont annoncé qu'il y avait près de 1200 personnes par an qui tentaient l'ascension sur a peine 3 mois, ce qui faisait un peu un hall de gare dans certains camps de base. D'ailleurs, pour ne pas "polluer" le site, ils vous donne une boite au départ de l'expédition que vous êtes censés garder tout le temps sur vous et dans laquelle vous faites vos besoins et que vous leurs ramenez a la fin...je veux bien préserver la nature mais quand même, faut pas trop pousser! La moyenne historique de % de réussite d'atteinte du sommet est de 50% et cette année, ils ont battu le record avec 68% de réussite.
J'ai emprunté ce second bus qui était pour le coup le spécial campeurs et on a eu la chance de croiser plusieurs caribous a 2 reprises mais ce qui valait vraiment le coup, c'était la vue sur la vallée et les montagnes avec toujours autant de couleurs et de contraste. On a rejoint le Wonder Lake (lac des merveilles!), la star de Denali car c'est le spot où l'on est censé voir le mieux le Mc Kinley. Il faut savoir que le Mc Kinley n'est visible en moyenne qu'un jour sur 3. Quasi tout le monde est descendu là car ils avaient tous reservé leur place de camping ici. Il parait qu'il faut reserver 6 mois a l'avance pour avoir une place. Franchement je ne vois pas l'intérêt quand en plus l'emplacement coute 16$/nuit alors que l'on peut camper en back country pour gratos et sans avoir d'autres campeurs sur le dos ni des cars de touristes qui débarquent en journée pour prendre des photos et repartir aussi sec. Bref, le bus m'a déposé a l'arrêt final de la route et plus précisément au Kenshina Road House, le lodge hôtel dont Jayson, le mec qui m'avait pris en auto stop quelques jours plutôt, m'avait conseillé d'aller y voir sa soeur, gérante de l'établissement. Je m'attendais a un petit traitement de faveur avec peut etre pas une nuit gratis mais au moins un repas chaud car ils faisaient aussi restaurant mais que pour les résidents. Je suis tombé a la réception sur un immigré mexicain qui m'a dit que Marie était partie pour la journée a Fairbank et ne revenait que demain: damn! Je lui ai tout de même expliqué que j'etais venu pour lui demander les meilleures balades a faire dans le coin et le réceptionniste m'a dit d'attendre un de leurs guides qui pourrait me faire un topo puis au bout d'a peine 2', il m'a dit qu'il était capable de le faire, s'est mis au comptoir des guides et m'a dit que la meilleure balade était de monter la montagne juste derrière l'hôtel en a peine 2h après avoir traversé une rivière et suivre un trail déjà tracé et qu'en haut, j'aurais non seulement une vue splendide mais qu'en plus, je pourrais voir le chemin que je voudrais emprunter par la suite vu que la montagne dominait toute la région.
Je l'ai écouté et j'ai effectivement vu la rivière: 30m de large avec quelques passages profonds et rapides. J'ai failli laisser tomber puis me suis finalement décidé a traverser en mettant mes baskets. Ca m'a rappelé la traversée d'une rivière avec Elsa en Argentine en Patagonie a El Chalten ou l'on avait du traverser une rivière gelée...les mêmes sensations au niveau des pieds, comme si vous mangez une glace trop vite sauf qu'au lieu que ça chauffe la tête, là c'est les pieds! J'ai ensuite suivi le chemin qui se séparait en 2 puis de nouveau en 2. Il y avait 3 montagnes en face de moi. Une assez grande a ma gauche qui avait forcement vu sur le wonder lake, comme le réceptionniste me l'avait annoncé, une autre de même taille au milieu qui était reliée a la 3eme, beaucoup plus élevée et qui avait l'air de dominer toute la région. Petit dilemme...j'ai décidé de prendre les chemins qui avaient l'air d'aller en direction de la 3eme mais au bout de 5' de marche, le chemin s'arrêtait au bord d'une rivière. J'avais gardé mes baskets et me suis dit que j'allais remonter la rivière pour récupérer l'autre chemin qui devait monter a la 1ere montagne. Au bout de 500m, les parois sur les cotes de la rivière ne pouvaient plus être longées et j'ai du mettre les pieds dans l'eau mais je n'ai pu tenir que 5' comme ça et ai du me résoudre a prendre en pleine foret en direction de la montagne du milieu. Ca montait très vite très sec mais je me suis laisser prendre par les baies qui étaient là au milieu de la végétation. Elles étaient si faciles a ramasser lorsque j'etais en train de monter car pile poil a hauteur de main sans même devoir se baisser. J'ai continué comme ça pendant 10 bonnes minutes a me gaver de baies mais la montée devenait de plus en plus rude avec des bush de plus en plus denses a passer. J'ai finalement atteint le sommet de la montagne du milieu après une bonne heure et demi d'ascension. On commençait a voir les montagnes enneigées montrer le bout de leur pic. J'ai continué jusqu'a la plus haute montagne du coin, a priori la montagne Brooker d'après ma carte et au sommet, j'ai pu avoir une vue quasi a 360° avec les montagnes enneigées de la partie "wilderness" du parc et de l'autre coté, une vaste plaine qui s'étendait a perte de vue et qui constitue une autre partie du parc que les touristes ne visitent pas. En contrebas, entre les 2 montagnes, il y avait la Eldorado creek qui serpentait le long d'une rivière. Il faut savoir que Kentishna a ete témoin d'une des ruées vers l'or au début du siècle dernier et qu'il y a même eu une mine d'ouverte ici. C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai croisé des ruisseaux et des cours d'eau avec un fond jaune voir limite doré. J'ai cru a du souffre a un moment même si le terrain ne ressemblait pas a un volcan mais maintenant, je crois que ça provenait de ces montagnes d'or.
J'ai longé la crête du sommet pendant une bonne heure puis ai pris la décision de redescendre dans la creek pour poser ma tente près de la rivière. Ce fut une descente épique avec une densité de bush de folie. J'arrivais parfois a passer sans trop de mal en empruntant le chemin tracé par les animaux du coin, probablement des caribous mais a certains endroits, il n'y avait plus du tout de chemin et j'ai du ouvrir la voie moi-meme, ce qui n'était pas évident, d'autant plus que j'avais mon sa a dos sur les épaules. Je suis arrivé a 19h au creux du canyon et j'étais assez inquiet car j'avais peur de ne pas trouver d'emplacement sec où poser ma tente. En arrivant sur la rivière, je suis tombé nez a nez avec une large voie construite par l'homme qui traversait la rivière. En consultant ma carte, j'ai appris que c'était le "tractor trail" qui menait directement a une mine de l'époque. Quelle chance! Le chemin n'était plus utilisé du tout et j'en ai profité pour monter ma tente dessus. A peine fini de monter ma tente que la pluie s'est invitée a nouveau et ne m'a plus lâché jusqu'au milieu de la nuit. Je me suis fait des lasagnes minute et au lit avant de me transformer en chasseur d'or demain.
Day 4: l'Eldorado creek, la mine d'Antimony & la marche sans fin dans l'unité 15
Aujourd'hui, je devais avoir une journée assez cool et je suis resté au lit une heure de plus qu'a l'accoutumé, vers 8h pour un décollage, pactage prêt, a 9h30. J'ai compris très vite pourquoi j'etais tombé sur le "tractor trail" la veille. Ce chemin, plus utilisé depuis des lustres, n'arrête pas de croiser et recroiser la rivière, si bien que j'ai du traverser la rivière une bonne cinquantaine de fois lors de ma quête de la mine d'Antimony. Sur le plan que j'avais de l'unité 43, il était indiqué que ce tractor trail mènait directement a cette mine. J'ai marché pendant 3h le long de cette maudite rivière et j'avais les pieds trempés. Je suis arrivé presque au bout de ce canyon et sur les derniers mètres, il y avait des filets qui avaient été posés avec des piquets sur une centaine de mètres des 2 cotes de la rivière. Je crois que c'est là que les chercheurs d'or filtraient l'eau au tamis pour trouver des pépites! La riviere remontait encore mais n'était plus qu'un ruisseau d'un mètre de large. J'ai essayé de le suivre voulant absolument voir la mine mais la végétation autour était trop dense pour passer. J'ai fait le tour par le cote et par le haut pour prendre de la hauteur et voir si j'arrivais a distinguer l'entrée d'une mine quelque part.
En remontant, les montagnes enneigées sont apparues. C'etait les mêmes que la veille a l'exception pret qu'il y en avait une qui s'était rajoutée grâce a une meilleure visibilité: une montagne qui dépassait toutes les autres de loin et qui pointait son pic vers le ciel comme pour le défier. J'etais persuadé que c'était le Mc Kinley et j'ai essayé de prendre un max de photos et de me poster sur la colline en face de moi afin de bénéficier d'une vue de plein pied. En tout et pour tout, la vue sur cette montagne n'a duré qu'une 1/2h avant que les nuages ne la cachent de nouveau. C'est seulement ensuite, apres une bonne heure que je me suis demandé si c'était bien le Mc Kinley car on pouvait voir une autre montagne dont le haut était dans le brouillard qui avait l'air aussi gigantesque rien que sur la partie qui n'était pas cachée par les nuages. Il faudra que je demande confirmation aux rangers du parc a l'occaz...
Apres avoir bien profité de la vue et scruté le coin pour voir le meilleur passage a prendre tout en évitant les bush, ma hantise depuis ma montée de la veille, je suis descendu dans la vallée où j'ai rejoint un petit lac puis un 2eme. La marche était dure car le terrain pas très adéquat. J'ai fait une pause près de ce second plan d'eau quant au bout de 10', j'ai aperçu un magnifique caribou qui se baladait le long de la crête de la colline en face de moi. Au moment où je l'ai vu, il m'a également vu et m'a observé pendant une bonne minute sans bouger dans ma direction pour voir ce que j'allais faire. Je n'ai pas bougé d'un pouce et il a repris sa marche mais il regardait tout de même toutes les 20 secondes dans ma direction pour voir ce que je faisais. C'est tout de même assez incroyable qu'il ait réussi a me voir alors que j'etais assis dans de hautes herbes et que rien ne dépassait! J'ai entrepris de me lever et de me rapprocher et après quelques pas, il s'en est aperçu, s'est cabré tel le Tornado de Zorro et a rebroussé chemin le long de la crête avant de disparaitre derrière la colline. J'ai profité du fait qu'il ne me voyait plus pour changer ma direction également et essayer de lui couper la route. J'ai réussi a le voir une deuxième fois mais assez rapidement. Il m'a vu également et s'est enfoncé dans le fond de la vallée en quelques secondes alors que moi, j'avançais comme une tortue dans ce bourbier de broussailles. J'ai laissé tomber et ai poursuivi ma marche dans la toundra. J'ai du changer d'unité et arriver dans l'unité 15 mais je n'avais qu'une partie de l'unité 15 sur mon plan et une photocopie de plan des 2 unités 43 et 15. J'ai marché pendant des heures dans cette toundra, qui etait vallonée par quelques petite collines, suffisamment hautes pour que je ne puisse pas vraiment voir le paysage ni où je me trouvais et j'avançais sur un terrain encore pire que tout a l'heure qui n'arrêtait pas de varier, entre du marécageux, de l'éponge et du bush et parfois un mélange de ces 3 en même temps. Je ne sais pas combien de temps j'ai marché la dedans mais mes pauses étaient de moins en moins espacées: c'est passé de toutes les 30', a toutes les 10', pour finir a quelques minutes. J'etais un peu a plat. Je commençais a manquer d'eau et aucune rivière a l'horizon et encore moins d'endroit ou poser sa tente, tout étant humide et spongieux. J'ai eu peur de me faire surprendre par la nuit et ai coupé en diagonale par rapport a l'endroit ou je me trouvais pour essayer de prendre de la hauteur et de trouver un cours d'eau ou au moins de distinguer ou j'etais vraiment. C'est fou a quel point je peux paniquer, surtout quand je suis seul. J'avais cette idée en tête que peut être je m'etais trompé de chemin, et ça tournait en obsession jusqu'a que j'en sois persuadé après a peine 10'.
Ca m'a pris plus de 2h pour avoir suffisamment de hauteur et me localiser. J'etais près du wonder lake mais pas du coté que j'avais initialement prévu. J'ai entrepris une descente sur une rivière que j'entendais et qui était présente sur mon plan maintenant que j'arrivais a me situer et j'ai pu remplir mes bouteilles d'eau. Par contre impossible a trouver de coin sec. J'ai du me résoudre a monter mon camp sur un terrain spongieux et même ça, ça n'a pas été facile d'en trouver un plat (et pourtant on ne peut pas dire que ma tente soit grande!). J'ai fini de monter mon camp a 21h30, soit 1/2h après le coucher de soleil et juste avant la tombée de la nuit. 11h de marche au total alors que j'avais prévu une petite journée...décidément, s'il n'y a pas un bus pour m'arrêter comme ce fut le cas les 3 jours précédents, je n'arrive pas a rester en place ou du moins a lever le pied. J'essayerai ces prochains jours...
Day 5: Wonder Lake & approche dans l'unité 9
Cette fois-ci, journée tranquille de prévu au programme. J'ai déjà passé une nuit sans pluie ni vent, une première ici et la mousse sur laquelle j'avais posée ma tente s'est révélée plutot douillette au final. Le seul problème, c'est que j'ai encore eu froid. J'avais pourtant mis collant pantalon, t-shirt, pull et polaire, rien a faire, toujours froid. Je crois que ce sont les parois de ma tente qui sont humides et qui rendent humides mon duvet des qu'il les touche. Pourtant j'ai progressé au niveau du montage depuis le premier jour en mettant des tendeurs sur les 4 cotés ce qui a amélioré un peu les choses mais il semblerait que ce soit la condensation...je pense qu'il fait pas loin des 0° la nuit tout de même.
Donc décollage sans douleur vers 10h30 et j'ai mis 1h30 pour rejoindre le lac des merveilles. La vue sur les montagnes enneigées étaient assez bouchées et j'avais prévu de rester une nuit supplémentaire dans l'unité 15 pour buller un peu mais j'ai changé d'avis en cours de route et décider d'accélérer le rythme pour finir plus tôt Denali et passer a autre chose. J'avais normalement cette nuit ici dans l'unité 15 et les 2 prochaines dans l'unité 9 au centre du parc pour me rapprocher des glaciers. Je n'avais pas le droit de changer de programme et si je voulais le faire, j'etais censé retourner au visitor center, soit a 6h de bus d'ici. Je me suis dit que pas un ranger n'allait me checker là ou j'allais aller et que ça devrait le faire comme ça. J'ai quand même bien pris le temps de profiter de la vue du lac en déjeunant devant ce beau panorama. Il faut dire que le prochain bus retour ne passait qu'a 14:30, soir près de 2h d'attente.
Pendant le trajet dans le bus, j'ai profité du radiateur du fond pour faire sécher mes 2 seuls paires de chaussettes et mes 2 paires de chaussures. Mes pieds commençaient a en avoir ras le bol de marcher tout en étant humide!
On a vu un troupeau d'au moins 7 caribous et un peu plus tard un origan. Y a vraiment pas photo entre le bus et la marche a pied pour ce qui est de spotter des animaux sauvages!
Arrivé devant l'unité 9, j'ai marché le long d'un large couloir où coulait la rivière Toklat qui était entourée de hautes montagnes, tout d'abord plutôt recouvertes de végétation, puis de pierre et enfin de neige, tout du moins au sommet de certaines.
Un des rangers m'avait indiqué de prendre a gauche a un certain moment mais impossible de retrouver avec certitude ce point sur ma carte. Il m'avait annoncé 4 a 5 heures de marche et pourtant j'avais croisé un groupe de 3 backpackers devant moi qui eux ont pris les montagnes après a peine 3/4h de marche. J'ai marché pendant près de 3h avant de me décider a prendre une gorge qui ressemblait a peu près a ce qu'il m'avait décrit. Il faut dire qu'il était près de 8h du soir et que la pluie s'annoncait menaçante. La gorge que j'ai trouvée était assez impressionnante avec de hautes falaises sur les cotés et plein d'eboulis de rochers au sol avec un torrent qui coulait en son milieu. J'ai trouvé un renfoncement dans une des parois de la falaise et j'ai fait tout de suite Bingo, that's my base camp for the night! J'allais etre protégé de la pluie et du vent et surtout des éboulis de pierres qui me faisaient un peu peur si j'avais du poser ma tente au pied d'une des falaises.
Day 6: unit 9 to 8, la montée au glacier Polychrome
Ce fut la nuit la plus chaude que j'ai passée a Denali, quasi une nuit entière sans me réveiller de froid ce qui fait qu'a 6:30, j'etais debout et bien frais pour démarrer la journée. Il pleuvait assez fort et la montée le long de cet etroit défilé s'annonçait assez hasardeuse. J'ai longé le torrent qui serpentait a travers les parois de montagnes dont je ne voyais pas le bout. A un moment, il y a eu une cascade de près de 4m, impossible a franchir. J'ai essayé de contourner par le cote gauche mais la roche était super friable et la pente trop raide. Je suis passé par le coté droit et ai réussi a passer en prenant mes précautions pour ne pas glisser. Ca montait toujours et le défilé avait l'air sans fin. J'ai en fait inventé le canyonning a l'envers: remonter des torrents plutôt que de les descendre! j'ai commencé a apercevoir des sommets de montagnes enneigées autour de moi et au bout de 1h30 d'ascension, j'ai eu un sacré coup de pompe. J'ai pris un energizer que j'avais acheté a l'entrée du parc et censé me redonner du peps pendant les 5 prochaines heures. Et effectivement, ça a bien marché: j'ai terminé l'ascension en trombe malgré la neige qui avait commencé a tomber et la pente qui était devenue bien plus raide. Arrivé au sommet du pass, j'ai découvert un joli glacier, probablement le glacier Polychrome. Il ne restait plus que la partie verglacée sur quelques centaines de mètres a monter pour arriver au sommet du glacier mais je n'étais pas équipé pour et le temps n'était pas au mieux non plus. J'ai entamé la descente et suis arrivé en bas de la vallée puis a la route où récupérer le bus après 3h30 de marche.
J'en termine là mon trip "into the wild" dans le parc Denali et je vais essayer de rejoindre Fairbanks par autostop dans la fin de l'apres midi afin d'y voir les aurores boréales...
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