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lundi 17 juin 2013

201306 Albanie du Nord: Shkodra & les vallées de Teth & Valbona


Je suis arrivé un peu avant 7h du mat a Shkodra un dimanche matin. Il y avait déjà quelques clients dans les nombreux cafés du centre ville mais impossible de trouver a manger. Le petit dej albanais se résume a une simple tasse de café turc. L'office du tourisme était censé ouvrir a 8h mais même a 9h passée, il était toujours fermé. J'ai rencontré un Albanais qui m'a proposé de m'emmener dans le village de Teth dans les montagnes albanaises du nord pour 10€. Je lui ai fait rajouter la visite du château Rijeka et c'était parti. En revanche, on est parti qu'a 11h30, le chauffeur voulant blinder sa voiture de provisions en tout genre. Sa jeep roulait a peine a 30/40km heure sur route asphaltée et je me suis demandé ce que je foutais dans cette galère mais des que la route est devenue plus caillouteuse, j'ai compris ma chance: la jeep roulait toujours a la même vitesse et pourtant je peux vous dire que j'ai rarement pris une route en si mauvais état de toute ma vie. On a traversé de somptueux cols de montagne et le paysage était splendide. On est arrivé a 15h30 dans la vallée de Teth et le driver m'a posé au niveau de l'église, au milieu de nulle part. Le village de Teth est vraiment éparpillé. On trouve des maisons de ci de la entre des champs mais il n'y a pas de route ici, que des chemins de montagne. Des petits jeunes du village sont venus m'aborder pour me proposer le gite de leurs parents mais j'ai eu la chance de reconnaitre un couple de touristes allemands qui passait par la. Je les avais croisé a Ulcinj lors de mon footing vers la grande plage. Ils m'ont conseillé d'aller dormir chez une vieille dame qui gardait une grande tour de garde de l'époque des vendettas. Je ne me suis pas fait prier et suis allé voir sa maison. Elle vivait avec sa fille et sa petite fille et aucune des 3 ne parlaient anglais. J'ai négocié un bon prix pour une pension complète sur 2 jours et j'ai fait la connaissance de Pauli, une des amis de la famille, et de ses 2 enfants. N'ayant plus d'électricité dans le village depuis 5 jours, Pauli m'a gentiment proposé de passer chez elle le soir car elle dispose de son propre générateur et en plus son mari Pavlo serait là et étant guide de hautes montagnes, il pourrait me renseigner sur les bons treks a faire.

Il etait 18h et j'ai profité des quelques heures de soleil qui restaient pour faire un tour des environs et suis tombé sur une magnifique cascade.
Apres un diner dantesque où ma table était juste au milieu des montagnes et pics qui entourent la vallée dans un décor fabuleux, je suis allé chez Pauli et Pavlo. J'ai dis a ce dernier que je voulais un truc un peu physique et pas trop facile et il m'a conseillé de faire un trek autour du Mont Arapit d'une dizaine d'heures.



Le lendemain, très tres grosse journée pleines d'émotions. Petit dej a 6h30 et décollage a 7am pour se garder une marge de manoeuvre. On ne sait jamais dans la montagne ce qui peut se passer et c'est quand même un trip de 10h. En sortant du village, j'ai aperçu un mec avec 2 bâtons de marche sortir d'une propriété et prendre la même direction que moi. Apres le village de Teth, le chemin remonte toujours la rivière et se rapproche de plus en plus des piques dont l'un, le Mont Arapit, est vraiment impressionnant avec ses 900m de falaises abruptes. Les marques se faisaient rares mais j'arrivais a peu près a les retrouver. En fait, ce n'est pa très compliqué: le seul chemin de montagne serpente a travers le vallon et a l'air de se diriger tout droit vers un canyon très encaissé rempli d'une grosse coulée de neige. Du moins c'est ce que j'ai cru sur le coup vu que j'avais perdu la trace des indications du chemin de montagne. Apres 2h de marche, je me suis retrouvé nez a nez avec le début du canyon et me suis procuré 2 bons bouts de bois pour m'en servir de piolets afin de gravir ce mini glacier. La montée était assez aisée au départ mais le canyon se faisait de plus en plus étroit et surtout de plus en plus raide. A certains endroits, malgré la friabilité de la roche calcaire, j'ai préféré passer par les cotés rocheux plutôt que par la glace très glissante. Je pouvais voir la fin (ou plutot le debut!) de la coulée de neige et j'avais l'impression que le chemin allait reprendre juste après. La pluie a commencé a montrer le bout de son nez et a devenir de plus en plus dense. Je me suis abrité sous le glacier contre la paroi rocheuse et ai pris mon déjeuner, non sans esquiver tant bien que mal les bouts de roche qui tombaient de temps en temps contre la paroi et qui voulaient s'inviter dans ma gamelle. Arrivé a la fin de la coulé de neige, je me suis retrouvé devant un mur de 5m super raide avec très peu de prises pour l'escalader. J'ai tenté plusieurs fois de le franchir et suis tombé 2 fois dont une d'un bon 4m de hauteur. Encore heureux que la neige était la pour amortir ma chute. J'ai finalement renoncé et cherché un autre endroit où passer me disant que sinon il valait mieux que je me tape toute la redescente du canyon qui m'avait pris une bonne heure et demi a gravir. J'ai finalement trouvé un passage assez raide également mais qui avait l'air jouable, d'autant plus qu'il avait l'air de mener a un passage assez aisé menant au sommet. Je m'y suis engouffré et ai eu quelques sueurs froides lorsque la roche s'est a plusieurs reprises dérobées sous mes mains. L'adrénaline aidant, j'ai réussi a me hisser tant bien que mal sur ces parois vertigineuses et j'ai commencé a apercevoir le sommet après une nouvelle heure et demi de grimpette. J'ai fait une prière pour être sur que derrière le sommet ne se cachait pas un autre ravin qui m'aurait obligé a redescendre. Quel soulagement quand j'ai vu qu'il y avait derrière une petite vallée enneigée qui était alimentée par les plus hauts sommets des alentours. Cet endroit ressemblait a s'y méprendre au début de mon ascension du mont Bobotov Kuk avec le même petit lac a la couleur Ariel lessive. Tous les sommets avaient l'air a porter et après avoir bien scruté les différentes voies qui menaient a chacun d'eux, j'ai pris la décision de gravir le mont Arapit (2200m) car j'avais aperçu un passage qui avait l'air assez simple pour y monter. En m'y rapprochant, j'ai retrouvé le chemin de montagne et le passage "normal" pour arriver a ce point. Il indiquait 2h30 pour rejoindre le village de Teth là où j'en avais mis 6! J'ai démarré mon ascension et j'ai entendu une voix criée mais impossible de voir d'où cela émanait. J'ai finalement trouvé la personne et l'ai rejoint assez vite: il s'agissait du monsieur que j'avais vu ce matin avec ses 2 bâtons de marche. Un israélien qui s'était offert ce trip pour ses 60ans. Il m'a dit qu'il avait galèré pour trouver le bon chemin et m'a demandé si je pouvais rester avec lui pour la descente car il ne se sentait pas très a l'aise avec la neige. Vu sa vitesse de marche, je lui ai dit que j'allais gravir le sommet du mont Arapit et que je le rejoindrais par la suite. Il ne m'a fallu que 45' pour arriver au sommet et jouir d'une vue splendide sur tous les sommets aux alentours ainsi que la jolie et verdoyante vallée de Teth. J'ai également aperçu un petit lac et un village au loin et j'ai appris par la suite qu'il s'agissait du Montenegro. Pour la redescente, j'ai essayé de prendre un raccourci afin de me retrouver plus vite sur le chemin de montagne qui faisait le tour du mont Arapit. La pente etait extrêmement raide (j'aurais même hésité a la faire en snowboard!) mais recouverte de neige et j'ai voulu faire comme au Montenegro, a savoir glissé sur les pieds comme sur des skis pour aller plus vite. Malheureusement sur une des pentes, j'ai perdu l'équilibre et me suis retrouvé a glisser sur les fesses comme sur une luge et a prendre de la vitesse. Impossible de freiner et je voyais une ligne de rochers dépassant le niveau de la neige a une centaine de mètres. Au bout de quelques secondes et malgré le fait que j'essayais de freiner de toutes mes forces avec mes mains, je me suis retrouvé glissant sur cette bande de rochers qui ne faisait que 2m a peine de longueur et j'ai vu ensuite une crevasse: j'ai pu voir ma courte vie défiler en une fraction de seconde et me suis dit que s'en était terminé de moi. Par chance, il y avait une nouvelle couche de neige qui démarrait là et l'espace entre la paroi rocheuse et la couche de neige ne faisait qu'a peine 2m. J'ai tapé en haut de la couche de neige par mon dos et ai fait une chute de 4m pour me trouver au fond de la crevasse. Encore heureux que le fond était aussi recouvert de neige ce qui a amorti ma chute: plus de peur que de mal mais je peux vous dire que par la suite je n'en menais par large sur ces pentes enneigées et ai pris toutes les précautions pour que ça ne m'arrive plus! Et pourtant j'ai de nouveau glissé après 1/4h et perdu le contrôle mais cette fois la pente s'adoucissait a la fin et ne terminait pas par une crevasse. J'ai repris le chemin de montagne et ai rejoint mon compère israélien, au nom de Youri, qui n'avançait pas bien vite. On a entamé la descente, d'abord sur des pans enneigés puis rocailleux avant de traverser une foret très abrupte. Apres 1 bonne heure de descente, on s'est retrouvé devant une falaise impossible a franchir. Sur notre droite, il y avait également une autre falaise super raide et en consultant la carte, on s'est dit que le chemin de montagne devait démarrer sa descente plus loin et on a donc pris la décision de remonter. Apres 40' d'ascension assez périlleuse (on ne voulait pas glisser et risquer de tomber dans une des falaises qui bordait la foret. On a fait une pause et c'est alors que je me suis aperçu que mon petit sac était grand ouvert. J'avais perdu en chemin mes 2 manteaux et me suis dit que je devais tenter de les retrouver quitte a perdre 10'. Il était 16h30 et on avait encore un petit peu de temps pour redescendre avant la tombée de la nuit. Cela m'a rappelé l'épisode a Jericho en Palestine où j'avais perdu mon portefeuille de la sorte et c'est là où je me suis souvenu que lors de ma pause déjeuner, il pleuvait tellement fort que j'avais mis mon portefeuille dans la poche de mon manteau afin qu'il ne prenne pas l'eau! L'histoire se répétait et je faisais encore les mêmes erreurs. Je m'étais pourtant dit après l'épisode en Palestine que j'allais changer de sac a dos! J'ai entrepris la redescente dans la foret a la recherche de mes affaires: 2 manteaux noirs a retrouver dans une foret dense, pas gagné. Surtout que je n'ai pas réussi a retrouver le chemin exact que l'on avait emprunté lors de la montée. Apres 1/2h de recherches infructueuses, j'ai commencé a me dire que ma bonne étoile m'avait cette fois abandonné et qu'il valait mieux rentrer au gite quitte a retaper le lendemain exactement le même chemin pour essayer de retrouver mes affaires. J'ai commencé a remonter la pente et c'est là que j'ai aperçu mes 2 manteaux, en boule dans un amas d'herbes et coincés avec des branchages: Alleluia! Je suis remonté a toute vitesse et ai rejoint Youri en a peine 20'. C'est fou a quel point l'adrénaline peut vous donner de la patate même quand vous avez l'impression que votre corps n'en peut plus! Je me suis dit alors qu'il pouvait m'arriver n'importe quoi, ce ne serait pas grave car j'avais évité le pire...un peu trop optimiste dans l'euphorie du moment mais j'ai assez vite déchanté...
On a cherché en vain le chemin de montagne mais sans succès et on a pris la décision de tenter de nouveau une descente a travers la foret espérant tomber sur un passage entre les falaises. Apres 20' de descente, peine perdue, on était entouré de falaises qui tombaient a pic. Il était 19h et vu que la nuit tombait vers 20h30, on a commencé a se faire une raison et qu'on allait passer la nuit là pour tenter de trouver un passage le lendemain. Youri avait une couverture de survie et moi seulement un drap en soie que j'utilise parfois pour mettre dans un duvet quand il fait très froid. Pas l'idéal tout de même.
Le guide de voyage que j'avais rencontré lors de mon bref passage a Shkodra m'avait donné son no de téléphone et m'avait dit de l'appeler en cas de pépins. J'ai essayé mais je n'avais plus de crédit sur la carte sim locale que j'avais achetée d'ailleurs avec lui. Youri s'est alors rappelé qu'il avait gardé la carte de visite de son camping a Teth et m'a demandé d'essayer de les appeler mais pas de crédit pour et impossible de changer de carte sim sur mon iphone sans une aiguille. Youri s'est alors décidé a sortir son portable israélien et a appelé en panique le mec du camping lui demandant des secours. Il a fallu en arriver a cette extrémité pour qu'il veuille bien daigner sortir son portable et appeler: quel crevard! Son discours etait incompréhensible et le mec du camping ne parvenait même pas a comprendre où l'on était. Apres 10' de perdu, j'ai pris les choses en main et ai rappelé le mec du camping lui demandant de trouver le guide de montagne Pavlo que j'avais rencontré la veille. Il m'a trouvé son no de tel et j'ai pu être en contact direct avec lui. Il nous a dit qu'il n'y avait qu'un seul passage assez escarpé qui se situait a laurée de la foret mais tout près du mont Arapit. On n'était parti dans le mauvais sens! Il nous a dit qu'il venait en rescew avec un autre guide et qu'en attendant, il fallait qu'on se rapproche du mont Arapit. Il était déjà 19h15 et on savait qu'on aurait pas assez de lumière pour redescendre. On a traversé la foret en biais avec toujours la peur de tomber nez a nez avec un ravin. On a mis nos lampes frontales et on avançait très lentement a cause de la fatigue, du chemin accidenté et du manque de visibilité. Au moment où l'on est enfin sorti de la foret, on s'est retrouvé sur une falaise où coulait un ruisseau et on a pu voir les lumières de l'équipe de secours en contrebas. Il etait déjà 21h15 et ça faisait un bout de temps que l'on marchait dans le noir complet. L'équipe de secours était composée de 2 guides: Pavlo et Ricardo, un allemand habitant ici a plein temps, féru de montagnes et devenu guide local après un an seulement ici. On a mis 1h30 a redescendre et a rejoindre leur 4x4. Encore 25' de jeep et on a pu s'asseoir autour d'une table au chaud avec une bonne bière fraiche dans la main. Une sacrée aventure que cette ascension que je ne suis pas prêt d'oublier. J'ai offert 50€ a l'équipe de secours qui, même s'ils ne demandaient rien, méritait amplement cela. Non seulement Youri n'a pas donné un centime a l'équipe, mais il a en plus demandé a diner et a bu une bière sans sortir son portefeuille: une vraie pince! L'épopée a duré 16h de marche et 25' de jeep...pas loin de mon record de 20h au Mont Blanc mais tout aussi fatiguant. Pavlo était étonné du chemin que j'ai emprunté pour la montée. Il n'avait jamais entendu quelqu'un être passé par là et pensait même que c'était impossible, tout du moins sans la neige qui m'a aidé pendant les trois quarts de l'ascension.
J'ai diné brièvement vers 23h30 dans ma guesthouse et suis allé me coucher fourbu sans meme pouvoir prendre de douche car pas d'eau chaude.
Le lendemain, j'ai mis les voiles a 10h direction le village de Valbona. Il fallait passer un col pour changer de vallée et j'ai du porter mes 2 sacs sur le dos pendant toute la journée car je ne revenais pas ensuite a Teth. Près de 20kg pendant 7h30 de marche avec des passages assez raides dans la neige: pas de tout repos mais la vue était une nouvelle fois magnifique. Je m'étais cette fois bien renseigné sur l'itinéraire car le couple d'allemands que j'avais rencontré l'avant veille m'avait prévenu qu'ils avaient mis 12h pour faire la traversée en se perdant a 4 reprises. J'ai eu beaucoup de mal pendant les 3 premières heures car je ressentais la fatigue de la veille ainsi que le poids de mes sacs qui m'appuyaient sur les épaules telle une enclume mais finalement par la suite, j'ai eu un regain de forme après ma pause déjeuner et suis parti de plus belle. Je suis arrivé vers 18h au village de Valbona mai ai été un peu déçu par l'endroit: ils venaient tout juste de finir de construire une route goudronnée il y a quelques mois et cela enlevait beaucoup de charmes aux lieux.
J'ai pu prendre cette fois-ci une bonne douche chaude et après un diner salvateur, je suis allé me coucher vers 23h alors qu'il y avait une nouvelle fois eu une coupure d'électricité qui m'a obligé a finir a la bougie.
Le lendemain, départ super tôt a 4h du mat direction le lac artificiel de Koman, le ferry démarrant a 6h. Les albanais ont construit dans la région 3 barrages hydrauliques et créé par la même occasion 3 lacs artificiels qui serpentent a travers les montagnes. Cela m'a vraiment rappelé les fjords norvégiens: visite de toute beauté! Le bateau est en fait un taxi boat qui s'arrête fréquemment afin de prendre des habitants par ci par là qui logent dans les montagnes au bord du lac et qui transportent le fruit de leurs cultures au marché du coin: assez folklorique! J'ai du me taper un aller/retour sur ce trajet, soit 6h de navigation car le plus court moyen pour rejoindre ma prochaine étape, le Kosovo, était un bus qui partait non loin du point de départ du ferry

lien vers la vidéo Albanie

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