Je suis parti assez tôt ce matin de Budva pour essayer de rejoindre le par national du Dormitor situé au Nord du Montenegro. Malheureusement pas de bus direct. J'ai du faire un passage par la capitale, anciennement Titograd et depuis sa mort renommée Podgorica. Il n'y a rien a voir dans cette ville qui pourtant concentre 1/3 de la population soit 200,000 âmes. La prochaine correspondance pour ma destination finale au village de Zabljak n'était que 4h plus tard et j'ai du prendre mon mal en patience avant de me taper en bus 3h de trajet. Encore heureux que le paysage était au rdv avec les premières montagnes aux sommets enneigés.
Je me suis trouvé une chambre chez l'habitant où Zac m'a accueilli a bras ouverts. C'est un ancien randonneur de montagnes et il m'a donné plein de tuyaux sur les coins sympas a visiter au Montenegro mais aussi en Albanie et en Bulgarie, deux de mes prochaines étapes. Au programme pour demain, l'ascension du plus haut sommet du coin, le Bobotov Kuk a 2500m prévu en une dizaine d'heures.
On est allé diner dans un restaurant local et on a rejoint un couple d'israéliens la cinquantaine passée anciens et encore actuels baroudeurs. Un autre client de Zac nous a suivi, Alexander un jeune russe en vacances ici pour la semaine. Je suis parti me coucher assez tot afin de pouvoir assurer le lendemain. Alex voulait me suivre mais il n'avait pas trop d'expérience de la montagne et Zac l'a découragé de le faire.
Petit dej a 6am et me voilà parti sur les pistes de montagne sous une fine pluie. J'ai rapidement rejoint le lac noir. Il doit son nom aux sapins qui l'entourent et qui se reflètent dans son eau plate et lui donne un aspect foncé. Le mont Medjed trône au pied du lac et lui donne aux lieux une touche irréelle. J'ai poursuivi la montée qui s'est avérée de plus en plus enneigée et suis arrivé au camp de base où un petit lac surnagé au milieu de la neige dans le fond d'une vallée très encaissée. Sa couleur ressortait d'autant plus que la neige, ne datant pas d'hier, avait pris une teinte jaune. J'avais l'impression d'un liquide de machine a laver le linge. J'ai été surpris par un tel contraste de couleur et n'ai pas vu que les indications tournaient sur la droite et j'ai continué tout droit. J'ai suivi un autre sentier qui m'a amené au beau milieu du renfoncement, entouré de montagnes de toutes parts. J'ai pris la décision de continuer tout droit sur un versant extrêmement pentu et complètement recouvert de neige. J'avais eu la bonne idée d'emprunter les bâtons de marche de Zac et m'en suis servi comme de 2 piolets pour gravir ce pan de montagne non sans difficultés ni gouttes de sueur. Au fur et a mesure que je progressais dans mon ascension, la neige devenait de plus en plus fraiche et profonde ce qui ne m'a pas facilité la tache. J'ai cassé la croute en haut d'un des pics mais je sentais bien que ce n'était pas le bon. Apres avoir bien profité de la vue qui a été accompagnée d'un sympathique éclairci, j'ai entamé la redescente en m'essayant au ski sans ski, vu que la neige était suffisamment molle pour le permettre sans qu'elle ne s'enfonce trop. Arrivé de nouveau au pied du petit lac, je me suis dit que ca faisait un peu court et que j'allais essayer d'escalader une autre montagne qui se dressait devant moi tel un nouveau défi. La montée était de nouveau assez vertigineuse et j'ai pu reprendre mon souffle dans une petite grotte a ciel ouvert qui n'attendait que moi. J'ai aperçu le début d'un sentier dans la neige et vu des marques d'un chemin de montagne. En essayant de traverser en biais le flan de montagne, un de mes bâtons de marche s'est cassé en deux et j'ai perdu l'équilibre et ai glissé sur bien 2/3 mètres avant de pouvoir freiner ma chute et me remette sur mes pieds. J'ai alors aperçu un couple de randonneurs en contrebas qui allait dans la direction. J'ai poursuivi la route et suivi le chemin de montagne qui m'a fait contourner une première montagne. Je pouvais apercevoir le sommet du Bobotov Kuk qui n'avait pas l'air simple a gravir mais bizarrement le sentier tournait autour. Apres une bonne ascension, les indications indiquait de redescendre tout en bas ce qui m'a paru bizarre mais sans la moindre trace d'autres indications, j'ai suivi le chemin et me suis quasiment retrouvé au point de départ de la précédente montée avec en prime plus aucune indication. En colère, j'ai entrepris la remontée en partant un peu plus en biais en étant persuadé que le sommet de la montagne qui se trouvait devant moi allait me mener au sommet, après une bonne heure d'ascension sur des parois assez dangereuses et glissantes, je me suis retrouvé au sommet de cette montagne mais impossible de rejoindre le Bobotov Kuk qui était séparé de l'endroit où j'etais par une crevasse infranchissable mais invisible d'en bas. Le temps commençait a se gâter avec une pluie plus consistante et surtout un brouillard épais qui m'empêchait de voir a plus de 10m. Ca faisait prêt de 8h que j'avais démarré mon ascension et le sommet me paraissait trop loin pour le tenter. J'ai entamé la redescente du rocher sue lequel je me trouvais mais ne voulant pas passer par le même endroit que là où je suis monté, jugeant la descente plus compliquée que la montée, j'ai cherché un passage plus facile. Apres quelques dizaines de mètres de descente, je me suis retrouvé coincé entre un pan sous mes pieds assez périlleux et glissants et je ne me voyais pas remonter pour trouver un endroit plus simple. J'ai donc pris d'énormes précautions sur mes prises afin de ne pas me louper et a plusieures reprises, j'ai eu le droit a des pierres qui se dérobent sous mes pieds ou sous mes prises de main. A voir a quelle vitesse ces pierres dégringolaient dans le fond du pan de montagne et se fracassaient les unes contre les autres pour finir en mille morceaux, je me suis demandé ce que je foutais là. C'est alors que j'ai vu un mousqueton encré dans le flan de la roche avec un bout de corde qui pendait a son bout j'ai vite compris que ce n'était pas bon d'être a cet endroit sans être assuré mais je n'avais désormais d'autres alternatives que de continuer ma descente. J'ai mis une heure et demi avant de finir de descendre ce pan et je peux vous dire que je n'en menais pas large. Il ne me restait quasi plus d'eau et j'ai du mettre de la neige dans ma bouteille et patienter que celle-ci fonde pour pouvoir y gouter! La descente finale a été interminable car j'avais bien dévié de mon chemin d'origine. Au fur et a mesure que j'avançais, il y avait de moins en moins de neige et la roche faisait place a une foret qui s'est faite de plus en plus dense. Je m'étais dit que j'allais redescendre en essayant d'arriver pile poil au niveau des chutes d'eau du lac noir que je n'avais pas pu apercevoir lors de mon passage aller. La pluie était désormais battante et je suis arrivé au pied des chutes après 11h de marche au total! J'ai pris un moment pour récupérer et en même temps profiter du merveilleux bruit que faisaient ces chutes d'eau avant de repartir a mon auberge. Au total, après 12h de marche dans les jambes et un bâton de marche en moins, j'ai enfin atteint la maison de Zac qui m'attendait avec un peu d'inquiétude. Je réalisais a peine que c'etait la première fois que je ne parvenais pas a gravir un mont que je m'étais fixé: grrrr! Un couple d'écossais venait tout juste de faire leur check in et on est parti tous manger dans un resto près du centre.
Le lendemain, on est parti avec la voiture de loc des écossais et Alex essayer de rejoindre la vue panoramique du coin qui donnait sur le canyon de la rivière Tara, le 3eme plus profond du monde. Malheureusement et malgré les nombreuses explications de Zac, impossible de retrouver le chemin et on s'est perdu dans la foret. On est revenu a l'appart où une agence de rafting nous attendait pour faire la descente d'une partie de la rivière Tara sous le pont le plus connu des Dormitors. 2 autres clients nous ont rejoint pour cette descente en rafting, un couple de jeunes français qui s'avérait être le couple que j'ai croisé lors de mon ascension ratée de la veille. Eux non plus n'ont pas réussi a suivre le chemin de montagne et ont du rebrousser chemin. La descente en rafting s'est avérée assez pépère et n'a duré qu'une heure mais cela a été bien suffisant pour apprécier la beauté du décor et le profond canyon dans lequel on se trouvait.
A peine revenu au bercail que j'ai du enchainer pour un tour en voiture avec Zac et Alex qu'on avait booké la veille. On s'est arrêté a une station essence après une heure de route parce que Zac avait donné rdv a un mec pour un eventuel échange de voiture. Finalement l'échange ne s'est pas fait, le 4x4 que lui proposait le mec étant bien plus vieux qu'il n'était indiqué sur l'annonce de vente!
On a repris notre chemin et nous sommes arrêtés au monastère d'Ostrog, incrusté au beau milieu d'un flan de montagne. On a ensuite un peu écourté notre itinéraire par manque de temps et après avoir racheté des bâtons de marche tout neuf a Zac dans la capitale, nous avons pris une charmante et pittoresque route de campagne pour atteindre le petit village de pêcheurs de Rijeka qui était bordé de lacs d'un joli vert avec plein de montagnes autour: tout simplement magnifique! On a mangé au bord de l'eau en commençant par une merveilleuse soupe de poissons, réputée pour être la meilleure du pays, puis avant d'attaquer notre plat d'anguilles grillées, nous avons fait une balade en bateau a moteur a travers les différents lacs du coin. Au retour, nous avons retrouvé par hasard le couple d'israéliens qui avaient pris une chambre ici pour la nuit!
On a continué notre périple mais la nuit était malheureusement déjà tombée et on n'a pu apprécier qu'a moitié le reste du parcours. On a fait une brève étape au village de Virpazar avant de rejoindre notre destination finale: la ville de Bar. Zac avait prévu de remonter sur les Dormitors mais il ne se sentait pas le courage de refaire le trajet inverse et on s'est trouvé une piaule pas chère pour la nuit qu'on a partagé a trois. Difficile de s'endormir lorsqu'un des occupants de la chambre ronfle comme une locomotive. Je me suis mis un petit film pour m'aider a fermer les yeux et je l'ai finalement regardé jusqu'au bout: "la vie héroïque de Serge Gainsbourg".
Le lendemain, Zac nous a déposé sur Stari Bar où on a rencontré lors de notre petit déjeuner un sosie parfait du Serge Gainsbourg petit que j'avais vu la veille: bluffant! Il pleuvait assez fort mais on a tout de même pris notre courage a 2 mains et avons visité la forteresse et les ruines de l'intérieur des remparts.
Alex m'a ensuite quitté pour rejoindre l'aéroport international et moi je suis parti en direction de Ulcinj la prochaine destination où m'attend l'un des dix meilleurs spots de kite recensés au monde: nice!
lien vers la vidéo montagnes Dormitor
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