Pour quitter Santander, nous avons emprunté la piste piétonne bétonnée entre l'autovia, le train et la départementale sur plusieurs kms. Je souffrais pas mal mais j'arrivais a diminuer mes passages sur le bitume en marchant dès que c'était possible sur les rebords en herbe ou les petits passages en terre aux bords du macadam. Il y avait un passage qui nous permettait d'éviter une boucle de 5kms, a condition de marcher sur la voie ferrée pendant une station. On trouvait ca plutôt rigolo et on s'est prêté au jeu mais on s'est finalement gourée et avons marché la station précédente. Ce n'était pas très secure et hormis le fait que l'on se soit pris chacun les pieds dans les raies au moins une fois, avec une bonne chute pour Mamoune qui s'est retrouvée la tete sur les rails après avoir perdu l'équilibre, on s'est aussi fait engueuler par le conducteur d'un des trains. En effet, on marchait sur la voie de droite en sachant que le train qui venait de Santander était passé quelques minutes plus tôt et qu'on avait donc aucune chance d'en recroiser un de si tot vu qu'il n'en passait qu'un toutes les demi heures. Ce qu'on ignorait, c'est qu'ils roulaient "a l'anglaise" ici soit dans l'autre sens. On s'en est rendu compte quand un train qui était a l'arrêt a la station suivante s'approchait dans notre direction puis de plus en plus près jusqu'a qu'on s'aperçoive qu'on était sur la même voie lui et nous. On a vite changé de coté et on s'est mis sur la voie de gauche. Le conducteur nous a fait de fortes remontrances avec le poing quand il est passé a notre niveau! Quelque pèlerins attendaient sur le quai de la station et furent tous surpris de nous voir arrivés par les rails. Dans ce groupe, on retrouva Win, in hollandais d'une soixantaine d'années avec qui on avait déjà diné par le passé et qui croisait souvent notre chemin ainsi que Dicle, la campeuse turc et Steffy, une jeune allemande. On a fait comme eux, a savoir prendre le prochain train sauf que quand eux sont descendus, apres une seule station, nous, on est resté dedans pour en faire 4 de plus et ainsi éviter au maximum le bitume. Ca nous a fait gagner 8 bons kms.
Par contre, ca ne nous a pas fait éviter tout le bitume pour autant et il a fallu que je souffre un peu sur plus de 10 bornes avant de rejoindre le joli village de Santillana del Mar où l'on a cassé la croute les pieds dans l'herbe. Le village était tout a fait charmant, dans les terres, probablement le plus beau qu'on ait eu a traverser jusque là en Espagne mais tout de même un poil trop fréquenté pour nous, avec quelques arrivages de bus remplis de touristes.
On était censé dormir là si l'on n'avait pas eu le petit coup de pouce de 8kms en moins du train, et du coup, on a préféré pousser un peu plus loin jusqu'au village de Cobreces après avoir tout de même repris le rythme avec 35 bornes au compteur. La douleur a ma jambe s'était un peu estompée grace aux cachets d'ibuprofène et cela m'a permis de continuer.
On a checké dans une auberge religieuse attenante a un monastère dirigé par des moines reclus. On a pu assister a la messe du soir en leur compagnie. On a fini la soirée avec un pelerin espagnol un peu déboussolé qui avait réussi a checker après le couvre feu de 20h en resquillant les 6€ de la nuitée. Il nous a expliqué qu'il était sur le chemin du retour et après avoir fait le Camino Frances a l'aller, il revenait par le Norte. Il était accompagné d'un chien qu'il avait déniché a Finistera, soit la fin du fin du Camino. Il nous a confié qu'il cherchait un coin où monter une auberge sur le Camino et que des qu'il l'aurait trouvé, il s'installerait. On a su par la suite qu'il mendiait en journée pour pouvoir manger. Encore un errant de plus prit par le chemin. Le matin, on s'est réveillé et il y avait une odeur pestilentielle dans le 1er dortoir (encore heureux, on s'était mis dans le 2eme!). C'était l'espagnol qui ne se lavait probablement plus très souvent. Il avait en plus fait rentrer son chien qu'il avait fait dormir sur un lit après que ce dernier est bien déféqué au sol: charmant! Quand on sait qu'en plus, 2 pèlerins a vélo d'origine uruguayenne sont rentrés a 4h du mat par la fenêtre, la porte d'entrée ayant été verrouillée, ca vous dresse un peu le tableau de l'endroit.
On avait décidé ce jour là de coller au maximum le front de mer car nous avions remarqué ces derniers jours qu'en fait il n'y avait pas un seul camino mais plein de voies différentes avec des déviations et variantes dans tous les sens qui vous ramenaient toujours dans la bonne direction. Vu qu'elles étaient quasi tout le temps fléchées, vous pouviez vous taper 10kms sur le macadam en suivant toujours les flèches alors qu'il y avait peut être un autre chemin, tout aussi bien fléché, mais qui lui aurait longé les plages sur des chemins de terre. C'est ainsi qu'on a fait un bout de chemin avec une espagnole venant de Barcelone puis de Roland, un pompier allemand.
Quelques kms plus tard, on a fait un stop dans la jolie ville de Comillas. Après y avoir dégusté la spécialité locale, a savoir des churros servis avec du chocolat chaud, on a visité le Palacio de Sobrellano et on en a profité pour jeter un oeil a la maison de Gaudi, fidèle a l'image que l'on pouvait en avoir de lui, située sur le meme pan de colline.
On a ensuite, par je ne sais quelle magie, traversé un golf en pleine forêt. J'en ai profité pour piquer une balle de golf qui j'espérais allait me servir a me masser en profondeur la jambe.
On est arrivé aux abords de la ville côtière de San Vicente de la Barquera et on a pique niqué sur la plage avant de traverser le magnifique pont romain pour rejoindre la ville. Entre temps, Alice avait reçu un appel de son boss (elle était banquière, tout comme d'autres!) du Bresil qui lui proposait une promotion a la condition d'être revenue a Sao Paulo pour le 20 mai alors qu'elle avait prévu un retour le 3 juin. Du coup, elle devait accélérer son trip et a prit un bus pour rejoindre la prochaine ville côtière et éviter une étape dans les terres. On a attendu avec elle son bus jusqu'a 16:30 avant de continuer un peu plus loin jusqu'a la ville de Serdio que l'on a atteint avec toutes les peines du monde a 19h, la douleur a ma jambe me relançant!
On a diné en compagnie de l'espagnole et de Roland de bons calamars et poulpes cuisinés dans une bonne huile d'olives. On a également retrouvé un groupe de 4 qui étaient avec nous dans l'auberge précédente, a savoir 2 jeunes allemands partis de Suisse, ainsi qu'une belge et une autre allemande. Quand on a checké a l'auberge municipale, il y avait déjà des coréens qui dormaient. On a compris par la suite pourquoi ils se couchaient aussi tot. Ils partaient a 4h du mat a la frontale tous les matins. A chacun son camino...
lien vers la video Santander to Serdo
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