Nadine et Alice s'étaient rencontrées des leur 1er jour sur le camino del Norte et ne s'étaient plus quittées depuis. Mais a Bilbao, Nadine devait rejoindre à la gare le lendemain son mari pour faire ensemble le camino jusqu'à Santander. Elle nous a alors confié Alice. On n'a pas hésité trop longtemps pour prendre le metro afin de nous éviter les premiers kms de bitume pour sortir de la ville car cela était même conseillé dans notre guide papier. Du coup, on a commencé tout près dans la commune de Portugalete. Il s'agit de l'embouchure du fleuve qui amène jusqu'a Bilbao et c'est là que se situe la partie portuaire. L'endroit est surtout connu pour un magnifique et énorme pont-bac. Je n'avais encore jamais eu la chance de voir un tel principe et j'ai trouvé ca plutôt sympa, surtout quand un groupe d'espagnols un peu bourré s'est pointé avec l'un d'entre eux, déguisé en brésilienne travesti, avec de faux poils qui dépassaient du string, qui s'apprêtait à faire un saut à l'elastic entre 2 traversées du bac. Ca n'a fait qu'a moitié rire notre nouvelle compagne brésilienne Alice. Elle avait 37ans et deja 3 enfants. Elle avait fait le camino Frances, comme quasi la plupart des pèlerins ici, l'année passée et voulait en remettre une couche avec le Norte cette année.
On a longé pendant de longs kms une piste cyclable qui etait en plus tres fréquentée car jour de week end. Nos nouvelles semelles achetées chez Decathlon n'ont pas eu l'effet escompté car trop épaisses, elles ne laissaient pas assez de place aux orteils dans le fond de la chaussure et on a du tres vite se résoudre a remettre celles d'avant. On a enfin atteint notre premiere plage en debut d'apres midi et apres s'etre delectés de bons tapas dans un resto en bord de mer, on a pu marcher dans le sable pour enfin atteindre nos 1ers 1000kms de marche depuis notre depart voilà 5 semaines. On a longé pendant un bon moment la cote sur un chemin de terre super sympa avant de galerer un peu plus pour passer en dessous puis au dessus de l'autoroute qui longeait elle aussi la cote. Retour sur la mer a Miono où l'on s'est enfin décidé a braver le froid de l'eau pour se baigner. Il faut dire qu'ici, la mer cantabrique n'est guère plus chaude que sur nos cotes françaises de l'Ocean Atlantique.
Nous avons terminé notre randonnée du jour dans une très jolie station balnéaire Castro-Urdales. Très animée ce samedi soir la, l'auberge tout au bout de la ville était pleine a craquer. Et vu qu'on est arrivé en bons derniers vers 20:30 passé, on n'a pas eu trop le choix que de sortir notre tente et de nous installer dans le jardin de l'auberge municipale. On aurait pu s'y caler a 3 dans la tente qui était prevue pour ca mais heureusement l'hospitalier avait prévu le coup et il lui restait une tente vide qu'il mit a la disposition d'Alice. Trop fatigués pour nous farcir en plus la visite de la ville le soir, on s'est contenté d'aller diner et on a remis la visite de la vieille ville au lendemain matin sans les sacs. Cela nous a permis d'apprécier la sérénité de la ville, avec en plus le départ des pèlerins et des touristes. Il n'y avait plus en ville que nous et les éboueurs pour nettoyer le bordel laissé là pendant la beuverie du samedi soir. J'ai commencé a ressentir de vives douleurs au niveau du bas du tibia gauche. Ca ressemblait fortement aux problèmes rencontrés par Danièle la canadienne, c'est a dire une periostite tibiale. Il s'agit de la maladie du pelerin par excellence, a savoir une inflammation de cette partie de la jambe due a un port de charge trop lourde, sur des terrains trop durs (comme le bitume!) pendant trop longtemps! J'avais tous les critères de cochés! Sur le coup, je n'y ai pas trop pris garde et me suis contenté d'un bon doliprane avant d'aller me coucher.
Alors qu'il aurait fallu eviter le bitume, on s'est gourré sur un embranchement et au lieu de couper par une plage, on a suivi une nationale qui longeait plus ou moins le nouvel autoroute. Pas tres agréable et plutôt douloureux pour moi. On est arrivé a une aire de repos pour voiture et il y avait plein de voitures garees dans le parking. On était en train de contourner une énorme montagne depuis plus d'une heure et cela ressemblait au départ d'une rando montagneuse. Un marcheur du coin qui en finissait nous a expliqué qu'on pouvait rejoindre la ville de Laredo, notre point de chute pour la nuit, en passant par là mais que la montée était rude et que ca allait nous rallonger un peu. Il a aussi mentionné que la vue était juste a couper le souffle en haut et ca nous a suffit, malgré quelques réticences chez certaine, a nous décider pour le chemin de la cordillère cantabrique. On était tous contents de quitter cette désagréable nationale, surtout moi avec ma jambe douloureuse, et nous avons à notre tour entrepris l'ascension de la montagne mais avec nos backpacks pleins! Et pourtant nous ne l'avons pas regretté car le spectacle était à la hauteur des montagnes: on s'est tres vite retrouvés en pleine nature et la vue était de plus en plus belle. On est passé devant le site des "yeux du diable" mais on a preferé faire le sommet le plus haut, la cime Solpico, afin d'y casser la croute tout en jouissant de la vue la plus large possible sur l'incroyable baie de Laredo. Il s'agit d'une longue langue de sable, un peu a l'image de Cartagena, ma ville préférée d'Amérique du Sud en Colombie.
La descente fut un peu hardcore, surtout avec les sacs. Il a fallu ranger les batons, mettre les mains et j'ai du a plusieurs reprises sécuriser mes 2 comparses sur des passages assez dangereux et a pic. La douleur devenait encore plus forte a la descente et encore heureux qu'Alice me donna des anti inflammatoires qui diminuerent la douleur et me permirent de finir la journée. En plus, on etait en manque d'eau, pas étonnant vu qu'on avait commencé l'ascension avec a peine un 1/2L chacun et que la traversée avait duré plus de 4h. Quand on s'est retourné pour voir ce qu'on venait de passer, on n'était pas peu fiers et moi le 1er, d'avoir amené maman jusque là et qu'elle passe une telle difficulté sans trop de soucis. Elle était fin prête pour les montagnes des Asturies qui nous attendaient un peu plus loin...
J'ai poursuivi jusqu'a Laredo en boitant et en m'aidant des 2 batons de marche. On est arrivé juste avant la fermeture du check in dans un couvent de bonnes soeurs. L' endroit etait très austère, nous avons été reçus par une religieuse qui nous a alloué une cellule de nonne, sans fenêtre bien sur, alors qu'Alice devait partager sa chambre avec 2 autres pèlerines.
Le lendemain, de Laredo, on a marché sur la longue plage de sable pendant 5 bons kms avant de prendre un bateau tout au bout du banc de sable pour rejoindre la rive d'en face et la ville de Santona. Le fait de marcher sur le sable m'a fait du bien et m'a permis d'avancer sans trop de douleur. De plus, le paysage était splendide et la traversée en bateau, remplie d'autres pèlerins, fut bien agréable.
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