Pour cette transition de la Voie du Puy au Camino del Norte, on ne savait toujours pas comment on allait s'y prendre même après avoir consulté l'office des pèlerins en ville. Il y avait une option sur 4 jours qui longeait les Pyrénées et qui avait comme avantage (pour Maman j'entends!) de ne pas passer par les sommets du GR10. L'autre option était cette fameuse section du GR10 mais qui était réputée hardcore et beaucoup plus dure encore que le col de Roncevaux, le chemin du camino francès, que Mamoune redoutait déjà tant. Les dés avaient l'air joué et pourtant la providence vint de nouveau montrer le bout de son nez pour nous aiguiller. En effet, on avait rencontré dans le Béarn un couple de pèlerins venant de Besançon qu'on a recroisé par hasard a St Jean Pied de Port. Ils étaient accompagnés d'un de leurs amis, local, chez qui ils avaient passé la nuit. Quand on lui a parlé de notre hésitation a faire les Pyrénées, il a tout de suite eu les yeux qui ont scintillé et nous a donné un super tuyau: faire la route des Cols en passant par le col d'Ispeguy, mais sans se taper la montée car cela rajoutait un jour supplémentaire mais en faisant de l'auto-stop jusqu'a ce fameux col. Ca nous arrangeait bien car c'est justement les montées que maman voulait éviter.
Le lendemain matin, alors qu'on finissait le petit déjeuner et qu'on s'apprêtait a quitter l'auberge, la femme qui préparait les petits dej et qui semblait être la femme de menage, nous entendit parler et nous proposa de nous déposer a St Etienne de Bigorre, soit a mi chemin après son service du matin a 8:30: idéal! C'est quand on est monté dans son 4x4 mercedes flambant neuf avec interieur cuir que l'on a compris que c'était la proprio du gîte. Elle avait été la seule à accepter de reprendre la gestion de l'auberge à la succession de ses parents. En chemin, elle nous a raconté comment les intentions d'indépendances du pays basque cote français s'étaient calmées ces dernières années mais qu'il y avait toujours de vives tensions a l'interieur même de la communauté si on n'était pas pro-basque. Ainsi, elle n'avait pas donné de prénoms basques a ses enfants et ca lui avait causé des ennuis. De la même manière, elle avait préféré inscrire ses enfants a l'école française plutôt qu'a l'école basque et ca l'avait un peu mis a l'écart de la communauté. Toujours utile qu'elle nous a bien rencardé sur comment faire la traversée des cols avec une de ses connaissances de St Etienne de Bigorre et après en avoir fait la visite, on s'est posté a l'extérieur de la ville. En a peine 5', un vieux local s'est arrêté pour nous monter en haut du col au volant de sa fourgonnette du siècle passé.
Au col, un vent de folie soufflait par là et ca ne nous mettait pas trop en confiance. J'avais tout de même cherché en ligne la veille pour trouver quelques topos car on commençait par une première section qui était hors GR10. Il s'agit du GRT5, pour Grande Randonnée Transfrontalier, et je n'avais pas déniché grand chose sur le web.
Le chemin était de toute beauté et on a tout de suite eu une vue de malade sur toute la vallée de St Jean Pied de Port ainsi que de l'autre côté espagnol. Ca montait tout de même sec bien qu'on ait évité la grosse cote de près de 800m de dénivelé positive a partir de St Etienne de Bigorre. Le temps était totalement dégagé et on a pu bien profiter de la journée. Maman se débrouilla comme une chef dans les côtes et bien qu'un peu lente sur les passages les plus pentus, elle parvint a passer sur tous les terrains. Vraiment une belle journée qui contrastait avec le bitume et l'ambiance du camino...
La descente fut longue, raide et un peu pénible pour les genoux mais on arriva sans heurts a notre destination du jour, Bidarray. On y retrouva une vieille connaissance en la personne d'Eric, le franco suisse qu'on avait rencontré pour la 1ere fois avec les filles de Dunkerque a Pomps. Lui était passé par le pied des montagnes et avait mis 2 jours pour arriver là. Il était parti exactement le même jour que nous, soit le 02 avril, du Puy, marchait a une cadence plus soutenue, mais avait pris 2 jours de repos a St Jean Pied de Port.
On a passé une soirée bien cool ensemble et on a démarré la marche le lendemain. Le temps était correct le matin mais on savait que ca allait se degrader dans l'après midi et c'est pourquoi on a préféré ne pas continuer sur le GR10 mais plutôt suivre la route au pied des montagnes. Il y avait tout de même quelques cols a franchir sur cette variante et on a retrouvé Eric par je ne sais quelle magie sous le porche de l'église d'Espelette alors qu'il pleuvait des trombes déjà depuis un moment. On n'était clairement pas équipé pour une telle pluie et aucun plaisir a marcher dans de telles conditions. On est allé faire un tour au centre ville pour trouver de quoi se restaurer. J'avais en tête de nous mettre sur un spot où l'on pouvait faire du stop en direction d'Irun et la frontière espagnole car le reste du chemin ne représentait que peu d'intérêt, avec les conditions météorologiques, le bitume et qu'il restait encore 2,5 jours de marche. Alors qu'on s'apprêtait a rentrer dans un bar, un des clients qui sortait nous a entendu parler et nous a proposé de nous déposer directement a Irun alors qu'il rentrait chez lui a Hendaye. On ne s'est pas fait prier et on a sauté sur l'occasion. Une heure et demi plus tard, on passait coté espagnol afin de commencer la 2eme partie de notre trip: el Camino del Norte...
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