Bougainville est l'ile la plus polémique de toute la PNG. Une énorme mine de cuivre a été découverte une cinquantaine d'années plus tôt et pendant des décennies, elle a couvert plus de la moitié du PNB du pays. En revanche, les retombées économiques et financières étaient quasi nulles pour les locaux alors que les problèmes environnementaux eux étaient bien présents. Le PNG est un des pays les plus corrompus du monde et l'argent se volatilise souvent mystérieusement. Les locaux en ont eu ras le bol a un moment et on commençait a bloquer l'accès a la mine. L'armée est intervenue et c'en est suivi une guerre civile pour l'indépendance de Bougainville. Les locaux ont fait sauter les accès a la mine plusieurs fois et coupé l'électricité tant et si bien que la mine fut fermée et un référendum pour l'indépendance acté pour l'année 2019. L'endroit est réputé assez dangereux et beaucoup d'armes circulent ici. Les habitants du Shortland, pourtant cousins avec les bougainvilliens, se sont même plaint de raids organisés par des "raskals", des bandits de grand chemin, en bateau qui venaient dépouiller les maisons des iles environnantes. Pas cool quand on sait que les habitants du Shortland ont beaucoup aidé les Bougainvilliers a se cacher quand l'armée du PNG les poursuivaient. Quasi tous les hommes sont habillés en treillis militaire ici et la peau des Bougainvilliens est la plus foncée de tout le PNG.
Je n'avais pas beaucoup de sous en poche et la première banque était a 5h en voiture d'ici. J'ai évité les policiers de Bruin qui pouvaient me refouler s'ils voyaient que j'étais rentré sans visa et ai réussi a me dégoter un ride en 4x4 avec Peter un chauffeur de pmv (public motorized véhicule) jusqu'a Buka, tout au nord de Bougainville, là où se situe l'aéroport. Peter aurait bien aimé embarquer plus de gens mais pas preneur, il ne m'a pas trop fait attendre et on est parti au bout d'une petite heure. La route etait assez pourrie mais on a rejoint le centre de ville pour midi où l'on a fait une pause dejeuner. J'en ai profité pour faire la queue aux distributeurs de billets de la BSP, la 1ere banque du pays. Il y avait près de 30 personnes avant moi et j'ai attendu une heure et demi en plein caniar avant sur ce soit mon tour. Les locaux avaient toujours 4 a 5 cartes dans leurs poches et retiraient pour tous leurs amis/famille. Et quasi tout le temps, ils prenaient une somme de 50 kinas, soit l'équivalent de 14€! Moi je suis arrivé et ai retiré 2000 d'un coup. Sans le savoir, ça allait être la dernière fois que j'en aurais l'occasion de le faire de tout le séjour.
Peter m'avait laissé aux distributeurs en me disant qu'il allait trouver un coin où pisser et était parti en voiture. J'avais laissé mon backpack dedans et au bout d'une heure alors qu'il n'était toujours pas revenu, j'ai commencé a me dire que j'avais peut être été un peu trop confiant avec lui. Pourtant, il m'avait semblé honnête et cool. Le commissariat de police était juste a cote de la banque et j'en ai profité pour demander a voir un officier de l'immigration pour qu'il me tamponne mon passeport. Une jeune femme est arrivée, au nom de Brigitte, et m'a tamponné mon passeport en me disant que j'étais "clear". Passé comme une lettre a la poste: nickel!
Je lui ai parlé de mon chauffeur qui avait disparu et en le décrivant, elle l'a reconnu et m'a répondu: "pas de problème, c'est mon cousin! Il va revenir". Et effectivement quelques minutes plus tard, il est réapparu.
J'ai négocié avec lui un petit tour de la mine afin de voir a quoi ressemblait le centre de tout ce conflit. On parlait du plus grand pit du monde a l'époque. On n'a pas pu s'en approcher jusqu'au bout car la rote était fermée par des barricades mais j'ai pu apercevoir le pit qui n'était tout de même pas aussi impressionnant que celui de Kalgoorie Boulder en Australie.
On est arrivé en fin de soirée a Buka alors que Peter avait bien bu. Il avait commencé a la bière et avait continué au whisky. Il avait l'air de savoir ce qu'il faisait et quand je lui ai demandé ce qui se passait si les policiers le contrôlaient, il m'a tout simplement répondu "je leurs offrirai a boire avec moi et ils seront ravis!". CQFD.
J'ai vraiment eu la chance de tomber sur lui. Il ne m'a fait payer qu'une place alors qu'on a traversé toute l'ile seulement a 2, juste parce qu'ils devaient chercher des clients a Buka le lendemain. La traversée de Bougainville n'avait rien d'incroyable. L'ile était clairement verte, remplie de jungle et pas développée du tout mais je n'avais pas prévu d'y passer plus de temps et j'ai pris le premier vol le lendemain matin pour la province de New Britain et son ancienne capitale maudite: Rabaul.
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