Apres le canyoning de nuit, on est remonté par les terres jusqu'au nord. Un petit tour dans le désert des Agriates puis Anael et moi avons laissé le reste de la troupe prendre leur ferry a l'Ile Rousse avant d'aller se poser sur la baie de Saint Florent. On m'avait présenté l'endroit comme le St Tropez corse mais je n'ai rien vu de très excitant ici. C'était plutôt âgé et mort. Il faut dire qu'on était le 31 aout et que la saison touchait déjà a sa fin en Corse. Les vols retours sur Paris étaient tout de même hors de prix et j'ai décidé de repartir en ferry dans la voiture d'Anael jusqu'a Nice et de prendre un vol du continent. On a tout de même eu le temps de faire la moitié de la pointe Nord Est de la Corse appelée le Cap Corse.
Juste avant d'atteindre Nonza, après un lacet bien serré, on voyait la route creusée en bord de falaise qui plongeait droit dans la mer. On a tout de suite eu la même idée tous les 2: est-ce que ça saute? On est allé vérifier ça avec la corde de canyoning et il y avait plus de 25 mètres. On a longtemps hésité car ni Anael ni moi-même n'avions sauté au delà de 20 mètres. Mais sans d'autres repères, on a préféré renoncer et continuer notre route. Apres le charmant village de Nonza perché sur le toit d'un piton surplombant la mer, on s'est trouvé une magnifique anse de sable paisible avec de l'eau turquoise où se poser. On a ensuite continué le long de la route jusqu'a tomber sur le petit village en bord de mer de Centuri dont le port est de toute beauté. Alors qu'on était penard a siroter un bon mojito, on commence a engager la conversation avec un serveur local qui nous raconte que l'endroit où l'on s'est arrêté en bord de falaise fait partie d'un spot connu des locaux qui le sautent régulièrement et même tête la première en plongeon. Il nous expliqua qu'il y avait 2 sauts: un en bord de route a 28m et un autre de 36m juste a cote. Jamais eu de blessés, il fallait juste prendre son courage a deux pieds pour sauter. Il n'était alors plus question de reculer pour nous deux. Il nous avait complètement convaincu. On a rebroussé chemin pour revenir sur le spot. Il y avait une certaine angoisse qui montait tout de même dans la voiture rien qu'a l'idée de se jeter du haut de cette vertigineuse falaise dans le vide. De mon cote, l'équation était simple. Je m'étais dit "si Anael le fait, je le fais!". C'est donc Anael qui est allé se positionner en premier au bord du gouffre. Je suis descendu dans l'eau au point de chute pour vérifier la profondeur de l'eau et sécuriser son saut: presque 6 mètres de fond! Pas de vent. Toutes les conditions étaient réunies pour que cela se passe bien. 28 mètres, c'est assez impressionnant d'en haut mais vu que l'on sautait dans le grand bleu et que ce n'était pas confiné comme un saut de canyoning, la sensation était moins effrayante. En revanche, d'en bas, je ne voyais Anael qu'en tout petit! Il a sauté et j'ai pu entendre un double impact dans l'eau. Le corps prend tellement de vitesse a cette hauteur que les jambes se transforment en guimauve et si on ne se raidit pas fortement a l'impact, elles ne freinent pas le reste du corps. Du coup, vu qu'Anael n'était pas tout a fait droit, le second impact avec l'eau fut son fessier! Ce fut si violent que sa combi se déchira de bien 20 cm au niveau du cul. Anael était ok même s'il avait pris cher et se plaignait des fesses! Les premiers mots qu'il eut furent "ne le fais pas, c'est trop haut!" De mon cote, s'il avait sauté, pas question de reculer. J'ai pris position et Anael n'arrêtait pas de me crier "gaines un max tout ton corps". Moi j'étais plus focusé sur le fait de bien finir droit comme un "i" avant l'impact. J'ai mis quelques dizaines de secondes avant de sauter. J'avais quand même une sacrée appréhension. J'ai alors regardé au loin le magnifique panorama qui s'offrait a moi et ça m'a permis de me calmer et de prendre mon impulsion. J'avais prévu de me mettre en position du gorille en mode freeze, toute nouvelle position que m'avait apprise Boris lors des 2 derniers canyoning mais après quelques mètres de chutes, j'ai senti que mon corps allait partir de cote si je ne bougeais pas et j'ai commencé a faire ce qu'on m'avait appris par le passé: le petit oiseau qui bat des ailes pour rester bien droit. Je me suis tout de même correctement tendu en "i" juste avant l'impact. Vu la vitesse que j'avais prise, je sentais que ça allait taper fort. A l'impact, je n'ai pas du tout penser a gainer mes jambes en mode béton armé et du coup, elles se sont complètement écrasées, la partie allant de mon pied au genou se pliant carrement a l'horizontale sur l'eau comme si je m'écrasais sur de la pierre. Du coup, ça m'a déséquilibré le haut du corps qui s'est mis encore plus de travers juste avant le second impact qui fut au niveau du milieu de mon dos. Je parle ici de quelques dizaines de centimètres, pas une grosse faute en soi et je suis tout de même rentré assez droit mais a cette hauteur/vitesse, la moindre erreur est décuplée et peut se transformer en catastrophe.
J'ai instantanément ressenti une douleur intense dans la colonne et j'ai même cru pendant un moment qu'elle s'était tout simplement coupée en 2. Hormis ça, tout allait bien et avec l'adrénaline, Anael tout comme moi, on est remonté tout gaiement et fier comme des gardons de notre exploit!
On a fait la route jusqu'a l'ile Rousse et c'est au resto, quand nos muscles se sont refroidis que l'on a tous les 2 ressenti les contre coups du choc. Anael avait du mal a marcher droit et moi je me tenais la colonne et avais l'impression que quelque chose s'était déplacé. Je sentais une énorme bosse sur l'épine dorsale de ma colonne vertébrale.
Il était tard et on n'avait pas d'autres choix que d'aller dormir. On s'est trouvé un bon spot de gitans sur un parking en bord de mer et on s'est écroulé juste après avoir monté la tente.
Je n'avais qu'une nuit a Nice avant de prendre mon avion retour et on est allé se faire un petit tournoi au casino de la ville: 120€ en freeze out deep stack 15000 jetons. Une quarantaine de joueurs. Ca ne jouait quasi que les grosses cartes et malgré quelques mauvais coups, j'étais bien a la table jusqu'a qu'une russe ne me destack sur un bad beat: too bad! Et Anael ne fit guère mieux...on est rentré tout fourbu comme 2 gros tocards.
Voilà comment mon petit trip corse prenait fin après tout de même de sacrées aventures, toujours aussi crazy avec ce sacré Anael. Je m'envolais pour Paris et devais préparer mon nouveau et dernier tour du monde: le 6eme autour de l'Oceanie!
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