Arrivé a Dar es-Salam, on se prit une chambre dans une auberge de jeunesse chrétienne, YMCA. On s'essaya a la night life locale qui fut assez agréable. Le lendemain matin, on prit un bus "de luxe" a 5h du mat direction Moshi.
A destination après 8h de trajet, Vince s'aperçut en descendant du bus que son petit sac a dos avait disparu, avec son appareil photo (dont les tofs de Zanzibar!), 300$ mais surtout son passeport ricain! Il avait gardé le sac sur le compartiment a bagage au dessus de nos têtes (alors que j'avais gardé le mien a mes pieds) et était descendu sans le prendre lors des pauses pipi! On decida de rester dans le bus pour aller a Arusha où il y avait un centre d'immigration où l'on pourrait gerer son visa.
On se pointa dans une auberge et on tomba sur 2 rabatteurs de l'agence Kili climbers. Elle nous avait été recommandée par un espagnol qui venait tout juste de finir avec eux et qui avait payé 1150$ pour la montée en 6 jours avec un guide, un cuisinier et 4 porteurs pour lui tout seul! Le prix restait vraiment compétitif mais c'était sur les tips qu'ils se rattrapaient: il avait payé 400$ de pourboire a toute l'équipe.
Je sentais tout de suite que les mecs étaient là pour nous arnaquer et après avoir pompé un maximum d'info, on leurs dit qu'on verrait demain. On leur raconta tout de même notre péripétie avec le sac a dos et c'est alors qu'ils se jetèrent sur l'occasion et se proposèrent de nous aider a faire les démarches "administratives" a la police le lendemain. On accepta et ils amenèrent Vince au poste de police faire sa déclaration, puis a l'immigration pour avoir un visa temporaire afin de ne pas être dans l'illégalité. Le voyage allait être assez perturbé pour Vince car la seule ambassade américaine se trouvait a Dar es Salam et ne délivrait un passeport qu'en présence du demandeur. Alors qu'on était a l'immigration, le mec de l'agence reçut un coup de fil de la police disant qu'ils avaient retrouvé le passeport. Vince se pointa sur place mais le policier ne trouva comme par hasard plus le passeport et réclama 200$ a Vince pour le chercher. Par l'intermédiaire du mec de l'agence, Vince s'en tira a 150$ mais ça sentait la magouille a plein nez entre le mec de l'agence et les policiers! Toujours utile qu'il avait au moins retrouvé son passeport.
On se sépara gentiment des mecs de l'agence et prit le bus pour Moshi. On décida de descendre a l'embranchement avec la route de Mashamé, une des portes d'entrées du parc du Kilimanjaro. Apres un transport en camionnette, minibus et moto, on arriva finalement a la porte d'entrée du parc et on tomba sur un ranger super cool qui nous expliqua exactement comment cela fonctionnait. On devait s'acquitter des droits d'entrées de 6 jours pour le parc que l'on y reste 3 ou 6 jours soit tout de même 690$ par tête. Il fallait aussi une vouncher d'une agence agréée ainsi qu'un guide obligatoire. Il nous recommanda une agence au nom de... Kili Climbers: la même que celle d'Arusha! On eut guère le choix et le ranger, qui finissait sa journée, nous proposa de nous amener directement a Moshi avec sa voiture pour voir le patron de l'agence.
2 heures plus tard et après quelques négociations, on s'en tira pour 950$ par tête mais tips inclus! Le mec avait voulu nous refourguer 6 porteurs mais on s'en tira avec un seul, par contre avec 2 guides, apparemment obligatoire si l'on est 2. A ce tarif là, on ne prit pas de cuisinier et on partit faire les courses au supermarché.
Le lendemain matin, on passa chez le "loueur" local qui nous donna tout ce qui nous manquait et nous voilà parti pour l'ascension du mont le plus haut d'Afrique culminant a 5895m.
Petite embrouille au départ du trek a la Machame gate (a 1800m d'altitude) où notre guide commença a nous dire qu'il fallait un 2eme porteur. On avait mis tous nos excédents de kg, principalement la nourriture, dans un seul sac a donner au porteur et cela faisait 16kg soit en dessous des 18kg max que l'on pouvait donner a chaque porteur. Le guide nous répondit qu'il avait lui aussi des kgs en trop ainsi que l'assistant guide. Je lui rétorqua que ça, c'était son problème et que s'il prenait une bouteille de gaz qui faisait déjà 8kg a elle toute seule, ce n'était pas a nous de payer un porteur pour cela alors qu'on avait nous-même notre propre gaz. Il appela le responsable de l'agence et cela prit plus d'une heure avant qu'il ne trouve une solution voyant que j'etais inflexible sur ce point. On démarra finalement le trek a 11h du mat, Vince avec 13kg sur le dos et moi 22 tout de même. Ca paraissait léger mais on a vite compris notre douleur après quelques heures de marche. On avait prévu de faire les 2 1ers jours en une seule journée afin de boucler l'ascension en 5 jours au lieu de 6. On traversa une foret tropicale humide assez dense, notamment peuplée de singes bleus lors de la 1ere partie jusqu'au refuge de Machame situé a 3000m d'altitude. Puis on sortit de la foret et le paysage changea du tout au tout pour une végétation plus sèche avec des bruyères et séneçons géants. On atteignit le refuge de Shira a 3800m d'altitude juste avant la tombée de la nuit après 7 heures et demi d'ascension eprouvante, mes epaules et mon dos en feu a cause du poids de mon sac.
On n'était pas les seuls sur la route de Machame. Pourtant la route principale, appelée Marango ou "Coca-Cola route", était censée être la plus commune mais on apprit par la suite que cette dernière était limitée par le nombre de lits en refuge alors que celle de Machame ne contenait que des sites de camping. Il y avait des centaines de tentes au campement et on apprit qu'on était 120 a tenter l'ascension ce jour-là et plus de 350 porteurs! On avait marché quasi toute la journée dans la brume mais notre campement était cette fois-ci située au dessus des nuages. En revanche, un vent glacial souffla toute la nuit et malgré le duvet super chaud que l'agence m'avait loué, je dus me recroqueviller a l'intérieur pour réussir a dormir quelques heures.
Le lendemain, on partit quasi les 1ers vers 8h du mat et on se fit doubler toute la journée par les porteurs, qui bien que beaucoup plus chargés que nous, allaient tout de même bien plus vite. On pouvait apercevoir l'arrière du sommet du Kili, a peine enneigé mais on devait faire le tour avant d'entamer l'ascension. On commença par rejoindre la Lava Tower a 4600m dans un paysage lunaire puis nous sommes redescendu a 4000m pour poser notre camp au refuge de Barranco, parfait pour bien s'acclimater après 6h de marche. Cette fois-ci, la nuit fut douce et sans vent, mais malgré tout, j'eus une terrible migraine qui dura une partie de la nuit probablement due a l'altitude. Je réussis a me rendormir quelques heures et au réveil, je fus frais comme un gardon.
La journée suivante ne fit que de 5h de marche afin de rejoindre le refuge de Barafu, le base camp avant l'ascension finale, situé a 4600m. On devait se lever a minuit pour attaquer la montée. J'échangea mon duvet avec celui de Vince, pas assez épais pour ce froid, il n'avait pas pu bien dormir ces 2 dernières nuits et était plus faible que moi.
On ne dormit que quelques heures et nous partimes a minuit 40, quasiment les derniers du campement, les plus lents ayant déjà démarré depuis 23h la veille. Je me sentais nickel et le vent n'ayant pas fait son apparition, la température, bien que fraiche était largement supportable. Le problème était qu'il fallait doubler tout le monde dont certains groupes de plus de 20 personnes alors que le chemin déjà bien incliné était également étroit. Vince a demandé a ce qu'on ralentisse la cadence alors que pour ma part, je trouvais qu'on n'allait pas bien vite. On ralentit tellement que je commençais a m'endormir debout et failli a plusieurs reprises tomber a cause de ça! Je demanda au guide de scinder le groupe et je partis a allure plus soutenue avec l'assistant guide. Apres 3h d'ascension, je m'aperçut que j'etais déjà en mode "rebirth" sans même l'avoir fait de manière intentionnelle. Je respirais en continue par la bouche et je me sentais déborder d'énergie. Des larmes commencèrent a couler le long de mon visage et je me mis a accélérer jusqu'a presque courir. L'assistant guide me retint par le bras et me dit que ça ne servait a rien d'arriver trop tôt au sommet car il y faisait généralement très froid et qu'on serait alors obligé de redescendre sans avoir eu le temps de voir le lever du soleil. Je pris mon "bien être" en patience, leva un peu le pied et on arriva sans encombre au sommet a 5h45 alors que la lumière du jour commençait a peine a percer la nuit d'une couleur orangée qui éclaira également un croissant de lune: splendide! Puis les glaciers qui nous entouraient se découvrirent ainsi que la mer de nuages qui coulait jusqu'a l'horizon. Je pus distinguer la pointe du Mont Meru placée a 4800m qui flottait au dessus des nuages.
Vince arriva enfin. J'avais eu peur qu'il ne puisse finir l'ascension et je le pris dans mes bras pour lui faire un hug et le féliciter mais il ne me répondit que mollement et manqua ensuite de s'écrouler a plusieurs reprises, visiblement exténué par les efforts produits a si haute altitude. Il avait l'air tout de même content mais un peu a l'image d'un homme ivre, il avait du mal a se tenir sur ses 2 jambes.
Il n'y avait plus un seul pet de vent au sommet et on y resta une bonne heure avant d'entamer la descente. J'essaya de montrer a Vince comment bien glisser sur la petite caillasse et c'est a ce moment là que ma cheville gauche se tordit avec tout mon poids du corps qui s'appuya dessus. Je ressentis une douleur intense instantanément et eus peur que la cheville soit cassée. Je descendis tant bien que mal a l'aide de mes 2 bâtons de marche et rejoignis le camp de base au bout de 2h.
On se reposa un peu et on reprit la route vers 11h pour engager la descente. Normalement, les gens font la descente en une journée et demi mais on préféra forcer pour finir le jour même. On repoussa nos limites. Vince avait mal aux genoux et était encore un peu perturbé par le mal d'altitude qu'il avait ressenti au sommet. Moi de mon cote, je m'aidais comme je le pouvais de mes 2 bâtons de marche que j'utilisais comme des canes. On arriva au gate a 17h après 8h de descente pénible. J'avais bien forcé sur ma cheville pour finir et effectivement, elle avait plus qu'enfler remettant peut être en cause la suite de mon périple...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire