De Waniok a Angguruk, il semblait n'y avoir qu'un pas. On pouvait même distinguer la piste d'atterrissage qui prônait au beau milieu de la vallée. Mais comme d'habitude dans les Highlands, on mit plus de 3h a l'atteindre dans des conditions de marche toujours aussi difficiles. Il me fallut au total 6 jours pour rejoindre Angguruk de Wamena, soit le temps standard qui était annoncé sur les forums. Un sacré trek, peut etre le plus éprouvant que j'ai eu l'occasion de faire.
Arrivé a Angguruk, je me mis en quête d'un traducteur. Il y avait une seule personne de tout le village qui parlait anglais et qui pu m'expliquer un peu les choses. J'étais assez inquiet pour le retour. Je ne me voyais pas faire le chemin en sens inverse et je savais que prendre l'avion d'ici était très compliquée et aléatoire. D'ailleurs un 1er vol arriva dans l'après-midi mais il était malheureusement déjà surbooké.
Il y avait un seul magasin dans tout le village, tenu par un indonésien super cool. Il était si surpris de me voir arrivé dans de telles conditions (il faut dire que je lui ai commandé un certain nombre de paquets de biscuits, tellement j'étais en manque de sucre!) qu'il m'a offert le déjeuner avec lui: du riz, des legumes, des oeufs et meme de la viande, un grand luxe auquel je n'étais plus habitué! Il m'a proposé de rester dormir chez lui gratos en attendant qu'un vol ne vienne. C'était parfait!
Je suis parti visiter le coin et notamment les hauteurs d'Angguruk d'où l'on avait une vue saisissante sur la vallée et 2 autres corridors coincés entre les montagnes qui menaient encore plus loin dans la jungle. L'un d'eux menait directement a Dekai, le point de départ pour rendre visite aux tribus Korogai qui vivent dans la cime d'arbres géants. Malheureusement le trajet jusqu'a Dekai était annoncé sur 3 semaines de marche. Je ne me voyais pas me taper un tel périple supplémentaire mais finalement entre ça et faire demi tour pendant 6 jours, s'il n'y avait pas d'avion de dispo, ça se réfléchissait...
Il y avait un hopital a Angguruk et je fis la connaissance des internes indonésiens qui avaient été envoyés ici en stage. Ils m'ont pris sous leurs ailes et m'ont fait faire la visite de leurs installations, extrêmement vétustes, avant de m'inviter a passer une soirée chez eux, au son de leur guitare et de leurs chants. Il faut dire que dès qu'il fait nuit, il n'y a plus grand chose d'autre a faire ici vu qu'on est seulement éclairé a la lumière de bougies.
Le lendemain, Angel, mon touriste italien est arrivé avec sa guide et ses 2 porteurs. Ils avaient réussi a éviter le sommet du mont Elit en passant par la foret mais au final, ils avaient tout de même été plus longs que moi bien que j'avais plutôt pris mon temps depuis 3 jours.
Welly la guide locale m'invita a dîner chez son oncle qui habitait Angguruk et dont la femme était le docteur du village. Les gens étaient vraiment tous super accueillants avec moi et bien qu'ils n'avaient pas grand chose a offrir, ils le faisaient toujours de bon coeur et ce malgré une communication plus que réduite vu le soi disant barrage de la langue.
Le lendemain, un petit avion privé a atterri avec a son bord un groupe de 5 bénévoles australiens qui venaient soi disant apporter de l'aide aux locaux a travers une association caritative. De bons australiens bien gras et pas vraiment rodés a ce genre de voyages, la communication avec les locaux passaient moins bien et ils ne comprenaient pas que les enfants n'aient pas envie de jouer avec les ballons de football ou les freesbies qu'ils avaient apportés! Je parti faire une balade avec eux de nouveau sur les hauteurs d'Angguruk et c'est à que je m'aperçus vraiment de leurs intentions. C'était de vrais citadins qui venaient, sous couvert de leur association, faire du voyeurisme malsain, afin d'avoir plein d'histoires a raconter a leurs collègues. Pas vraiment ma tasse de thé mais bon, ca me faisait du bien de parler enfin avec des gens qui me comprenaient...tout du moins les mots qui sortaient de ma bouche! Lors de la montée, il y en a même une qui s'est mise à gerber, trouvant la cote trop pentue alors qu'on venait de débuter la marche depuis 1/4h! Le lendemain matin, ils avaient déjà leur avion qui revenait les prendre pour un retour a Jayapura: super leur visite dans les Highlands!
Malheureusement, pas de place pour moi dans ce vol. Le lendemain, il n'y eut aucun vol, le surlendemain, 2 vols mais tous les 2 surbookés. Il faut dire qu'a cause du crash d'un avion dans la vallée quelques jours plus tôt, il y avait plusieurs familles qui devaient être acheminées a Wamena pour une cérémonie. Ca ne sentait pas bon du tout pour moi ça...De plus, rien n'était clair. On me disait qu'un avion arrivait, puis 5 minutes avant d'atterrir, alors que tout le monde était prêt a embarquer avec leurs nombreux bagages, le pilote change d'avis au dernier moment pour aller atterrir au village d'après. L'hallu complète!
Finalement, après 4 jours passés en désespoir de cause, un avion, même pas prévu, est passé par là et alors qu'il était de toute façon surbooké, le pilote, un jeune néo-zélandais, m'a vu attendre sur le tarmac et est venu a ma rencontre. Il était étonné de voir un blanc ici qui plus est sans guide. Il m'a fait monter devant avec lui alors que d'habitude il ne prend les passagers que derriere, ne faisant pas trop confiance a la manière de réagir des autochtones dans les airs! Quelle chance j'ai eue ce jour là.
De plus, le vol dans lequel je montais allait justement a Dekai. Ca m'évitait de repasser par Wamena voire Jayapura pour une connexion. Et pour couronner le tout, le vol fut juste somptueux. On survola a basse altitude une autre partie des highlands avec une foret qui avait l'air encore plus vierge que ce que je venais de traverser et des montagnes acérées de toute beauté. Quand meme plus confortable assis dans son siege a regarder d'en haut que d'aller s'embourber dans la gadou et y passer 3 semaines de marche intense! Puis d'un coup, la foret se fit moins dense et on aperçut un large fleuve suivi de près par la ville de Dekai...
lien vers la vidéo Flight over the Highlands
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