Parti comme une trombe en plantant mon équipe de guides/porteur sur place, je suis redescendu a toute vitesse pour ne pas qu’ils voient dans quelle direction j’allais repartir. Au bout d’1/2h, j’ai vu qu’ils n’étaient plus qu’a quelques centaines de mètres de moi. J’ai accéléré la descente et ai pris complètement a droite le long de la vallée d’Hushe en longeant un ancien canal.
Au bout d’1h de marche, j’ai rencontré un groupe de 4 touristes pakistanais qui revenait justement de Gondogoro La avec mon agence. Il y avait tout d’abord un des porteurs qui était venu avec moi le tout 1er jour dans la vallée d’Humbrok. Il m’a demandé comment j’allais et je lui ai dit « ok, je vais au K7 BC », histoire de noyer le poisson. Puis 1h plus tard, je rencontre la fin de ce groupe avec l’oncle d’Issac, un des responsables de mon agence. Il m’a demandé où j’allais. Je lui ai répondu la même chose et il m’a demandé « tout seul? » d’un air etonné. Je lui ai montré une photo de mon groupe en lui disant qu’on n’avait pas pu aller plus loin a Baushul et qu’on avait du coup décidé d’aller au K7 BC mais qu’il manquait un sac de nourriture et que les autres étaient retournés a Hushe et Nabil allait me rejoindre avec le sac. Ca ne lui a pas semblé trop bizarre et il m’a dit « mais tu t’arretes a Saicho pour y passer la nuit et attendre Nabil, n’est-ce pas? ». Je lui ai repondu « bien sur » et ai pu continuer ma route. Je suis passé a 2 doigts de me faire stopper là!
Saicho est le 1er arrêt habituel que l’on fait après Hushe quand on va dans la direction de Gondogoro ou K7 BC, situé entre 3h et 5h de marche. Mon intention n’était surement pas de m’arrêter là car je savais qu’une fois repris, ils ne me laisseraient pas aller au Gondogoro sans le walking permit.
Du coup, arrivé a hauteur de Saicho, j’ai vu les 1ères tentes apparaître et ai discrètement contourné le campement en faisant un leger détour pour que personne ne me voit. Cela changera tout pour la suite...
Le temps n'était pas terrible et je me suis dit que j’avais vraiment pris la bonne décision car de toute façon, on aurait été coincé sur la montée du Baushul avec un temps pareil. Je savais que c’était très court pour tenter la montée au col du Gondogoro et qu’il ne fallait pas que je traîne si je voulais avoir une chance de passer. Il faudrait aussi que le temps me soit clement ce qui n’avait pas l’air d’en prendre la tournure pour le moment. La pluie a fait son apparition mais cela m’a juste ralenti un peu.
Mon sac était tout de même très lourd, plus de 20kgs et je sentais son poids cisailler mes épaules. J’ai fait une pause vers 11:30 planqué a l’écart du chemin principal alors que l’on avait commencé a 6:30 le matin et que je leurs avais faussés compagnie a 7:30. Une bonne sieste d’1/2h sous un arbre a laisser passer la pluie puis je repartais. Je savais qu’il fallait que je laisse encore plus de distance que ca entre mes éventuels poursuivants et moi en partant sur la base qu’ils devraient partir d’Hushe puis iraient probablement sur la fausse piste au K7 BC avant de reprendre ce chemin ce qui me laissait une bonne marge tout de même.
Mon idée était de dépasser au moins Dalsampa, situé a 4170m d’altitude et de me rapprocher le plus possible de Kuispang (4700m). J’ai marché jusqu’a n’en plus pouvoir. J’avais tout de même la pression car il fallait que je trouve un terrain suffisamment plat et grand pour y caler ma tente avec une source d’eau à proximité pour que je puisse me faire à manger et tout ca avant la nuit. J’ai trouvé l’endroit parfait vers 16:30 alors que j’étais a un peu plus de la moitié du chemin entre Dalsampa et Kuispang a vu d’oeil a vol d’oiseau d’après la carte que j’avais prise en photo a l’entrée du parc. La nuit tombe vers 19h/19h30 et j’avais deja marché 10h aujourd’hui. J’avais mon compte!
Au niveau nourriture, je me savais un peu short. Il allait falloir rationnaliser. J’avais récupéré le reste du riz et il y en avait pour 2 portions. Je me suis fait une soupe et la moitié du riz et cela allait me suffire pour le dîner. J’avais longé quasi toute la journée le glacier du Gondogoro par la droite et ce dernier allait faire une courbe le lendemain. D’après la carte, il devrait y avoir plus de marche sur glacier demain soit pas vraiment ma partie préférée car c’est souvent plein de roches qui se derobent sous les pieds. Il fallait absolument que je garde la trace du chemin principal et ne pas m’en éloigner pour ne pas me perdre. Facile a faire sur de la piste, surtout que le chemin est tout de même assez fréquenté (plutôt dans l’autre sens d’ailleurs, a savoir d’Askole a Hushe) mais une toute autre paire de manche dans un pierrier sur glacier où il faut soit repérer les petites pyramides de pierres laissées là par des prédécesseurs bien intentionnés soit essayer de repérer les pierres plus ou moins tassées par le passage continu des marcheurs. Mais vu que ca monte et ca descend avec des crevasses dans tous les sens, j’ai du m’y reprendre a plusieurs fois lors de mon approche de Kuispang qui a été au final beaucoup plus longue que prévu. J’ai pourtant démarré a 5h30 du mat et pensais y être au bout de 2h mais n’ai atteint mon but que vers 10h soit après presque 5h de marche. Il y avait plein de porteurs a Kuispang qui attendaient leurs clients qui faisaient la traversée du col. Cette dernière dans le sens « normal » d’Askole a Hushe se fait a partir du « Ali camp » situé de l’autre coté avec un départ vers 1am pour espérer arriver au lever du jour vers 5am au col du Gondogoro et ensuite entamer la descente jusqu’a Kuispang.
J’ai eu le droit a plein de questions, toujours les mêmes de la part des porteurs et mon baratin avait l’air de tenir a peu près la route. Je disais que je faisais partie de mon agence et que Taki, qui était connu de tous ici, mon guide initial, a eu un problème a l’estomac et a du rebrousser chemin. Par chance, Kuispang contient ce qu’ils appellent une « cantine », a savoir qu’il y avait un mec qui vivait là a plein temps pendant la saison et tenait une petit boutique: Providence, j’étais sauvé, au moins coté estomac. Je lui ai pris 2 oeufs (depuis le temps que je n’en avais pas mangé: miam!), 2 sachets de noddle et un paquet de gateaux pour mon prochain petit dej.
On pouvait voir la fin de la vallée et les murs qui l’entouraient mais pas vraiment le col qui devait se cacher quelque part entre ces pointes. Ca avait tout de même l’air de monter bien a pic. J’avais entendu parler d’une corde fixe qui est installée pour la saison et qu’il fallait payer 10,000 roupies pour l’utiliser soit 65€ tout de même.
Le temps était couvert et il n’y avait aucun intérêt de tenter une ascension maintenant. Le tenancier m’a proposé de monter ma tente dans un coin de son campement. Je me suis exécuté et a peine fini, les 1ers trekkers qui venaient de faire la traversée arrivaient. J’ai discuté avec un espagnol sympa qui faisait partie d’un groupe cosmopolite composé de 2 polonais, d’un chinois, 2 autres espagnols et un américain. Il m’a dit que la montée et la descente était assez dure, qu’on avait parfois de la neige jusqu’au bassin. Pour lui, qui avait été le plus rapide de son groupe, il fallait 4h a 5h pour la descente et a peu près pareil pour la montée, ce qui concordait avec ce que m’avaient dit les porteurs presents sur le site.
Vu le temps, mon plan était de me reposer et d’éventuellement tenter une ascension nocturne si je voyais des étoiles dans le ciel pendant la nuit, avec un départ vers 1h du mat pour arriver au sommet pour le lever du soleil. Pas un de mes plans favoris tout de même. Je n’aime pas marcher de nuit a la frontale et encore moins quand je suis seul et que je ne connais pas le chemin. Par contre, ca avait l’avantage de m’alléger mon sac au maximum vu que j’allais laisser la tente là et donc de pouvoir monter plus sereinement, surtout que le col est tout de même annoncé a 5600m d’altitude.
Du coup, après m’être fait mes oeufs durs et une petite sieste, je suis allé me ballader au sommet d’une colline pour y admirer notamment le magnifique peak Leila a la forme si particulière. Et dire que des espagnols sont venus l’année passée l’escalader pour le redescendre a ski!
Le temps ne s’arrangeait toujours pas et je suis reparti dans ma tente refaire une sieste. Il était 14h quand le ciel a commencé a montrer du bleu avec un peu de soleil. J’aurais pu partir là et poser ma tente au sommet du col mais je ne me voyais pas me taper la montée a pleine charge et je voulais être sur que le beau temps allait se maintenir.
A 15:30, un des porteurs qui parlait a peu près anglais est venu me voir pour me dire que le tenancier voulait que je lui paie 5000 roupies soit 35€ pour pouvoir passer la nuit ici car tous les groupes payaient ce prix! Je lui ai répondu que je n’avais pas cet argent (il ne me restait que 2000 roupies en poche et sinon des euros) et qu’au vu du prix, je préférais aller camper plus loin!
Du coup, j’ai plié bagage et suis reparti. Au vu de l’heure avancée de la journée, je n’avais que 2 solutions qui s’offraient a moi: - soit aller camper plus loin genre au pied de la montée du col et il m’avait semblé avoir distinguer des terrains plats au loin,
- soit tenter la montée maintenant en sachant qu’il y avait de grandes chances que je termine de nuit.
Je me suis dit que je déciderais en chemin selon les emplacements que je trouverais. J’ai mis 2 bonnes heures de marche d’approche pour finir de longer le glacier et je suis effectivement passé plusieurs fois sur des emplacements possibles pour ma tente mais a chaque fois, je me disais « encore un peu plus. Cela fera moins a marcher dans le noir le lendemain matin ». En calculant bien, si je mettais 5h depuis Kuispang en étant parti a 15:30/16h, ca me faisait arriver a 20:30/21h soit 1h30 de marche a la frontale alors que si j’attendais et partais a 2h ou 3h du mat le lendemain au pied du col, ca me faisait tout de même 3h dans le noir avec en plus un délai d’attente au sommet si j’arrivais trop tôt avant le lever du soleil ou une possibilité de le rater si je mettais plus de temps.
Au vu de ces données, le choix était vite vu et j’ai démarré l’ascension. J’avais omis dans mes calculs 2 paramètres non négligeables et qui allaient me coûter cher:
- le 1er, l’heure de l’ascension. En partant en fin de journée, je n’aurais pas de la glace bien dure pour que mes crampons accrochent bien dedans mais de la neige toute mole dans laquelle j’allais m’enfoncer ce qui allait rendre mon ascension extrêmement plus fatiguante et plus risquée aussi car mes crampons adhéreraient beaucoup moins.
- le 2eme, mon degré de fatigue. J’avais démarré tout de même a 5:30 du mat et avais deja 5h de marche dans les pattes + 2h d’approche. Avec l’altitude, ca n’allait pas aider.
L’ascension démarrait par une longue traverse, ce que je déteste le plus car c’est là que l’on glisse le plus. Il y avait tantôt des passages en pierres tantôt en neige et du coup, je n’ai pas mis mes crampons tout de suite. Grossière erreur: lors d’une transition pierre a neige, a peine avais-je mis le pied sur la neige que je me suis retrouvé sur une plaque de glace qui m’a fait directement tomber. Je me suis retrouvé en une fraction de seconde sur les fesses en train de dévaler la pente dans le vide. Ca m’a tout de suite rappelé mon experience en Albanie où il m’était arrivé la même mésaventure et j’avais glissé sur 30 mètres avant de me retrouver dans une crevasse sans avoir eu le temps de réagir. Ici en revanche au bout de 3 mètres de glissade, j’ai pris mon courage a 2 mains, me suis retourné et ai planté mon piolet dans la glace tout en essayer de freiner ma chute avec les doigts de l’autre main qui s’enfonçaient dans la glace. Je suis parvenu a m'arrêter 5m plus bas. Ouf, ce n’est vraiment pas passé loin d’une mauvaise catastrophe car a cet endroit là, je dévalais dans le vide sous 200 mètres peut être.
Du coup, j’ai enfilé mes crampons en plein montée et ai poursuivi mon ascension. J’aurais voulu me changer, rajouter un collant et mettre mon pantalon de pluie par dessus mon pantalon de trek afin de ne pas être trempé mais impossible ici vu la pente et je ne pouvais pas m’arrêter plus de 5’ car la température avait bien diminué et j’avais très vite froid. Le temps avait tourné mauvais et il commençait a neiger alors que la lumière du jour se faisait de plus en plus faible. Ca sentait le scénario catastrophe. Je me suis même dit a un moment qu’il était peut être plus sage de redescendre, surtout qu’il n’y avait pas d’intérêt de monter si le temps était couvert, lorsque j’ai aperçu le bout de la corde a une cinquantaine de mètres au dessus de moi. Yes, avec elle, je ne pourrais a priori plus me perdre et devrais arriver sain et sauf au sommet. C’était sans compter sur l’état de la neige qui, comme je l’ai souligné auparavant, était totalement molle. A chaque pas que je faisais un pas, je m’enfonçais sur un mètre, mes crampons glissaient et au lieu de faire un pas de 50cm, j’en faisais 10cm ou bien pire je reculais! Cela m’a demandé un effort surhumain d’avancer avec en plus le piolet dans une main mais qui ne me servait pas a grand chose dans une telle neige et la corde de l’autre qui pouvait facilement me glisser du bout des doigts a la moindre fausse manip. Je n’avais pas pris mon harnais que j’avais laissé a mes chers porteurs du Baushul pensant que ca allait trop m’alourdir. Vu en plus la mauvaise expérience vécue quelques minutes plus tôt, je peux vous dire que je n’en menais pas large. Mes chaussures étaient totalement trempées et de la neige s'était infiltrée a l’interieur. Je commençais a avoir les doigts de pied congelés. Il ne fallait pas que ca traine trop mais j’avançais si doucement, en plus avec l’altitude, j’avais le souffle court. La nuit a commencé à tomber et c’est là où j’ai en plus eu un coup de pompe. J’ai senti que je n’avais plus d’énergie. J’ai essayé d’avaler un bounty mais même ce dernier ne passait pas. J’avais la bouche toute pâteuse et quasi plus d’eau. Le scenario catastrophe. Je me suis vu y rester et mon moral était au plus bas. Puis j’ai aperçu au dessus de ma tête a une cinquantaine de mètres un piquet en bois qui avait l’air d’avoir été planté là. Peut être le sommet. Ca me paraissait tout de même tôt. J’ai regardé l’heure: 19h45, soit 4:15 que j’étais parti de Kuispang. Ca me paraissait court. Je me suis arraché jusqu’à ce piquet et effectivement, c’était bien l’arrivée. J’étais sauvé.
Encore fallait-il que je trouve un coin pour poser ma tente alors que j'étais dans une quasi mini tempête. Ca neigeait avec un vent très fort et il faisait nuit noir. Par chance, il y avait juste un petit croissant de lune qui réussissait a percer les nuages et qui me donnait un minimum de lumière. C’est ainsi que j’ai distingué une tente posée là et alors que je m’en approchais, un mec en est sorti pour venir m’aider. Il s’agissait de l’equipe de rescew. Ils étaient 2 et camper ici a plein temps pendant la saison. Malgré le bruit de la tempête, ils m’ont entendu respirer avec le boucan que je faisais.
Ils m’ont trouvé un coin, le seul autre possible sur le col, où poser ma tente et l’un d’eux m’a prêté main forte pour la monter pendant que l’autre est allé me preparer une boisson chaude. Les sardines de ma tente n’arrivaient pas a pénétrer dans la glace trop dure et encore heureux qu’il y avait un petit muret en pierre que je me suis empressé de démonter pour m’en servir avant de maintenir ma tente.
J’avais les mains et les pieds frigorifiés et la tasse de thé m’a fait du bien. C’était 2 jeunes super sympas. Ils m’ont proposé de rester dans leur tente et de manger mais je leurs ai dit tout fier que j’avais mon matériel. Je ne l’avais pas monté pour rien non plus! Ils n’ont pas oublié de me demander de payer pour la corde. Je leurs ai payé en euros avec un petit pourboire de 10€ chacun pour m’avoir sauvé la vie!
La nuit fut glaciale. Bien que mon thermorest, mon tapis de sol gonflable, me protège de l’humidité de la neige, je n’avais pas pris le modèle special neige qui était plus volumineux et je l’ai grave ressenti. Le froid arrivait a passer sur les points de contact où je m’enfonçais le plus dans le matelas comme le dos ou les pieds. Du coup, j’ai du mettre mon manteau coupe vent sous mon matelas pour pouvoir dormir. Le vent soufflait fort et avec la neige qui tombait, ca faisait un vacarme d’enfer. Ca ne s’annonçait pas top pour le lendemain.
Et pourtant, j’ai été réveillé par les 1ers porteurs qui traversaient le col a 5h du mat et quand je suis sorti, grand beau, ciel bleu et horizon complètement dégagé: le miracle!
Ou du moins, les efforts qui ont porté leurs fruits et ont payé. Je me suis habillé et ai fini de gravir les dizaines de mètres du sommet pour voir l’autre coté: grandiose. J’avais quasi tous les 8000m du Pakistan qui me faisaient face. De droite a gauche, G1, G4, G3, G2, puis Broad Peak et enfin le fameux K2. J’avais attendu si longtemps pour le voir et il montrait enfin le bout de son nez, culminant tout de même a 8650m, majestueux, telle une énorme pyramide qui domine le monde. Un très beau moment.
Puis la valse des trekkers s’est intensifiée. Des qu’un groupe repartait, un autre arrivait. J’étais finalement content de ne pas l’avoir fait dans le sens normal. J’ai bien pris mon temps, ai attendu que le soleil dépasse G1 pour voir ses rayons marqués les autres sommets avant de remballer mon matos et d’entamer la redescente. Tous les porteurs qui passaient par là étaient étonnés de voir une 2eme tente a coté de celle de la rescew team. A priori, ca ne doit pas arriver si souvent.
Le retour sur Kuispang fut bien plus aisé. La neige étant comme prévu beaucoup plus dure, ce fut presque un jeu d’enfants pour faire le trajet inverse. De mon cote, j’ai préféré passer par le blanc du glacier en allant tout droit, faisant fi d’éventuelles crevasses cachées sous des ponts de neige, plutôt que de repasser devant ces mécréants du camp de Kuispang, qui ont failli me couter la vie hier, bien qu’au final, je devrais plutôt les en remercier.
On était le 19/07 et j’avais une jeep retour pour Skardu qui m’attendait a Hushe le 20/07 au matin. J’avais encore un peu le temps mais il ne fallait pas trainer. J’ai marché sur le glacier pendant 3 bonnes heures avant de reprendre le sentier de terre. C’est là que je me suis fait attraper aux jumelles par le responsable de mon agence a Hushe. Ca faisait 3 jours qu’il me cherchait en compagnie des policiers d’Hushe. Ils sont allés jusqu’a Saicho le jour même, ont demandé aux gens si ils ne m’avaient pas vu et sont allés jusqu’au camp de base de K7 sans bien sur m’y retrouver. Ils ont ensuite retrouvé mes traces de chaussures dans le sable qui montraient que j’avais contourné Saicho et sont remontés jusqu’a Dalsampa avant que la nuit ne tombe. J’avais réussi a leurs échapper d’a peine 2h d’avance. Les policiers étaient tres remontés et énervés d’avoir passé 3 jours a me chercher dans la nature. On m’a expliqué que si quelque chose m’était arrivé, non seulement Issac, le responsable de l’agence serait allé en prison mais aussi ces policiers pour négligence. Pour le moment, je risquais si les policiers remontaient le problème a leurs supérieurs une note sur mon dossier qui m’empêcherait de demander un visa de nouveau pour le Pakistan. Je risquais aussi l’expulsion immédiate. Du coup, ils m’ont fait redescendre jusqu’à Hushe le même jour, sachant que j’avais commencé a descendre du col a 6:30am et qu’on est arrivé a 17:30, ca m’a fait 11h de marche forcée avec le sac a dos rempli.
Arrivé a mon auberge habituel a Hushe, le chef de la police locale m’a réprimandé et a dégagé les jeunes du coin qui étaient tous venus me féliciter de mon «exploit », a priori le mot était passé assez vite dans le village. Meme le proprio de la pension était au tacquet. Il m’a offert a manger et m’a même proposé de passer une nuit en chambre gratuitement.
Côté administratif par contre, ca avait l’air plus chaud, ils ont appelé Issac et comme celui-ci n’était pas joignable car parti sur le plateau de Deosai avec des clients, des policiers sont allés le chercher directement sur le plateau! Il a du faire le trajet en jeep jusqu’ici, soit 5h de route pour s’expliquer devant les policiers d’Hushe.
On s’est tous réunis le soir autour d’une table et les discussions ont duré une plomb le tout en dialecte local. Au bout du compte et grace a ses contacts haut placés, Issac a réussi a obtenir un classement de l’affaire. Il a été appuyé par le préfet du district, un de ses amis d’enfance, pour produire un faux permis de marche jusqu’a Kuispang. Il a du ensuite donné un dessous de table de 6000 roupies aux policiers pour ne pas qu’ils remontent l’affaire. Il m’a dit de ne surtout pas dire que j’avais été jusqu’au col de Gondogoro et tout est rentré dans l’ordre.
Issac n’était finalement pas trop fâché ni rancunier par cette histoire, on s’est même dit qu’on se revoyait l’année prochaine pour la vraie ascension cette fois: celle de K2!!!
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