Revenu sur Wewak, il devenait urgent que je passe a la banque. En effet, j'avais bloqué ma dernière carte bleue quelques jours plus tot a Karvieng et je commençais a être a court de liquidité. Le seul moyen que j'avais trouvé était de me faire envoyer de l'argent via Western Union par mon frangin. Je pensais initialement avoir suffisamment de sous pour tenir jusqu'au passage de frontière terrestre entre la Papouasie Nouvelle Guinée et la Papouasie Occidentale (les 2 étant situées sur la meme ile de Nouvelle Guinée) et avais alors demandé a mon frangin d'envoyer les sous a Jayapura en Papouasie Occidentale. Cette partie de Nouvelle Guinée a été rattachée a l'Indonésie en 1962 suite a un accord avec les Pays Bas qui détenait officiellement cette "colonie". Or mon cher frangin a mentionné la "Papouasie" quand il a viré l'argent ce qui a été enregistré comme la Papouasie Nouvelle Guinée en terme de pays. Je n'avais du coup d'autre choix que de retirer l'argent en Papouasie Nouvelle Guinée en devise locale puis a changer l'argent a la frontière en roupies indonésienne. Pas terrible au niveau des frais des intermédiaires mais je n'avais guère le choix. Il n'y a pas de guichet Western Union a proprement parlé en PNG, seulement des comptoirs dans les agences de la banque nationale. Le problème de ce genre de guichets est qu'il y a une queue monstre. Les locaux, pour la plupart des paysans ou pêcheurs, y viennent une fois par mois pour retirer ou déposer de l'argent et y passent allègrement la journée entière pour y faire la queue!
Encore heureux dans l'agence de Wewak, il y avait un guichet dédié Wester Union et je n'ai attendu qu'une petite heure et demi avant que l'on ne s'occupe de moi. La responsable de la banque est venue spécialement se pencher sur mon cas car il y avait un problème pour me donner les sous. Ils devaient indiquer mon no de visa dans la procédure. Or j'étais rentré par bateau par Bougainville via les Solomons et n'avais eu qu'un stamp d'un custom officer mais pas d'un immigration officer (je ne connaissais même pas la différence a l'époque!). A priori pas suffisant pour me donner les sous. La directrice d'agence était en contact avec le siege a Port Moresby et m'a fait patienter plus de 2h de la sorte alors que j'avais mon gros sac a dos sur le dos! Midi approchait et je commençais a avoir faim. De plus, je devais aller faire des provisions avant de démarrer mon trip sur la Sepik River qui pouvait être assez onéreux si l'on n'était pas en autonome. J'étais en plus passablement échaudé par la situation et ai alors dit a la guichetière que j'allais sortir me restaurer pendant une heure et que j'allais laisser mon sac dans un coin où elle pouvait garder un oeil dessus car je ne me voyais pas me balader en ville avec un sac de 25kg sur le dos. La guichetière ne voulait pas garder mon sac mais je ne lui laissais pas le choix. Je posa mon sac dans un coin de la salle d'attente, lui intima de garder un oeil dessus et sortit bien énervé. Il faut savoir que j'avais deja laissé une partie de mes affaires dans l'auberge de jeunesse et que je n'avais pas pris mon petit sac a dos par soucis pratique. D'habitude, je me trimballe tout le temps avec mon petit sac a dos où toutes les choses importantes et de valeur sont dedans mais pas cette fois. Erreur qui allait me couter tres cher mais je ne m'en aperçu pas tout de suite...
Je me baladais donc en ville, fis du shopping et pris des provisions et revins 2h plus tard a la banque où la boss me fit attendre une bonne heure de plus pour finalement me dire de repasser le lendemain car elle devait avoir une validation des immigration officers qu'elle avait contactés ici a Wewak. Ca ne sentait pas bon du tout. Je lui ai dit que je partais en trip sur la Sepik River et que je repasserais a mon retour.
J'ai attendu plus de 2h le minibus pour aller sur Pagwi mais il ne vint jamais! Pourtant je n'étais pas le seul a attendre et finalement les autres passagers se sont regroupés pour charteriser un pick up et j'ai pu m'y incruster. Pratique au détail près que les gens n'allaient pas a Pagwi mais au 3/4 du chemin a Maprik. Les locaux me dirent qu'il me serait ensuite facile de me trouver un transport pour Pagwi. En revanche, ce qu'ils n'ont pas mentionné, c'est l'heure d'arrivée a Maprik. En pleine nuit a 1h du mat! Pas le plus safe dans un pays comme PNG et j'en savais quelque chose après mon expérience dans les Highlands. Du coup, le chauffeur m'a déposé au poste de police et je suis resté là a attendre que la nuit passe. Il y avait bien un ou 2 hotels où passer la nuit mais il était hors budget. Vu le problème a la banque, j'étais vraiment trop ric rac. J'ai commencé a taper la discute avec Martin, le policier en fonction et lui ai demandé si je pouvais poser ma tente devant le commissariat pour y passer la nuit au chaud. Je crois qu'il a eu pitié et après une demi-heure de discussion, il m'a proposé de faire la dernière tournée avec lui en voiture puis de m'héberger chez lui: trop cool!
Du coup, j'ai pu voir les coins un peu pourris de Maprik puis on est passé chez lui où sa femme nous a servi le diner avant de me montrer ma chambre. Rien que du tres basique mais ca m'a quand meme bien dépanné pour la nuit.
Martin avait son jour off le lendemain et il m'a proposé de m'emmener dans les environs pour visiter les Haus Temborrangs. Il s'agit de maisons aux esprits où les anciens viennent se recueillir ou demander conseils. On en a fait une et après avoir acquitté de l'obole, non sans négocier, avec le chef de tribu, ils m'ont fait la visite qui s'est avérée assez mystique et un peu flippante.
Martin m'a ensuite ramené en ville où le marché démarrait a peine. On a essayé de trouver un minibus pour Pagwi mais aucun transport en vue. Du coup, Martin m'a emmené direct jusqu'a Pagwi, soit près d'une heure de route: vraiment cool de sa part!
On est arrivé a Pagwi et c'est là que j'ai compris ma boulette. J'étais complètement a contre sens du flot des locaux. Eux allaient tous au marché a Maprik et j'ai donc du attendre toute la journée qu'ils reviennent pour pouvoir monter dans une embarcation qui allait où je voulais.
La Sepik river est énorme et il est quasi impossible de faire la visite de la totalité. Les tribus sont disséminées un peu partout et on peut découper l'endroit en 3 partie: la lower, la middle et la upper river. Je voulais commencer par la upper river, la moins touristique, avant d'éventuellement redescendre vers la lower river. J'ai pu me dégoter une embarcation qui allait directement là où je voulais aller, sur le lagon Wagu.
Le trajet fut épique, les 3 quarts se firent de nuit et je me suis demandé comment ils faisaient pour naviguer a travers des petits cours d'eau sans aucune lumière. On a du s'arrêter a plusieurs reprises en chemin déposer des passagers et a chaque fois qu'on était a l'arrêt, les moustiques nous tombaient dessus telle une fourmilière. L'anti-moustique ne suffisait pas et je n'ai trouvé qu'une grande serviette pour me couvrir le corps en mode foetus en attendant que l'on reparte. Il faut dire que l'endroit est particulièrement réputé pour la virulence des moustiques. A tel point que dans certaines tribus, ils le vénèrent comme un dieu et lui érigent meme des statues.
Arrivé a bon port, j'ai fait la rencontre de Matthew, le chef du village, et également le proprio de la seule structure recevant des touristes sur le lagon. Il m'a logé dans un grand bungalow en bois posé sur pilotis qu'il avait monté exclusivement pour les visiteurs. Et pourtant, on aurait dit que ca faisait un bout de temps qu'ils n'avaient pas eu de visite! Matthew était la seule personne du village avec un anglais suffisamment correct pour qu'on puisse avoir une conversation suivie. On est parti de tres bon matin a bord d'une de ses pirogues a la recherche des birds of paradise, l'emblème de la PNG, qu'on a pu apercevoir, après une petite rando dans la foret mais d'assez loin.
De retour au village, j'ai eu la chance d'assister a la confection des pancakes de sago,réalisés entièrement avec un certain type d'arbre, le sago. Vraiment intéressant de voir a quel point l'homme peut être ingénieux et se débrouiller avec vraiment peu de choses. En revanche, au niveau du gout, ils repasseront. C'était assez infecte et fade.
Matthew était en train de construire une seconde maison car il venait de prendre une 2eme femme. Les habitants de Papouasie sont polygames et il n'est pas rare pour un chef de tribu, d'avoir un nombre important de femmes afin d'avoir une descendance suffisante pour assurer les responsabilités du village.
J'ai fait un petit tour guidé dans le village et j'ai eu une scene assez surréaliste lorsqu'un enfant d'a peine 6/7ans, m'ayant aperçu, s'est caché derrière un buisson au bord de la route et quand je me suis approché de lui, il a fondu en larme et était apeuré. C'était la premiere fois qu'il voyait un homme blanc de sa vie!
Le village était assez simple avec des bungalows sur pilotis. Pas d'électricité ni d'eau potable. La seule source était un mince filée qui coulait a l'extérieur du village. Il fallait y faire la queue pour pouvoir s'y laver, et notamment attendre que les femmes aient fini leurs toilettes. Malgré tout, les habitants étaient tres souriants et ravis de voir un étranger ici. Une foule s'est petit a petit formée derrière moi tant et si bien qu'arrivé a l'école, soit le bout du village, j'avais une bonne vingtaine de suiveurs. Pour faire discret, il faudra repasser!
Le soir venu, on est parti a la chasse aux crocodiles. Une spécialité ici. C'est quasiment la seule alternative aux poissons qu'ils ont et a priori les eaux en sont infestées. On a pu prendre qu'un petit spécimen de 2 ans que Matthew a harponné sans aucune difficulté.
Le lendemain, je partais deja. Par contre, impossible de trouver une embarcation qui allait directement sur Pagwi. Du coup, je suis allé avec Matthew jusqu'a Ambunti. Lui devait amener une de ses filles a l'hôpital qui souffrait d'une vilaine malaria. Probablement là que j'ai attrapé la mienne mais ca, je ne l'appris que bien plus tard.
lien vers la vidéo Wagu lagon
Le trajet pour rejoindre Ambunti fut assez épique. On est passé par des tous petits bras qui connectaient les différents lagons et on croisait en chemin les femmes qui pêchaient là et qui remontaient le courant a la pagaie.
Arrivé a Ambunti en fin de matinée, toujours aucune embarcation qui allait sur Pagwi. J'ai attendu toute la journée et ai meme pris une chambre pour la nuit dans la seule auberge du coin. Le lendemain, j'ai retenté le coup mais toujours rien. J'ai fait la connaissance de jeunes locaux qui sont restés attendre avec moi. C'était le matin mais ils étaient deja bien bourrés avec leur mix d'herbe locale et d'alcool fabriqué maison.
En désespoir de cause, j'ai finalement rencontré un jeune local qui m'a dit qu'une embarcation partait demain matin tot a Pagwi et il m'a proposé de dormir chez lui pour la nuit. On a du prendre un autre bateau pour rejoindre son village, Hapan, juste sur l'autre rive par rapport a Ambunti.
Il m'a installé chez lui, dans une "boys house". Il s'agit d'un bungalow où seulement les hommes sont autorisés et se retrouvent ici. Il y avait 3 matelas et ils m'en ont filé un pour la nuit. Apres le cocktail de bienvenu a la coco puis un petit bain rafraîchissant dans la Sepik River, on a déjeuné tous ensemble avec ses potes. J'ai fourni le riz et eux le poisson séché. Les boys étaient super cools et il y avait une tres bonne ambiance. On a fait un petit tour dans le village et réservé le bateau pour le lendemain. La vie est tres basique ici sur la Sepik River. Pas grand chose a faire et pour les jeunes, c'est tres vite l'ennuie!
On a diné ensemble et on a même eu le droit a du porc qu'un voisin nous a apporté avec gentillesse. On a couplé ca avec des galettes de sago et le tour était joué.
Le lendemain, on est parti de nuit a 2/3h du mat pour arriver sur Pagwi au lever du jour. De là, quelques heures d'attente puis un camion rempli de locaux pour un retour sur Wewak.
Je passa la dernière nuit dans la meme auberge qu'a mon arrivée ici et je fis la rencontre d'un policier local. Je lui expliqua le problème du moment que j'avais eu avant de partir sur la Sepik River. Je m'étais en effet aperçu qu'on m'avait volé un de mes 2 disques durs alors que j'avais laissé mon sac a dos dans la banque la semaine passée. J'avais perdu toutes mes videos de mes go pro ainsi que quelques montages des Fidjis: les boules!
J'en ai parlé au policier qui m'a dit qu'il allait se renseigner et me rappeler s'il avait du nouveau.
De mon cote, je partais deja le lendemain en avion pour remonter tout au nord de la PNG a Vanimo, juste a la frontière avec la Papouasie Occidentale...
lien vers la vidéo Ambunti & Hapan
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