Je ne suis resté qu'un soir a Wewak sur le chemin du retour car j'avais un bon vol pas cher pour rejoindre Vanimo a la frontière avec la West Papoua. Et pourtant j'aurais du y rester plus longtemps car James, le policier que j'ai rencontré a l'auberge de jeunesse de Wewak m'a rappelé le lendemain alors que j'étais deja a Vanimo pour me dire qu'il avait retrouvé les "boys" qui m'avaient volé le disque dur et qu'il y avait des chances pour qu'il puisse le récupérer.
Je n'étais pas plus étonné que ca car j'avais eu une mésaventure similaire en Tanzanie où Vince, mon pote de voyage américain de l'époque, s'était fait voler son passeport et portefeuille dans le bus et en allant a la police, ces derniers avaient "miraculeusement" retrouvé le passeport, moyennant finance bien entendu.
Ici, d'après James, les boys allaient demander de l'argent. Il a commencé a parler de 500€! Ca semblait tout de meme bien louche et j'ai préféré verifier en appelant mon autre pote policier, Martin, qui m'avait récemment hébergé chez lui a Maprik, sur la route de Pagwi. Martin a appelé James et il m'a confirmé que ca semblait tres louche et qu'il ne pensait pas qu'il avait le disque dur. Martin m'a dit qu'il devait passer sur Wewak pour le boulot et qu'il pourrait rencontrer James et régler ca. Entre temps, James m'a meme envoyé une photo de mon disque dur me disant que les street boys la lui avaient envoyé. Plus de doute possible, ils avaient bien mes données.
J'ai commencé a négocier le prix et a proposé un montant de 50€, soit quasi tout ce qu'il me restait. J'espérais pouvoir enfin retirer l'argent de Western Union a la Banque locale, la BSP.
J'ai dormi dans la seule auberge de la ville et ai réussi a négocier a 30€ la nuit alors que tous les autres locataires (que des papouasiens!) payaient 45€.
Le lendemain, a la BSP, la responsable de l'agence m'a dit que les 1000€ de Western Union avait été retirés a Wewak!! J'ai senti le mauvais coup de la part de la responsable de la BSP a Wewak et ai fait un scandale a l'agence. Ces derniers ont appelé le siege puis Wewak pour finalement me dire, après quelques heures d'attente, que l'argent avait été soit disant bloqué a Wewak en attendant que mon visa d'immigration soit validé. Ca ne sentait pas bon et je doutais désormais qu'ils me laissent retirer le moindre centime. Je leurs ai dit de renvoyer l'argent a l'expéditeur et que j'allais me débrouiller autrement. Ils m'ont dit de revenir le lendemain. Entre temps, je suis passé a l'ambassade indonésienne pour faire faire mon visa d'entrée indonésien. Ils avaient bien sur augmenter les prix et je commençais a être super rick rack au niveau tunes. J'allais devoir me serrer la ceinture sur la nourriture pour tenir jusqu'a la frontière.
Je pensais redemander a mon cher frère de me faire un nouveau virement mais sur le bon pays cette fois, a savoir la Papouasie Occidentale.
Je me suis repointé le lendemain a la BSP et toujours pas d'avancé. Ils refusaient de me donner les sous et me demandaient désormais d'aller a l'immigration ici a Vanimo pour régler mon problème de visa. Il n'était pas question que je fasse une telle démarche. Ca sentait trop la galère et préférerai tenter ma chance directement au passage de frontière. Je suis sorti de la banque et suis allé au consulat indonésien pour récupérer mon passeport avec le visa indonésien. A peine sorti du consulat, 2 4x4 se sont arrêtés a ma hauteur et les passagers m'ont demandé si je m'appelais Olivier! J'ai répondu a l'affirmatif et ils m'ont sommé de monter avec eux dans la voiture. Ils étaient 6 et ne me laissaient pas vraiment le choix! Ils se sont présentés comme des inspecteurs des douanes et de l'immigration. Ils m'ont emmené a l'extérieur de la ville jusqu'a la maison du chef de l'immigration qui m'attendait patiemment dans l'escalier de son perron. La scene semblait surréaliste. Le chef s'appelait Peter et était plutôt cool. Apres lui avoir expliqué ma situation, mes conditions d'entrée sur le territoire a Bougainville et mon problème d'argent avec la Western Union, il m'a dit qu'il devait verifier quelques éléments, qu'il gardait mon passeport pour le moment et qu'il reprendrait contact avec moi le lendemain.
Il m'a fait raccompagner a mon auberge par ses hommes de main qui m'ont au préalable emmené avec eux faire la "tournée". On est passé voir quelques commerçants chinois et bien que je ne comprenais pas leurs échanges, je crois bien qu'ils prenaient des pots de vin et/ou racketter les commerçants. A plusieurs reprises, ils ont embarqué des caisses entières de canettes et m'en ont meme fait profiter!
J'ai reçu un coup de fil de Peter dans l'après midi qui m'a dit qu'il passerait avec moi demain matin a la banque BSP pour dire a la directrice d'agence que tout était en ordre afin qu'ils puissent me remettre mon argent.
Ca ne sentait pas bon du tout et je soupçonnais Peter de vouloir m'extorquer de l'argent une fois le pognon retiré de la banque. On avait rendez vous a 9h a la banque et je me suis pointé a 8:45 pour m'entretenir avec la directrice de la banque en tete a tete. Je lui ai expliqué la situation et lui ai dit de ne pas me donne l'argent tant que mon passeport ne serait pas entre mes propres mains.
Peter s'est pointé comme une fleur et il a juste dit a la banquiere que j'étais en règle sans me redonner mon passeport. Cette dernière a refusé en disant qu'elle devait voir un tampon de l'administration dans mon passeport pour pouvoir me remettre les fonds. Peter a paru embêté mais il était coincé! Il m'a dit qu'il allait faire le nécessaire mais qu'il devait retourner chez lui mettre le coup de tampon sur le passeport.
On s'est donné rdv l'après midi et j'ai zoné dans le centre ville en attendant. Je suis tombé dans la rue sur Michael, un des habitants de l'auberge avec qui j'avais tapé la discute la veille et on a passé le reste de la journée ensemble. Lui attendait sa soeur, une commerçante qui devait arriver en avion des highlands pour aller acheter des vêtements en Indonésie et il avait l'air d'avoir les memes galères que moi niveau tunes, en plus chronique. On est parti se baigner dans un lagon près du centre ville puis on a meme tapé le basket sur le playground de la base militaire de Vanimo avec quelques appelés!
Retour a la BSP dans l'après midi et revoilà enfin Peter qui se pointa, non sans 3h de retard, avec mon passeport tamponné: victoire!!
Semi-victoire en fait car revenu a la banque avec le fameux sesame, la directrice m'annonce que le siège a décidé de ne pas me remettre l'argent et de le renvoyer a l'expéditeur: de vrais boulets! Du coup, quasi a sec, je ne pouvais plus me payer de nuit a l'auberge. Dans mon malheur, Peter m'a tout de meme fait rencontrer un de ses potes, Jeaffrey, avec qui j'avais une histoire en commun! Jeaffrey bosse d'habitude a Port Moresby pour la compagnie d'électricité du PNG, l'equivalent d'EDF chez nous, et est venu a Vanimo pour une mission de quelques jours afin de réorganiser l'activité de l'opérateur historique ici. Or, il se trouve que Jeaffrey est le cousin de la fille des douanes qui m'avait mis le tampon des customs a mon entrée a Bougainville. De plus l'oncle de Jeaffrey est le taximan qui m'a fait tout le trajet du sud de Bougainville jusqu'au nord. Quelle coïncidence de tomber sur un bougainvillier, si loin de chez lui, et avec de telles connexions. Peter s'en est aperçu lorsqu'il a confronté mes dires avec le stamp dans mon passeport et passé quelques coups de fils a Bougainville. Du coup, Peter est devenu super cool avec moi d'un coup et j'ai tout de suite senti que son envie de m'extorquer des fonds avait disparu. Il etait appelé d'urgence a Port Moresby pour une affaire importante mais il m'a proposé de dormir chez lui malgré tout et a chargé Jeaffrey de s'occuper du transport. Il m'a aussi mis en contact avec 2 de ses agents pour m'aider a rejoindre la frontière ces prochains jours. Merci a ma bonne étoile. J'ai poussé le concept de l'émission "j'irais dormir près de chez vous" un peu plus loin en "j'irais dormir chez le immigration chief officer"!
Une partie de mes problèmes était réglée. Restait le disque dur a gérer. J'étais en contact avec Antony, le directeur de l'aéroport de Vanimo, que j'avais rencontré a mon auberge, et qui me proposa de faire l'échange entre une somme d'argent et mon disque dur a Wewak. J'avais toute confiance en lui mais le problème résidait dans l'argent que je n'avais pas. Je suis tombé par chance sur un billet de 100€ que j'avais caché en cas de coup dur. J'ai pu l'échanger a la BSP et fait transiter 80€ par avion a Wewak pour récupérer le disque dur. J'avais toute confiance en Antony, moins en James, le policier de Wewak, qui finalement m'annonça après 2 jours que les street boys avaient disparu mais que des gens les avaient vu ivre mort quelques jours plus tot. Ils avaient apparement vendu mon disque dur a quelqu'un et s'étaient bourrés la gueule avec l'argent. Dommage pour moi. Je n'avais plus aucune chance de retrouver mes données et plus rien ne me retenait ici. J'ai dit au revoir a tout ce petit monde que je connaissais désormais a Vanimo et parti a la frontière en compagnie d'un des hommes de main de Peter de l'immigration.
C'est ainsi que je quittais la Papouasie Nouvelle Guinée, sacré périple que j'ai fait là, où je me suis enfoui loin au contact des populations pendant un bon mois. Me reste désormais qu'une dernière étape: la Papouasie Occidentale!
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