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dimanche 1 janvier 2017

TDM6 E13 201606 West Papoua Part 2: the Highlands Section 4: l'ascension au Gunung Elit


Je m'étais mis en tête de suivre un groupe de locaux parti une vingtaine de minutes avant moi du village où j'avais passé la nuit, mais j'ai mis plus d'une heure à les rattraper. Et malgré tout, la marche était un petit peu lente et je me suis dit que je ne pouvais pas me perdre, le chemin ayant l'air suffisamment balisé pour que je m'y retrouve. Belle bêtise de ma part que j'allais payer assez cher.

Un moment, je me suis retrouvé près d'un refuge, sorte de cabane des bois faite de branchages avec un feu de camp dont les cendres fumait encore. Problème de cet endroit, il y avait deux chemins qui en sortait: un qui partait au nord et un autre à l'opposé. Difficile de faire un choix. Je pris au hasard celui du Nord. Ce dernier m'a mené le long d'un cours d'eau que j'ai du remonter pendant plusieurs heures qui montait dans la montagne. Il y avait parfois des traces de passage qui m’indiquait, à défaut d’être sur la bonne route, tout du moins que j'étais sur une voie empruntée par des humains. J'avais le doute d'être parti dans la mauvaise direction et ce dernier n’allait pas me quitter pendant un longtemps car il n'y avait pas àme qui-vive sur ce tracé. 

Aux alentours de midi, je me suis mis en tête de chauffer un peu d'eau au bord d'un ruisseau à fin de me faire mon petit plat de pâtes habituel. J'ai voulu économiser ma bouteille de gaz et tenté de démarrer un feu de bois. Mais il avait plu et le bois était tout humide et ne produisait que de la fumée. Alors que je tentais tant bien que mal de le faire prendre, j'entendis des chants provenant d’un large groupe de personnes. J’étais en fait juste en dessous du premier niveau du plateau du Gurung Elit et ce groupe de locaux se dirigerait vers le chemin opposé à moi. Du coup, il m'ont donné un coup de main pour faire démarrer mon feu et je pus me rassasier avant de repartir. Ces derniers me confirmerent que j'étais sur la route de Pronggoli, un village à mi-chemin jusqu’à Angguruk. J'avais bien pris le chemin le plus escarpé et dangereux par le Mont Elit. J’ espérais désormais pouvoir passer la descente et les échelles en bois sans me fracasser le cou sur la roche.
J'étais en retard sur mon planning. Moi qui voulais arriver à Angguruk dans la journée, ce n'était qu'un doux rêve. Je pensais franchir le plateau en une petite demi-heure. J’allais y passer la nuit. 
Le temps se dégrada sur le plateau qui n'en finissait pas. De plus le sol devenait marécageux et humide avec l’apparition de la pluie qui me ralentissait fortement. La guide de Jayapura rencontrée la veille m'avait annoncé trois refuges sur ce plateau que je pourrais utiliser en cas de problème. J'en avais déjà passé deux mais je savais que j'avais cette possibilité de dormir au cas où je me faisais rattraper par la nuit dans un endroit chaud et abrité du vent et du froid. Une nouvelle erreur. Lorsque j’arriva finalement à ce troisième refuge, un tout petit quart d'heure avant la tombée de la nuit, la pluie tombait à fortes gouttes et j'avais les mains presque gelés. Quand au refuge, ce dernier avait été détruit et il n'en restait qu'un amas de bois inutilisable. Il n'était de tout façon pas question que j'entame une éventuelle descente, pour laquelle d'ailleurs je n'avais toujours pas trouvé le point de départ, car la nuit s'approchait et avec ce temps, cela aurait été suicidaire. Du coup, je me suis mis en quête d'un endroit suffisamment plat et sec pour poser ma tante. Pas chose facile au regard du type de terrain sur lequel je me trouvais. Je parvins tant bien que mal à monter ma tente sur un lit de mousse avant de m'y engouffrer complètement trempé et frigorifié. 
La nuit fut courte et fraîche. J’avais marché plus de cinq heures sur ce plateau et toujours pas de porte de sortie. Dès le lendemain matin alors qu’un épais brouillard avait remplacé la pluie sur cet énorme plateau, je tentais de trouver la voie qui devenait de moins en moins claire. Il y avait des traces de pas qui partaient dans tous les sens et c'était difficile de s'orienter. Je réussi tant bien que mal après près de 2h d’errances à trouver le bout du plateau et y ai d'ailleurs croisé les premiers locaux qui se dirigeait dans l'autre sens. On ne m’avait pas menti: la descente était effectivement très périlleuse. Les échelles de bois n'étaient en fait que des branches posées à l’arrache de ci de là. Les barreaux étaient extrêmement glissants et  recouverts de mousse. Je pris toutes mes précautions car avec mon sac à dos, j’avais un piètre équilibre et la moindre chute pouvait être fatale. J'ai mis près de deux heures à la descente que je trouva pénible et éreintante. 
Cette ascension au Gurung Elit fut un vrai exploit et l'une des plus dures que j'ai eu l'occasion de faire lors de ces 5 années de voyage. Au total, depuis mon départ du village de Kandor, j'avais mis plus de 3 heures pour monter au plateau, sept heures à le traverser et 2 heures de descente. Angguruk était encore loin et je me demandais comment des locaux pouvaient raisonnablement faire la traversée en une seule journée! Il me fallu encore traverser une jungle dense et marécageuse pendant 2 bonnes heures avant de découvrir à l’orée de la foret comme par magie la vallée de Pronggoli. Je n’avais pas forcément prévu de stop à ce village mais étant complètement perdu et épuisé, je décidais de m’y diriger pour demander un peu plus de renseignements...


lien vers la vidéo Gunung Elit



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