L'ile de Sibuyan, près de 3 fois la taille de Ramblon, cachait bien ses secrets. Je n'avais pas pu voir le sommet du Gaiting-Gaiting de la rive de Ramblon lors de mon approche en bateau. Il y avait toujours d'épais nuages qui l'enveloppaient. Sibuyan est appelée la Galapagos de l'Asie a cause de son grand nombre d'espèces endémiques, près de 1500 espèces de plantes et d'animaux que l'on ne retrouve nulle part ailleurs dont certains types de chauve-souris au nez en forme de fruit.
Je me suis trouvé une chambre dans un resort bien a l'écart du port, le Sanctuary Garden, un bel havre de paix. Apres avoir booké mon expédition pour le Gaiting Gaiting pour le lendemain, ce qui ne fut pas une mince affaire, je suis parti me balader dans les 2 principaux sites du coin pour aller voir les chutes d'eaux de Lambingan tout d'abord puis celles de Cataja, dont l'approche se faisait a travers de magnifiques rizières vertes. Cela faisait du bien de se rafraichir dans de l'eau fraiche et claire alors qu'il faisait une chaleur de dingue.
Le lendemain, je partais déjà en expédition avec mon guide local pour l'ascension du mont Gaiting-Gaiting, situé a 2000m au dessus du niveau de la mer. Comme on partait quasi de zéro, ça faisait une sacré dénivelée a avaler, surtout qu'on a atteint le sommet des le premier jour. On a demarré par un sentier en plein caniar histoire de bien transpirer, puis une jungle très dense, plus ou moins a l'ombre mais où l'on ne pouvait pas voir la cote. Je transpirais a pleines gouttes et mon guide me mettait un rythme d'enfer. Je sentais les muscles de mes cuisses chauffées mais bizarrement, je n'étais pas a court de souffle...jamais essoufflé alors que ça montait parfois fort...probablement des restes de l'Everest ;-) on a ainsi atteint le camp 1, puis 2 et 3 où l'unique point de ravitaillement d'eau se trouvait a 1200m d'altitude. Je portais toute la nourriture pour nous 2 et le guide avait lui de son cote sa tente et mon hamac. J'en avais pour environ 17kg sur le dos. La jungle s'est faite moins dense pour laisser place a de la roche et on a atteint ainsi le sommet du mont Mayo après 4h de marche. Il nous en a fallu 5 de plus pour rejoindre le sommet final où on avait decidé d'y camper. Normalement, les gens font l'expedition sur 3 jours mais j'avais negocié sur 2 et je voulais dormir au sommet pour le coucher et le lever de soleil alors qu'il est en théorie interdit de le faire. Et pourtant ça valait le coup, le sommet s'est dégagé de ses nuages peu avant le coucher de soleil, la baisse de température les désintégrant littéralement. Du coup, le lever et coucher de soleil ont été magnifiques, que de belles couleurs avec une vue de tous les cotes: Tablas, Ramblon et Masbate. En revanche, la nuit fut fraiche dans mon hamac. Je n'avais qu'un liner en soie et quelques vêtements chauds mais pas de duvet a proprement parler et n'ai donc fermé l'oeil qu'a moitié pendant la nuit.
On est redescendu par l'autre versant pour rejoindre le village de San Fernando, de l'autre cote de l'ile. 6h de descente en tout, encore une fois dans une jungle dense plein de rochers et de pièges, mal appropriée a la marche. Je me suis fait piquer par des plantes qui m'ont donné une allergie sur les bras et sur le torse. Des centaines de petits boutons y sont apparus mais au moins je n'ai pas été atteint par les sangsues qui pullulent dans ce genre d'endroit ultra humide.
Le guide m'a laissé dans un petit village a 12km de San Fernando et il avait prévu un tricycle avec chauffeur pour moi. J'en ai profité pour faire un stop dans une piscine naturelle au bord d'une rivière puis dans un village allemand. Il y en a 3 sur Sibuyan: des allemands qui ont quitté leur pays ou qui viennent ici quelques mois dans l'année et ont leur propre maison. Ils se sont regroupés en petites communautés. Celle que j'ai traversée disposait d'une vingtaine de maisons toute au bord de la mer bien sur.
Je me suis retrouvé en fin de journée dans la 3eme ville de l'ile, là où j'avais prévu de prendre un bateau pour ma prochaine destination, l'ile de Masbate. Malheureusement, on m'avait donné plein d'informations différentes quant au jour de départ de ces bateaux. Ils ne partaient en fait que 2 fois par semaine le vendredi et le mardi et on était le samedi. Or aucun touriste a l'horizon ici, même pas un restaurant ou une gargote pour se sustenter. J'ai passé une nuit dans la seule auberge du coin qui ne servait pas non plus à manger et le lendemain tôt, je me suis mis en quête d'un moyen de transport. Pas question de rester bloqué ici pendant 3 jours! Apres des heures de recherches infructueuses, j'ai finalement mis la main sur un couple de pêcheurs qui accepta de m'y amener dans leur toute petite embarcation pour une assez forte somme (2000 pesos soit 40€) pour 5h de traversée.
Une belle ile que Sibuyan mais pas sur que j'y habiterais tout de même. J'y tournerai vite en rond!
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