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lundi 17 décembre 2012

201212 Israël Palestine Part 3: Palestine


Day 1: Bethléem
J'ai pris le bus local ce matin direction la Palestine avec comme première étape Bethléem, la ville qui a donné naissance a l'enfant Jesus.
Mauvais 1er contact avec la population locale. Alors que je montais dans le bus (palestinien) pour Bethleem, je me suis assis tout devant et ai mis mon sac a cote de moi. Au bout de 5', un homme d'une soixantaine d'année me dit d'un ton très sec et autoritaire "move your bag!". Je le déplace et le met a mes pieds en lui faisant remarquer qu'il y a des manières plus polies de parler. Ce dernier me met alors un coup de pied dans la jambe pour lui faire plus de place avant de s'asseoir! Je commence a hausser le ton et lui dire que je ne suis pas son chien et qu'il n'a pas a me parler comme ça. Dans le même temps, je me met a la place où etait précédemment mon sac et lui dit que s'il veut s'asseoir, il n'a qu'a m'enjamber. Le mec commence a taper une colère et m'ordonne d'aller de l'autre cote en hurlant. Je refuse et lui dis niet. Il me dit qu'il descend avant moi, se plaît au chauffeur, puis aux autres passagers. La queue commence a s'amasser derrière lui car personne ne peut passer tant qu'il n'est pas passé. Je scrute les regards et vois bien que les locaux, et plus particulièrement les femmes, sont assez sidérées de ma manière de lui parler, comme si je lui devais le respect. Le mec m'hurle encore une fois de me déplacer et commence a lever la main au dessus de ma tête comme s'il allait me frapper. Je commence a me lever et me fais un peu plus menaçant en lui disant que s'il n'était pas content, il pouvait très bien aller s'asseoir 2 rangs plus loin. Au bout d'une dizaine de secondes, il s'exécute en meuglant de belles insultes a mon encontre, en se demandant de quel pays j'etais pour faire ça et en me menaçant que ça n'allait pas se passer comme ça!
Sympa le 1er contact avec la population locale! Quelques secondes après, un énorme palestinien bien gras et tout crade m'enjambe et s'assoit a cote de moi en prenant presque 2/3 de la place tellement il est gros. Il sent très très fort, genre pas lavé depuis un mois et me regarde du style: ne vas pas l'ouvrir, on est chez moi ici!
Cette fois-ci, je ne fais pas de scandale et prend mon mal en patience pendant une bonne heure de trajet difficile.
Le bus ne nous dépose qu'a un endroit où il n'y a rien et il faut prendre un taxi pour rejoindre le centre de Bethleem. J'en profite pour négocier un petit tour du mur d'enceinte qui sépare Israel de la Palestine. A certains endroits, le mur a été graffité de plein de messages dont certains prônant une paix entre les 2 camps.
Arrivé enfin a Bethléem, je commence par faire le check in dans ma nouvelle auberge de jeunesse: Bethléem Youth Hostel, une ravissante demeure composée d'énormes dortoirs de 10 lits avec un seul client que je n'ai d'ailleurs même pas vu. J'ai pu avoir une chambre de 10 pour moi tout seul mais pas facile de chauffer une telle pièce quand on y est seul avec une telle hauteur sous plafond et pour seul chauffage un appareil portatif au gaz. Il fait effectivement assez froid ici et vu qu'il a en plus plu toute la journée, la température est aux alentours des 8°, ce qui est vraiment limite avec ma tenue tourdumondiste d'été.
J'ai attendu 15h pour aller visiter la basilique de la Nativité car j'avais donné rencard a un fort sympathique hollandais a la retraite, Aad, que j'avais rencontré au petit dej la veille a l'Abraham Hostel de Jerusalem. Il habite en Israel avec sa copine, plus au nord et est ici en semi visite. En effet, il aimerait se rendre utile et a pris rendez vous avec une association locale de Bethléem qui aide les réfugiés.
On a donc fait la visite de la bâtisse ensemble. Le bâtiment en lui même n'est pas incroyable: il a été détruit un grand nombre de fois et maintenant les différentes branches du christianisme se disputent sur l'endroit et donc statut quo: personne ne fait rien, aucune restauration de prévue.
La grotte est également décevante. Je m'attendais a quelque chose de plus authentique mais ils ont construit partout et ça ne ressemble plus vraiment a l'endroit qu'on a en tête quand on regarde une crèche!
Aad a du partir a son rencard et je suis allé me balader et me perdre dans les ruelles du centre ville. Ce n'est pas une ville très touristique et généralement les tours opérateurs visitent la basilique puis s'en vont. C'est parfait car j'avais en tête d'aller au plus proche de la population pour voir et ressentir comment ils vivaient. Je sens que les regards s'attardent souvent sur moi et ils voient bien que je ne suis pas un local. Je m'arrête chez le barbier afin de renouveler l'expérience du rasage au fil que j'avais pu tester en Norvège chez l'Irakien de Pierre, le frère d'Elsa. Le barbier a une technique un peu particulière pour enlever les poils: ils utilisent des 2 mains mais également la tête pour mettre les coups secs afin de tirer les poils. Ca donne un tableau assez rigolo avec le barbier qui le regarde fixement en faisant la poule et moi qui grimace de douleurs.
Le résultat est plutôt a la hauteur et il m'a en plus taillé la barbe au rasoir.
Il n'y a pas grand chose a faire ici la nuit tombée et la pluie a redoublé. Je suis rentré me blottir contre le radiateur de mon dortoir...un peu triste.


Day 2: Jerico et ma bonne étoile
Journée pleine d'émotion qui a démarré par un départ tôt le matin vers 7h30 de l'auberge de jeunesse. Je suis tout d'abord allé me taper un petit dej palestinien avec du hommos jusqu'aux oreilles servi avec oignon frais, piment cru, tomate et concombre...des le matin, ça calme!
J'ai pris un taxi bus pour rejoindre Jerico. L'idée étant de faire Naplouse dans l'apres midi puis de dormir a Nazareth en passant par la route au nord de la Palestine. Le taxi bus ici fonctionne avec un principe très simple. Il s'agit de monospaces de 7 passagers et on attend qu'il soit plein pour partir. Je suis arrivé a Jerico vers 9h30 et après avoir négocié une consigne pour mon sac, je suis parti l'assaut des sites touristes du coin en commençant par le palais Hicham. Plutôt en ruine même si une reconstitution miniature permet de voir a quoi il ressemblait a l'époque, il vaut la visite pour 2 pièces principales: l'Etoile de Jerico et la mosaïque de l'Arbre de Vie.
J'ai enchainé par un câble car pour rejoindre le mont des tentations, lieu saint où Jesus s'est retiré pendant 40jours  pour jeuner alors que le diable essayait de le détourner du droit chemin. Le monastère Xxx a été construit carrément sur le flan de la falaise et on dirait qu'il est incrusté dans la roche.
On m'a par la suite deposé au sommet d'une montagne dans le Wadi Qelt afin que je puisse jouir d'une vue exceptionnelle non seulement sur la gorge encaissée du coin lais surtout sur le monastère xxx installé juste au dessus d'un très joli oasis et collé a la paroi de la roche. A l'intérieur de ce dernier sont exposés en vitrine des restes de 2 hommes saint de l'eglise chrétienne orthodoxe, dont un fémur, un crâne et même une momie: génial de prier devant un squelette!
J'ai entrepris la descente et le retour a Jerico a pied par les pentes du Wadi Qelt vers 12h30. Apres avoir traversé un paysage de toute beauté très rocailleux, je suis arrivé vers 14h a l'étrée de la ville. Là une voiture passe et je lui fais signe pour être déposé au centre ville. Le monsieur, un musulman barbu d'une cinquantaine d'année me fait monter et on s'échange quelques mots mais assez bref vu qu'il ne parlait pas anglais. Il me dépose a 300m du centre ville en m'ayant épargné 10 bonnes minutes de marche ce qui n'était pas de refus après la longue traversée du Wadi en plein caniar. Il avait fait tellement chaud lors de la traversée que j'ai même fait tomber la chemise. J'etais en jeans et vu que jetais un peu serré car les poches pleines et que je commençais a transpirer, j'ai mis mon portefeuille dans la poche de devant de mon petit sac a dos (alors qu'il est d'habitude toujours dans la poche avant droite de mon pantalon) et mes différentes couches (manteau, pull et tshirts) dans la grande poche. Le sac a dos etait un peu surchargé, surtout que j'avais également 2 bouteilles d'eu a l'intérieur.
 Apres être descendu de la voiture, je marche 50m et je m'arrête pour prendre un peu d'eau et je m'aperçois que la petite poche du sac est ouverte. Je présume qu'elle s'est ouverte toute seule vu que le sac était quand même bien plein et même si c'était la 1ere fois qu'il me faisait ça. Je ne m'inquiète pas tout de suite puis au bout de quelques secondes, je réalise que j'avais laissé mon portefeuille a cet endroit et que je ne le vois plus. Je fouille mon sac a dos 3 fois de fond en comble mais sans succès: il a disparu. Je me retourne et vois 3 jeunes ados de 13/15ans qui me regardent et qui sont au milieu du chemin que je viens de parcourir entre l'endroit où le monsieur m'a déposé en voiture et la où je me tiens. Je m'approche d'eux, les scruptent un peu puis leurs demandent s'ils n'ont pas trouvé un objet que j'aurais fait tomber. Ils medisent que non et l'un des 3 me fait un signe par derriere en me designant son collegue. J'insiste aupres de son ollegue qui me dit qu'il n'a rien. L'autre jeune continue a dire que c'est lui. Je commence a hausser alors le ton et demande d'un ton un peu plus ferme de me donner ce qu'il a trouvé. Il me dit qu'il n'a rien et il me montre ses 2 poches vides. L'autre éclate de rires et je ne sais pas trop comment prendre la chose. Je prend un air triste et sombre en leurs disant que j'avais perdu mon portefeuille et qu'il y avait des choses très importantes pour moi a l'intérieur. Je ne voulais pas leurs dire qu'en fait, il y avait toutes mes cartes bleues, 300€ en devise locale et l'équivalent en € soit 600€ au total. Les jeunes me font comprendre qu'il s'agissait d'une blague et qu'ils n'ont rien du tout et pas vu de portefeuille. Je les crois mais ça m'a embêté de leurs dire ce que j'avais perdu avec en plus un air aussi paniqué car je ne voudrais pas qu'ils partent a la recherche du portefeuille et le trouvent avant moi (n'est pas parano qui veut hein!). Je me dis alors qu'il n'y a que 2 solutions: soit il est tombé dans la voiture dans laquelle je suis monté, soit il est tombé pendant la marche dans le Wadi sur le chemin a partir duquel j'ai mis le portefeuille dans le sac. Je regarde sur les 50m que j'ai fait en sortie de voiture et je ne vois rien. Je demande au commerçant de fruits et légumes qui fait l'angle s'il n'a pas trouvé un portefeuille. Le mec me dit non et me demande ce qu'il y avait dedans. Je répond qu'il y avait tout mon argent et toutes mes cartes visa afin qu'il essaie de m'aider. Le mec me propose d'appeler la police en pensant que le chauffeur dans la voiture était un pickpocket mais je lui dis que je ne pensais pas et que le chauffeur avait l'air honnête, d'autant plus que c'est moi qui l'avait arrêté dans la rue quelques minutes plus tôt.
J'attend une minute ou 2 un peu en flip au cas où le chauffeur repasse par là car je sais que si je ne retrouve pas mon portefeuille, je suis dans une merde noire et que cela signifie probablement la fin de la route ici! Je regarde ce qu'il me reste dans les poches: j'ai 9€ en devise locale et encore mon passeport. Je ne risque pas d'aller loin avec ça. Ce n'est même pas assez pour aller a Tel Aviv prendre mon avion retour.
Je me dis qu'il faut au moins que j'élimine la possibilité que mon portefeuille soit tombé sur le chemin retour du Wadi mais je ne me vois pas remarcher toute la descente dans le sens inverse que cela implique. Pourtant je n'ai pas le choix et de plus, je me dis alors que j'ai intérêt a me dépêcher avant que quelqu'un ne tombe dessus. Je me met alors a courir et remonte le chemin que j'avais fait en voiture avec le monsieur barbu. Apres 5 bonnes minutes de course, je tombe sur un des 3 ados avec un de ses potes au croisement d'un chemin. Je ne comprend pas comment il a pu arriver là aussi vite alors que je viens de me taper 5' de course a une bonne cadence. Il me regarde et je lui demande ce qu'il fait là. Il me fait une reponse incompréhensible et me demande si j'ai retrouvé mon portefeuille. Je commence a voir rouge et me dis qu'il essaie de trouver mon portefeuille avant moi! Je pars alors sans lui répondre et accélère alors le rythme pour pas qu'il puisse me suivre. J'essaie de retrouver l'endroit où je suis monté dans la voiture où il y a de grandes chances que le portefeuille soit tombé là mais impossible de retrouver le chemin. Toutes les rues se ressemblent et je n'arrive pas a me repérer. Je cours dans tous les sens pour essayer de m'y retrouver, je demande mon chemin a 2/3 personnes qui hallucinent de voir un touriste courir en jean sous cette chaleur a un endroit pareil. Apres une 1/2h interminable je parviens enfin a me repérer et je réussis a retrouver l'endroit où je suis monté en voiture. Mais malheureusement rien du tout: aucune trace de mon portefeuille. Je remonte donc en sens inverse le chemin parcouru en me disant que si j'ai la chance de retrouver mon portefeuille, c'est que ma bonne étoile est toujours au dessus de ma tête et que si quelqu'un vient a me le rendre, je me promets a moi-même de ne pas l'engueuler si l'argent n'y est plus et que si l'argent y est, je lui en donnerai le double en allant chercher des sous a la tirette.
Je marche une bonne 1/2h et toujours rien. Il est déjà 15h, sachant qu'il fait nuit a 17h et qu'il ne me reste qu'1/4L d'eau...je réfléchis et me souviens alors que j'ai remis mon tshirt a peu prêt a l'endroit où je le trouve et que lorsque je l'ai repris de mon sa a dos, je n'ai pas remarqué que la poche avant était ouverte. Il n'est donc pas possible que le portefeuille soit tombé avant ce moment la. Ce qui m'amène a la seule conclusion qui reste: il est forcement dans la voiture du mec ou alors quelqu'un est tombé dessus avant que je ne rebrousse chemin...dans les 2 cas, je ne peux plus rien faire et suis baisé!!
Je me dis que peut être quelqu'un l'aurai trouvé et alors déposé a la police. Je rebrousse chemin une nouvelle fois et je retourne au centre ville pour voir au poste de police. J'y arrive vers 16h et après quelques minutes de discussions, ils décident de faire venir un de leurs officiers qui parle le français. Je lui reexplique la situation en lui décrivant le mec et en lui disant que j'ai tout perdu et que je ne pourrais même pas me payer une chambre pour la nuit ce soir. Je sombre profondément dans un profond désespoir en maudissant le moment où j'ai changé mon portefeuille de poche, ce que je ne fais jamais...quand soudain, l'officier reçoit un appel, se lève et revient quelques secondes plus tard en me disant: c'est bon, on a retrouvé votre chauffeur!
J'hallucine complet...comment pourrait-il avoir retrouvé le chauffeur avec la maigre description que je lui ai donnée. Et pourtant quelques minutes plus tard, je vois le fameux chauffeur arrivé précipitamment dans le bureau en me tendant mon portefeuille. Les flics l'accusent limite de l'avoir volé et lui demandent de s'expliquer. Il dit alors qu'il a tiré sur le frein a main a un feu rouge et que c'est là qu'il a vu mon portefeuille sous son siège. Il a alors fait demi tour et s'est mis a faire le tour du quartier a ma recherche pendant 2 bonnes heures sans succès jusqu'a qu'il demande a la station de taxi s'ils ne m'avaient pas vu et c'est là que les taximen lui ont dit que j'etais au commissariat (j'avais précédemment demandé où se trouvait le poste de police a la station de taxi: quelle chance!).
Je lui sers la main très chaleureusement et j'ouvre mon portefeuille et prend tous les billets en monnaie locale qui s'y trouvaient (et oui, les billets étaient encore là, intact!) et je les lui tend en le remerciant et le félicitant de son honnêteté et en lui disant que l'honnêteté, ça paie parfois (même si je ne lui ai donné "que" 300€ alors que je m'étais dit dans ma tête précédemment 1200€ mais bon on ne se refait pas non plus!). Le monsieur refuse une 1ere fois puis voyant que j'insiste, il accepte avec un grand sourire en me soulignant qu'il est musulman et qu'un musulman ne vole pas son prochain...le Saint Homme! Je ne suis pas sur que j'aurais fait la même chose a sa place et c'est vraiment une belle leçon que m'a donné ce personnage.
Vraiment une histoire incroyable  qui restera gravée au fond de ma tete.

Apres de tels ascenseurs émotionnels, je me met en quête d'un taxi service et après avoir attendu une bonne heure que celui-ci se remplisse (attente qui n'a pas été longe car j'ai eu la chance de pouvoir discuter avec un étudiant palestinien qui était dans le même taxi que moi et qui m'a bien éclairé de son point de vue sur le conflit actuel), j'ai pris la direction de Naplouse, la montagne de feu.



Day 3: Naplouse et le passage de frontière
Je suis arrivé de nuit à Naplouse vers 18h30...moi qui n'avais pas prévu de dormir ici, j'ai du réviser mes plans. J'ai trouvé une auberge de jeunesse très "locale". C'est au 1er étage d'une grande bâtisse qu'elle s'y trouve avec d’énormes chambres de 4 lits chacune. Il semblerait que cet établissement n'accepte que les hommes (même si j'ai finalement vu une touriste le lendemain matin très furtivement!) et le proprio ne parle pas un mot d'anglais. Il n'y a pas de superflu ici. Tout est très basique et je crois que ça restera la nuitée la moins chère du voyage soit 40 shekels, l'équivalent de 8€. Je suis parti à la recherche d'un restaurant et impossible d'en trouver un. Les seuls indiqués dans le Routard étaient soit fermés soit trop loin. Je me suis résolu à manger un falafel pour la nième fois. Toutes les boutiques du souk sont également fermées depuis bien longtemps et vu qu'il s'agit de la principale attraction de Naplouse, j'ai remis ça au lendemain.
J'ai décidé de visiter le vieux quartier de Naplouse et son souk en mode footing afin d'en pouvoir voir un maximum en un minimum (je l'adore cette nouvelle maxime!) tout en gardant la forme. Je n'ai pas été mis très à l'aise par la population qui me dévisageait comme s'il n'avait jamais vu quelqu'un courir (peut-être la 1ere fois qu'il voit un touriste faire un footing en plein centre de bon matin depuis bien longtemps!). J'ai senti une certaine tension, non pas que les gens soient agressifs ni même désagréables mais je les ai sentis méfiants...comme s'ils étaient sur leurs gardes. Je n'avais pourtant pas l'air d'un agent du Mossad avec mon petit short de running.
J'avais prévu d'aller à Nazareth, coté Israélien, en passant par le nord à travers la ville de Jénine mais le taximan de la veille m'a dit qu'à cet endroit là, la frontière n'était pas ouverte (bien qu'il y ait une route sur ma carte) et qu'il me conseillait de passer par l'Ouest du coté de Tul Karim. Arrivé sur place après 45' de trajet, le chauffeur me dit que je dois prendre un taxi privé pour rejoindre la frontière. J'en trouve un qui, après avoir longé un mur de séparation pendant quelques kms, me dépose devant un grand hangar avec des barbelés et grillages partout. L'endroit est super glauque et on se croirait à l'holocauste dans un camp de concentration. Je vois un passage qui ressemble un peu à celui que l'on peut voir dans les ranchs ou grandes fermes pour pouvoir faire passer les animaux en rang mais personne n'y rentre. Je ne vois que des gens en sortir. C'est le seul chemin possible pour rejoindre le hangar et m'y engage donc. J'arrive à un passage où un gardien d'origine éthiopienne me dit de m’arrêter et me demande où je vais et de quel pays j'étais. Je lui ai répondu que j'allais à Haifa et étais français. Il m'a demandé si j'avais un passeport palestinien. Je lui dit que non vu que je suis français. Un de ses collègues sort alors de je ne sais où avec un flashball prêt à être pointé en ma direction. Le gardien reçoit un coup de fil puis se retourne vers moi et me demande si j'ai filmé quelque chose avec mon téléphone que je tenais dan la main. J'avais effectivement filmé mon approche puis le gardien quand ce dernier m'avait posé les 1eres questions. Je lui réponds que non, que c'était juste un téléphone. Le mec reprend son téléphone, discute 5' puis me dit OK, c'est bon, vous pouvez rentrer...trop aimable mon brave.
J'arrive dans le hangar et je vois différentes portes portant chacun un numéro. Je prend la dernière tout au fond de l'allée et après avoir ouvert encore une ou 2 portes, j'arrive devant une machine à rayon X mais personne. J'entend une voix qui me parle en hébreu. Je ne vois pourtant personne. La personne me dit d'avancer en anglais. Il s'agit d'une militaire qui se tient en fait derrière une épaisse vitre et qui me parle à travers un micro...comme si j'allais la dynamiter! Elle me dit de déposer mon sac sur le tapis roulant puis toutes mes affaires. Elle me demande ensuite d'ouvrir mon sac et que je lui sorte la caméra que j'ai à l’intérieur. Je lui sors la GO PRO. A priori, elle n'en avait jamais vu une de sa vie et me demande ce que c'est. Elle m'a fait repasser la caméra 5 fois sur le tapis roulant en me demandant de la tourner dans tous les sens. Et à chaque passage, elle recevait des consignes par talkie. Je m’aperçois qu'une autre policière se tient derrière moi derrière une autre vitre blindée et également un tireur qui me tient presque en joue au dessus de ma tête. Il y a en fait des espèces de plateformes à 3/4m de hauteur qui quadrille tout le hangar.  La militaire m'a fait déballer tout ce que j'avais dans mon sac en me disant à chaque fois qu'il y avait encore un objet électrique à l’intérieur du sac. Même le moindre fil était pour elle à faire repasser à la machine! Des locaux palestiniens ont commencé à arriver et à agglutiner de plus en plus derrière moi faisant la queue pour passer leurs affaires dans la machine à rayons X. Au bout d'une bonne 1/2h et alors que les locaux commençaient à s'impatienter de manière de plus en plus prononcée, la militaire me dit OK c'est bon, vous pouvez repacker, vous allez ouvrir la porte N°3 en face de vous, puis vous trouverez une autre porte, vous l'ouvrez et vous attendez les instructions. Je m’exécute et me retrouve devant une nouvelle vitre avec une autre militaire qui me demande de lui donner mon passeport. Elle me demande ensuite d'ouvrir une autre porte, pus une 2ème, de déposer toutes me affaires dans cette pièce puis de revenir ici. Je m’exécute de nouveau. elle me dit alors que je dois ouvrir tous les petits sacs que j'ai à l’intérieur de mon grand sac et également toutes les poches et zip de mes sacs et revenir de nouveau ici. Je m’exécute. Elle m'a alors dit de patienter et à baisser le rideau de sa vitre de telle sorte que je ne puisse voir ce qu'elle faisait. J'ai attendu alors une bonne heure dans cette pièce de 3m2 qui ressemblait presque à une cellule. J'entendais les palestiniens s'agglutiner derrière la porte, puis certains ont commencé à crier et à mettre des coups de pied dans les portes en se plaignant que c'était trop long. Un autre tireur est venu se placer entre moi et eux, toujours en hauteur sur une passerelle et armé d'un flashball. Ca les a calmé pendant quelques minutes!
Au bout d'une heure donc, la nana rouvre le rideau et me demande de lui donner mon téléphone puis elle referma le rideau et j'attendi encore 1/2h. La nana se repointe et me dit d'aller dans la pièce où j'avais mis mes affaires, de repacker puis de franchir une nouvelle porte et d'attendre les instructions. Je m’exécute et me retrouve dans une salle avec une nouvelle machine, celle que l'on peut voir dans les aéroports qui vous scanne de la tête aux pieds. Elle m'a fait passer dedans une bonne dizaine de fois pour changer puis m'a dit de passer par une autre porte où quelqu’un m'attendait pour un entretien. Effectivement, une nouvelle militaire m'y attendait avec mon passeport et mon téléphone dans la main plus un superviseur qui se tenait à quelques mètres et qui écoutait notre conversation et un tireur posté sur une passerelle. Elle m'a posé quelques questions assez basiques puis m'a demandé si j'avais rencontré des gens pendant mon séjour en Palestine. Elle m'a demandé mon travail et m'a demandé si j'étais journaliste. Je lui ai répondu que non et elle m'a alors montré les vidéos sur mon iphone en me demandant d'expliquer pourquoi j'avais filmé cet endroit. Je lui ai répondu que je n'avais vu aucune affiche stipulant que c'était interdit et que je filmais le endroits où j'allais quand je voyage. Elle m'a dit que je n'avais pas à faire ça puis m'a dit que la procédure allait bientôt être finie mais qu'à priori elle ne me laissait pas passer! Elle est partie puis et revenue 1/4h plus tard, m'a rendu mon passeport et mon téléphone et m'a confirmé qu'ils ne pouvaient me laisser rentrer par cette frontière, que c'était un endroit où même les israéliens ne pouvaient passer, que seuls les palestiniens pouvaient traverser ici et que je devais passer par un check point routier qui se situait à quelques kms d'ici. Je lui ai alors demandé pourquoi ils m'ont fait tout ce cinéma et fouiller de fond en comble pour me dire que je ne pouvais pas passer! Elle m'a alors répondu: c'est la procédure puis m'a fait raccompagner à mon point de départ devant le hangar en me disant de prendre un taxi et d'aller au check point nommé Jbara. J'ai rechecké mon portable et bien sur les vidéos que j'avais prises avaient été effacées. En en discutant par la suite avec d'autres personnes, j'ai eu pas mal de chance. Il parait que certains ne récupèrent pas toutes leurs affaires ou endommagées. Il y en aurait même un qui aurait récupéré son laptop avec un trou au beau milieu...ils auraient tiré dessus avec un pistolet!
Il y avait 3 taxis "privés (ie: pas des taxi services) qui attendaient là et après lui avoir annoncé ma destination, le 1er chauffeur me dit de monter dans sa voiture qui contenait déjà 3 personnes. Il m'annonce un prix de 20shekels (soit 4€). Je lui dis que c'est trop cher et lui propose 10shekels. Le mec refuse. Le 2ème chauffeur se pointe alors et me dit OK pour 15shekels, j'accepte et alors le 1er chauffeur me dit OK pour 15, c'est bon, tu montes avec moi. Je lui rétorque que non, qu'il n'avait qu'à me dire oui avant et je monte dans le taxi du 2ème chauffeur. Le 1er chauffeur commence à empoigner le 2ème en lui gueulant dessus. L'autre reste calme et après 5 bonnes minutes de prises de bec, le 1er chauffeur lâcha l'affaire et je puis partir avec le 2ème qui avait l'air bien plus sympathique et honnête que le 1er et qui surtout parlait un anglais convenable.
Au bout de 3kms, le chauffeur me dit qu'au check point, il faut avoir une voiture pour passer et qu'ils ne laissent pas passer de piétons. Il me dit qu'il ne peut pas passer avec son taxi et que je devrais trouver quelqu'un qui accepte de me faire monter dans sa voiture. On a alors doublé une camionnette et le taximan l'a klaxonné pour qu'il s’arrête. Le conducteur de la camionnette était un homme moitié arabe moitié indien, gay pour sur, et après quelques minutes de discussions, il me regarde et me dit OK je t’emmene, on passe le check point ensemble et je te dépose à Netanya (4ème ville israélienne en nombre d'habitants à mi chemin entre Tel-Aviv et Haifa). Je lui demande combien cela va me couter. Il réfléchit et me dit: gratos! Trop sympas ces palestiniens. Je remercie chaleureusement le taximan qui m'a sorti d'un beau merdier et je monte dans la camionnette. On a passé le check point sans encombre et ai rejoint Netanya après 3/4h de route. Le chauffeur ne parlais pas bien anglais mais il m'a fait comprendre qu'il avait accepté de me faire monter à cause de mes yeux. Je n'ai pas tout de suite compris s'il parlait de la gentillesse que dégageait mon regard ou d'un critère de beauté mais je me suis abstenu d'approfondir la question :-)
J'ai pris un bus local pour rejoindre Haifa. J'ai du changer une fois de bus puis refaire un trajet dans le sens inverse car j'avais loupé le bon arrêt et me suis retrouvé à mon point de chute à Haifa à 15h30, soit 7h de temps de trajet depuis Naplouse pour faire à peine 100km!



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