En sortie de Miramont Sensacq, on a eu une discussion fort intéressante avec un agriculteur du coin alors que 2 de ses jeunes vaches venaient de s'echapper de leur étable a notre passage. On était au moment de l'élection du 1er tour des présidentielles et ce qu'il nous a raconté sur la manière de produire la nourriture, que ce soit les legumes/fruits ou la viande, nous a fait froid dans le dos. Aucune filière n'en réchappait et pour lui, il était de nos jours quasiment impossible de ne pas faire de production a échelle industrielle avec rajout de tout un tas de produits chimiques et au détriment de la qualité et du bien être des bêtes. Il nous a en autre donné comme example les fermes allemandes qui produisent du lait a une échelle si importante que finalement elles sont capables de vendre le lait a un prix en dessous de leur cout de production car elles gagnent plus d'argent par la gestion a posteriori du purins qui leurs sert de production d'électricité qu'elles revendent ensuite aux fournisseurs locaux d'énergie. L'agriculteur n'était pas très optimiste quant a l'avenir de sa filière et ne voyait pas comment cela pourrait changer, et ce quelque soit le candidat élu: triste perspective...
On a traversé la ville d'Arzacq Arraziguet où j'ai profité d'un nouveau pique nique en bord de lac pour m'occuper de ma 1ere ampoule, après 3 semaines de marche, qui était apparue sous le pied près des orteils, probablement du a un pli de chaussettes. Maman, elle de son côté, n'avait rien du tout. J'ai compris la technique qu'elle cachait quand je me suis penché sur une certaine crème qu'elle utilisait quotidiennement et ce depuis près de 3 semaines avant d'avoir débuté notre pèlerinage, la creme "magique" NOK. Bien connu des pèlerins aguerris, il s'agit d'une creme qui renforce la peau pour en faire quasi une corne dure, un peu comme un pneu de voiture. Effet garanti, j'ai commencé a m'en mettre de manière quotidienne également. Je n'avais pas le choix si je voulais tenir le rythme imposé par la reine Mère!
Encore une grosse étape aujourd'hui de près de 37 bornes et ce malgré quelques raccourcies judicieux que l'on a trouvé en chemin. Sur l'un d'eux, on a trouvé une troupe de jeunes scouts guides poussant un âne, qui s'était égarée en chemin. Elles se rendaient au même endroit que nous et allaient également camper sur le gite communal de Pomps. Cela semblait a premiere vue une bonne idée de prendre un âne pour porter les tentes et le materiel de camping mais encore fallait-il le faire avancer sans que ce dernier ne s'arrête a chaque touffe d'herbe sui passait devant son museau! Au final, je pense que rien de tel qu'un bon gaillard dans la force de l'age pour porter son bardas ;-)
Le gite de Pomps etait assez atypique et on a posé notre tente dans une aire de jeux d'enfants. L'endroit était rempli de pèlerins qui commençaient déjà a diner quand on est enfin arrivé. Parmi eux, un groupe de 6 filles de Dunkerque et Éric, un suisse français qui allait à Santiago et que nous devions retrouver par la suite tout au long du chemin.
Les guides arrivèrent bien après nous, les plus jeunes d'à peine 12ans étaient fatiguées et affamées et il leur fallait encore monter le camp et préparer le diner.
Le lendemain matin, nous nous réveillâmes sous une pluie fine, les guides avaient mis leurs serviettes de toilette à sécher dehors et les retrouvèrent trempées. Tous les pèlerins étaient prêts des 7h30 équipés de cape pour affronter cette pluie qui nous a accompagnés une grande partie de la matinée.
De mon côté, dans un soucis d'allègement de mon sac a dos, j'avais renvoyé mon pantalon de pluie et ai du utiliser celui de Maman dans lequel je rentrais tout juste. Elle avait enfin trouvé le moyen de me ralentir en me mettant un pantalon qui m'obligeait a réduire l'amplitude de mes foulées!
La journée demarra mal, je me suis tordu la cheville gauche sur un terrain plat tout a fait quelconque et ai ressenti des douleurs au niveau du talon. Nous nous sommes arrêtés à la première pharmacie pour acheter une chevillère et à cause de la pluie nous avons du manger notre casse croute sous un abribus.
Il y eut quelques éclaircis dans l'après midi et c'est là que nous avons fait plus amples connaissances avec le groupe de 6 filles rencontrées dans le gite la veille alors qu'elles bloquaient la route pour une pause pipi improvisée!
Elles venaient toutes de Dunkerque et effectuaient un pèlerinage par tronçon à raison d une a 2 semaines par an et reprenaient a chaque fois l'année suivante là où elles s'étaient arrêtées. C'était leur 4ème année et elles avaient étoffé leur groupe de "stagiaires" apprenties qui elles marchaient seulement sur le tronçon en question. Cette année, elles étaient parties de Lectoure, un peu avant Moissac, soit la veille de notre rencontre, et devaient s'arrêter à Saint Jean Pied de Port pour en finir avec la partie française. Cette année il y avait Christiane et Catherine les 2 plus anciennes pèlerines puis Caroline qui en était à sa 3eme année, sa fille Rosalie la plus jeune et débutante sur le chemin et enfin les 2 soeurs: Nathalie et Sabrina présentes pour la seconde fois. Comme elles étaient nombreuses, elles avaient du faire toutes les réservations d'auberges a l'avance. Une autre manière de faire le chemin.
La pluie nous rattrapa en fin de journée dans une forte cote et alors que nous nous étions abrités sous un arbre en attendant que ca se passe, nous les avons vus passer une à une enroulées dans leur cape. Il ne restait que quelques kilomètres à parcourir et nous nous sommes finalement décidés à braver la pluie, pour enfin arriver, bien trempés, à la Sauvelade. L'accueil fut a l'image de Wilfried, le personnage qui tenait le gite: étrange et incongru! Lorsqu'il nous demandait ce que l'on voulait entre plusieurs choix et qu'on lui répondait, il nous répliquait d'un style bien lourdingue: «j'ai pas envie». Ca a au moins eu le mérite de tous nous faire bien rire tout au long de la soirée, que l'on a fini dans une bonne ambiance de détente par un petit baccalauréat des familles avec ces fameuses filles de Dunkerque.
L'étape suivante passait par Navarrenx, ancienne bastide avec des fortifications dominant une rivière pour nous conduire ensuite à la ferme d'Aroue, notre meilleur arrêt sans conteste de tout notre périple sur la partie française. Il n'y eut aucune fausse note, de l'accueil a notre arrivée par la proprio en passant par les chambres, spacieuses, lumineuses avec une bonne literie moelleuse et équipée de draps et couvertures (ce qui est au final plutôt une exception sur le chemin!), des sanitaires propres avec des douches avec eau chaude a volonté (un petit plaisir simple mais un pur bonheur après une harassante journée de marche), shampoing et savons fournis. Le repas fut soigné et copieux. Nous étions pas loin de 30 pensionnaires, le max que l'on est fait jusqu'ici et on retrouva une nouvelle fois notre groupe dunkerquois ainsi que Danielle notre quebecquoise. Cette dernière avait un peu ralenti l'allure et meme du s'arrêter après avoir essayé de suivre un groupe de français qui marchait des distances non raisonnables, a plus de 40kms par jours. En soit rien d'infaisable physiquement, mais le fait de marcher si longtemps, avec des lourdes charges sur des portions de bitume, peut provoquer un mal bien particulier, la periostite tibiale, que je n'allais d'ailleurs pas tardé a découvrir un peu plus tard sur le chemin...
Mamoune, de son côté, commençait à se plaindre du dos, dû probablement à un portage déséquilibré de son sac, dont elle ne maitrisait pas encore bien l'arnachement. Sabrina, coach sportive et masseuse, se proposa gentiment de lui prodiguer un massage ciblé et thérapeutique qui s'avéra dès le lendemain bénéfique. Tant mieux car il restait encore la dernière étape de la voie du Puy a accomplir a travers le pays basque français...
lien vers la vidéo Béarn
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