Apres la bénédiction de ce dimanche
matin, le petit tour du centre ville du Puy et le petit dej avec notre famille
d'accueil Air Bnb, on a réussi a mettre les voiles a 10:30 du mat
pour enfin démarrer ce fameux périple annoncé a plus de 1500kms. Les previsions
météo n'étaient pas terribles et de mon côté, j'aurais plutôt préféré aller
faire un tour dans notre maison de campagne située a 50km d'ici en louant une
voiture pour la journée au lieu de se taper la pluie mais maman trépignait tant
d'impatience que je ne pus la retenir. On a commencé dans le gris et au bout de
quelques heures, ca n'a pas loupé: il a commencé a pleuvoir. Tot d'abord, une
petite pluie suffisamment fine pour qu'on n'ait pas besoin de mettre tout notre
attirail imperméable. Et puis, d'un coup, une averse beaucoup plus sérieuse
nous a surpris. On était déjà trempé et rien pour s'abriter. Impossible dans
ces conditions d'ouvrir les sacs pour se changer. Au bout de 20' de marche
intensive, on a trouvé une remorque de tracteur où se cacher dessous et on en a
profité pour casser la croute. El Camino commençait fort...
Le paysage ressemblait beaucoup a ce que
l'on connaissait, auvergnats obligent, étant dans le département de la Haute
Loire.
On avait décidé de ne rien réserver et de
voir au jour le jour pour les hébergements ainsi que les étapes afin d'avancer
a notre rythme sans pression particulière. On est arrivé a St Privat d'Allier
après 27kms de marche et on s'est calé dans un gite 3 étoiles a 37€/nuit par
personne en demi-pension (soit le diner et le petit dej inclus) pour un lit en
dortoir. Ca peut paraitre peu cher et c'est ce que cela nous a semblé sur le
coup mais avec l'experience, on a compris plus tard que c'était quasi le max
que les pèlerins payaient pour une nuit, le jacquet étant réputé pour être un
bon gros crevard (la pénitence peut être?). On a fait la connaissance d'autres
pèlerins du jour au souper dont un de Clermont Ferrand qui était le seul a
aller a St Jacques également. Les autres seulement sur des portions plus
courtes d'une semaine max. La nuit fut réparatrice car les sacs étaient tout de
même bien lourds. Les hommes avaient environ 9/10 kgs et les femmes
plutôt 6. Nous on était a respectivement 20 et 10 mais on pensait qu'on allait
tenir comme ca jusqu'a la fin. On était encore bien naif a l'époque...
Le choc qu'avait pris maman 3 jours avant
de partir, sur le haut du crane à cause d'Hanya, la chienne de mon frère, lui
avait créé un hématome qui s'est mis à descendre de jour en jour le long de son
visage. Le bleu lui avait pris les 2 yeux et vu qu'elle avait porté ses
lunettes, les hématomes s'étaient alors coincés autour des yeux tel un vengeur
masqué. Une vraie guerrière la mamoune et une bonne équipe de gitans. On ne
risquait pas de se faire attaquer en chemin...
Le lendemain lundi, on a continué notre
chemin pour traverser le pays du Gevaudan avec un passage dans la ville de
Saugues. D'habitude, les pèlerins s'arrêtent là pour dormir mais il nous
restait encore un peu de patate dans les jambes et on a poussé un peu plus loin
jusqu'a La Clause. Un village plus petit qui devait avoir 3 gites mais le 1er
où l'on est passé, pourtant le plus grand, n'était pas encore ouvert en ce tout
début de saison. Il était déjà tard et on a eu peur de devoir planter la tente
là alors qu'on savait qu'il faisait en dessous de zero la nuit. Il n'y avait
personne non plus au 2eme et le 3eme était tout petit. On a finalement appelé
le no de portable indiqué pour le 2eme et la proprio nous a donné un code pour
pouvoir rentrer dans le gite avant qu'elle n'arrive. On etait les 1ers de la
saison a ouvrir le gite et elle attendait encore un groupe de 8 personnes qui
n'était toujours pas arrivé. Sonia, notre hôtesse était fermière et elle avait
convaincu son mari de vendre leur bétail car ils n'arrivaient plus à
vivre du lait de leurs bêtes et d'investir dans l'accueil pour
pèlerins. Ils avaient ainsi créé deux gites et cuisinaient les produits de leur
ferme. Elle nous proposa de dîner tous ensemble dans le gîte du groupe.
C'est ainsi que nous avons fait la
connaissance du groupe de malgaches de Provins, composé d'une mère avec
son fils, sa belle fille et sa fille adoptive plus le curé lui aussi malgache
et 3 autres paroissiens. Ils faisaient le Puy - Conques et devaient
impérativement être arrivés à Conques samedi prochain début d'après midi, soit
7 jours au total pour couvrir 200kms. Ils voyageaient plus légers que nous car
Ils utilisaient le service de portage appelé la "malle postale". Du
coup, ils avaient même emmené avec eux d'énormes valises en dur que le
transporteur leurs déposait d'auberge en auberge chaque jour! Nous en avons
profité pour confier mon sac, rempli des affaires de maman, soit près de
26kgs, le lendemain mardi au portage et c'est bien plus légers que nous avons
atteint notre prochaine étape, les Estrets, après 33kms de marche, avec
les malgaches que nous avions retrouvés en chemin. Aucune réservation de
faite mais le proprio du nouveau gite a accepté de prendre 2 pensionnaires
supplémentaires pour la nuit. Celui là était un paysan, assez rugueux, qui
élevait des agneaux pour la revente. Cela faisait 17 ans qu'il accueillait des
pèlerins, ce qui en faisait un des doyens sur le chemin d'après ses dires.
On est passé de la Haute Loire a la Lozère
et avons traversé le fameux pays du Gevaudan, sans y croiser la fameuse bête!
On a fait la connaissance en chemin de Dominique qui faisait le chemin par
tronçon. Elle était partie de St Privat cette année pour s'arrêter a Conques.
Elle était suivie par son mari André en camping car et sa "meute" de
3 générations de bulldogs français. On a tout de suite tres vite sympathisé! A
l'image du Tour du France, André servait de caravane d'étape et permettait a
Dominique de voyager quasiment sans bagage et d'avoir a chaque fois sa pause
déjeuner de prévu sur le parcours. On a rencontré André a Sauvage et il nous
gentiment proposé de nous prendre nos sacs pour la journée. C'était un peu
dévié l'essence du chemin de St Jacques et j'avais deja eu cette mauvaise impression
de "tricher" lors du portage avec la malle postale mais c'est vrai
que ca soulageait bien les épaules et ca nous permettait au final de couvrir
une plus grande distance sur un jour donné. On a donc accepté et on s'est
retrouvé le soir a Nasbinals après une longue et rude étape qui nous a fait
traversé le plateau desert et glacial de l'Aubrac. Pas ame qui vive dans ces
contrées a cette époque de l'année. Meme le bétail y était absent, la
transhumance ne devant commencer que le mois prochain.
A Nasbinals, on a partagé une chambre avec
un monsieur assez âgé qui faisait St Jacques a son rythme et avons diné avec
lui et un couple de canadiens, pas tout jeunes non plus, qui avait deja
parcouru la plupart des chemins de Compostelle. De vrais fans!
On a retrouvé notre groupe de malgaches le
lendemain matin devant l'église et ils nous ont gentiment invité a partager
leur moment de prière et de bénédiction du matin.
On a continué sur le plateau et avons passé
Aubrac, village servant de station de ski en hiver puis St Chely d'Aubrac. Les
paysages traversés étaient magnifiques et le temps sec bien que l'on gardait
nos manteaux meme pour la marche vu le vent glacial qui y régnait.
Ca faisait deja 3 nuits que l'on était
parti et nous n'avions toujours pas dormi dehors alors que je me tapais tout le
matos de camping sur le dos.
On a finalement pris la 1ere opportunité
pour le faire et a la descente du plateau de l'Aubrac, juste avant d'arriver a
St Come d'Olt et la vallée du Lot, nous nous sommes trouvé un spot en pleine
nature pour y poser notre barda.
Il a fait super froid la nuit et les duvets
étaient tout juste suffisants. Maman avait un 0°c confort et moi un 8°c. Bien
que je dormis tout habillé, j'eus du mal a trouver le sommeil. Maman de même
mais pour une autre raison: le terrain était un peu en pente et elle n'arrêtait
pas de glisser au fond de la tente alors que nous avions mis les sacs pour nous
caler.
Le lendemain au réveil, on trouva du givre
sur la tente et meme a l'intérieur. Il avait gelé pendant la nuit et les
températures étaient passées en dessous de zero!
La vallée du Lot qui nous attendait devrait
nous fournir un climat plus clement et propice au camping...
lien vers la vidéo Margueride & Aubrac
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