La Tasmanie est réputée pour ses randonnées et le trail le plus fameux ici s'appelle l'Overland Track. Régulièrement classé parmi les 10 plus beaux treks du monde, il est un peu victime de son succès car beaucoup de monde veut le faire. Pour limiter une trop forte affluence qui endommagerait la nature, les autorités ont mis un quota a 36 personnes par jour maximum pendant l'été ainsi que l'obligation de le parcourir du nord au sud, c'est a dire de Craddle Mountain au Lake St Clair. Bien sur, vu que je m'y étais pris au dernier moment, il n'y avait plus de place. Par ailleurs, le fee n'était pas donné: 200$ avec les droits d'entrée dans le parc en sus. Le trek fait 65km et est annoncé en 7/8jours.
Mais revenons a mon arrivée en Tasmanie où j'ai atterri a Launceston, la 2eme plus grande ville de Tasmanie, qui ne comporte que 80,000 habitants.
Je suis allé visiter les cataract gorges avec mon full backpack avant de me positionner en sortie de ville sur la highway pour faire de l'autostop. Je n'ai pas attendu très longtemps avant d'avoir un 1er ride d'une mère et sa fille qui n'allaient pas très loin mais en me déposant a une sortie de highway, elles m'ont aidé a trouver une nouvelle voiture et 2 filles se sont arrêtées instantanément pour me prendre. Plutôt un bon départ! Elles m'ont poussé de quelques dizaines de kms plus loin puis j'ai eu un 3eme ride qui m'a laissé, toujours sur la highway (qui n'est que d'une voie!) mais un peu au milieu de nulle part. Là, j'ai attendu pas mal et ai même aidé une mamie qui venait de crever dans l'autre sens a changer son pneu.
Finalement, Glen, un ancien infirmier aujourd'hui reconverti dans la plantation d'arbres, m'a donné un ride. Il avait une petite course a faire a Latrobe et j'en ai profité pour visiter le coin, capitale d'un animal bien étrange, le plectopus, un mix entre un canard et un castor. Mais impossible d'en voir un. Il fallait attendre la pénombre pour les voir. Glen m'a proposé de passer la nuit dans une de ses maisons a Davenport et de me déposer le lendemain sur le chemin pour Craddle Mountain. Il m'a également offert la possibilité de déposer chez lui une partie des bagages dont je n'avais pas besoin pour faire l'Overland Track: ça tombait pile poil! On est allé manger avec sa femme et sa grande fille en ville. Il avait aménagé une petite cabine dans le jardin qu'il m'a laissé pour la nuit. J'avais toute mon indépendance. C'était parfait!
Le lendemain, sa femme m'a déposé a Forth, sur une route qui menait a Craddle Mountain mais ce n'est qu'après que j'ai réalisé qu'il s'agissait d'une route secondaire. J'ai eu 4 rides différents, a chaque fois très courts et de quelques dizaines de kms chacun par des locaux pour la plupart agriculteurs dans la région. Et je me suis retrouvé coincé au milieu de nulle part. J'ai attendu une bonne heure et demi avant que 3 touristes taïwanais ne s'arrêtent pour me prendre. Et ils allaient a Craddle Mountain mais c'était trompé de chemin: quelle chance. On a fait la centaine de kms qu'il restait ensemble et on a bien failli crasher la voiture plusieurs fois, le conducteur n'ayant a priori jamais conduit de sa vie en montagne.
Enfin arrivé sur place, j'ai pu bénéficier du pass de mes hôtes pour rentrer gratos dans le parc. J'ai réussi a me procurer une carte détaillée de l'Overland Track auprès des rangers sans éveiller les soupçons que j'allais le tenter sans permis. Après un court trajet en bus jusqu'au lac Dove, j'ai pu commencer le trail avec mon backpack de 25kg sur le dos, 6 jours de vivre oblige. Je ne me suis pas trop éternisé sur les abords du lac bien que l'endroit est magnifique. J'avais une vue directe sur Craddle Mountain avec des lacs d'altitudes disséminés un peu partout autour. Mais il y avait vraiment trop de touristes aux abords de l'entrée. Du coup, j'ai tracé jusqu'au 1er look out puis ai enchainé directement sur l'Overland Track. J'ai bien sur fait le détour pour aller au sommet du Mont Craddle d'où la vue était splendide. En chemin, j'ai rencontré 4 lyonnais qui démarraient également l'Overland Track, de la même manière que moi, ie: sans permis! Un couple Quentin et Manon ainsi que Charline et Janson, frère et soeur. C'est là que j'ai appris que les gens munis d'un permis avait une étiquette collée a leur sac a dos afin que les rangers puissent les reconnaitre facilement. Aie, la partie de cache cache n'allait pas être facile...
J'ai fait un 2eme détour dans l'après midi pour rejoindre le sommet de Barn Bluff, un peu plus pentu et rocailleux. Je suis retourné sur le track où j'ai retrouvé mes 4 compères qui s'étaient arrêtés a la 1ere hutte pour faire une pause. Ce n'était pas vraiment des randonneurs "confirmés". Ils n'étaient pas équipés pour faire de la marche (tente quechua 5sec, espadrilles, sac a dos pas du tout adaptés) mais ils étaient plutôt sympathiques et on a décidé de camper ensemble dans le wild. J'avais spotté une petite plage de sable près du lac Will alors que j'étais au sommet de Barn Bluff et on s'y est posé juste avant le coucher de soleil. Juste le temps de trouver du bois pour faire un feu et d'installer le campement avant la nuit. Timing parfait pour ce 1er jour.
Le lendemain, j'avais prévu de continuer a mon rythme mais finalement ils avançaient plutôt bien et je suis resté en leur compagnie. La 2eme journée s'est révélée plus plate que la 1ere avec des paysages aussi somptueux les uns que les autres et assez variés. Au niveau des animaux, on a spotté pas mal de wombats, échidnés et wallabies, ainsi que des tiger snakes, plutôt peureux mais dont la piqure est mortelle.
Glen m'avait donné quelques bons tuyaux afin d'éviter les rangers en me prévenant de ne pas s'arrêter a 2 huttes dans lesquelles ils avaient des cabines fixes.
Pour notre 2eme nuit, on s'est posé un peu a l'écart de la hutte New Pelion après avoir vainement tenté de trouver un spot plat et dégagé pour dormir près du lac Ayr mais pas de chance, c'était bondé de sangsues. On a tous eu le droit a une bonne palanquée sur les mollets et il fallait bien vérifier sa tente avant de la fermer pour aller se coucher.
Au réveil, le lever de soleil a moitié dans la brume fut mystique!
Le 3eme jour, il y avait un détour pour rejoindre le plus haut sommet de Tasmanie, le mont Ossa a 1617m. Les filles étaient plutôt fatiguées et on a entrepris l'ascension entre hommes. J'ai pu pratiquer un peu de free climbing sur les parois du mont et la vue au sommet fut encore une fois a couper le souffle. Dommage que je n'ai pas pris mon backpack lors de l'ascension car le sommet était plat et une nuit passée ici n'aurait pas eu de prix.
En discutant avec un local ici, j'ai appris que l'on pouvait faire l'ascension du mont Ossa en garant sa voiture a quelques kms d'ici (sur la piste de Arm River) a partir d'une route non asphaltée, ce qui était toléré par les autorités du park sans avoir le permis pour l'Overland Track. Information utile lorsque je me suis retrouvé face a face avec un chef rangers a Kia Ora, la hutte suivante, alors qu'on faisait une pause déjeuner. Ce dernier allait monter dans un helico dont les hélices tournaient encore afin de rapatrier les toilettes sèches en dehors du parc, lorsque je lui ai demandé quelques informations sur les waterfalls environnantes. Il a tout de suite capté mon french accent et m'a demandé où était mon pass. Je lui ai répondu que je n'en avais pas. Il m'a alors demandé d'où je venais et lui ai simplement répondu que j'avais dormi a la hutte précédente. Il m'a demandé de retrouver mon groupe et a commencé a poser des questions plus précises. Ca sentait plutôt mauvais! J'ai commencé a le bidonner en lui disant qu'on avait garé notre voiture pas loin et qu'on n'avait pas l'intention de faire l'Overland Track. Il nous a demandé nos papiers d'identité et nous avons tous répondu en coeur que nous n'avions aucun papier sur nous qui puisse prouver notre identité. Ca l'a rendu colère et il a commencé a devenir tout rouge. 2 personnes qui travaillaient sur le trail sont venus nous glisser a l'oreille qu'il fallait qu'on donne de faux noms. A priori, ils ne portaient pas trop dans leurs coeurs ce ranger. Ce dernier a posé les mêmes questions aux autres membres du groupe qu'a moi afin de voir si les versions concordaient. Vu que les autres avaient un anglais assez limité, on parlait en français pour traduire mais aussi et surtout pour se mettre d'accord sur la version a tenir. Ca l'a rendu encore plus nerveux et il a demandé a la personne du groupe qui avait l'air le plus friable comment était l'état de la route là où on s'était garé et de décrire les lieux. Ca sentait vraiment le sapin mais j'ai vu qu'il commençait a trembler et ai essayé de monter encore un peu la pression. J'ai fait semblant de m'emporter un peu en me positionnant juste devant son visage et en lui disant qu'en posant les mêmes questions a mes collègues, il me désignait de fait comme un menteur. Il suait de toute part et n'était pas confortable du tout. Il nous a finalement ordonné de faire demi tour afin de retourner a notre véhicule (fictif). Il allait aller a la hutte précédente en helico et nous a dit qu'il recroiserait forcement notre chemin dans l'après midi alors qu'il allait redescendre le chemin a pied. Il nous a dit qu'il ne nous mettait pas d'amende pour cette fois mais que si on n'obéissait pas et qu'il nous retrouvait sur l'Overland Track, il nous mettrait alors une amende salée. Il est ensuite remonté dans son helico et a demandé a sa collègue ranger junior de prendre nos noms et adresses. On a débattu ensemble pour voir quelle position tenir et finalement Charline et Janson ont donné des noms contenant une ou plusieurs fautes d'orthographe, Manon et Quentin ont donné des noms complètement différents (ces 2 là prévoyaient de rester un an sur Hobart pour y travailler et ne voulaient pas d'ennuis). Quant a moi, j'ai tout simplement refusé de donner mon nom en prétextant que je ne le donnerai que si ils me mettaient une amende.
On a fini notre déjeuner jusqu'au moment où la junior ranger est partie vaquer a ses occupations. On en a alors profité pour prendre la poudre d'escampette en direction de l'Overland Track, bien que de mon cote, j'aurais préféré qu'on prenne le chemin du retour puis faire un détour pour revenir sur l'Overland sans être vus par la ranger.
On a marché un bon 3/4h avant de faire une pause a Du Caine, une hutte abandonnée, lorsque la ranger junior est arrivée en courant en nous disant "you are bad guys!". Elle avait son telephone satellite avec elle et le chef ranger lui avait demandé de nous raccompagner au campement précèdent afin de nous mettre l'amende promise. On a refusé en lui disant que si elle voulait nous mettre une amende, elle pouvait le faire ici mais qu'on ne ferait pas demi tour. Elle s'est retrouvée coincée car elle n'avait pas, en tant que junior ranger, le droit de nous mettre un pv et son téléphone satellite ne captait pas là où on se trouvait. Du coup, elle nous a dit de nous présenter a la sortie du trail pour nous mettre une amende en nous disant qu'il n'y aurait pas de ranger a Bert Nichols, la prochaine hutte, et qu'on pouvait y dormir tranquille. En partant, elle nous a dit ne pas comprendre pourquoi seuls les français et israéliens fraudaient dans ce parc. La blague!
Je ne faisais aucune confiance a ces rangers et on a décidé de bivouaquer près des chutes d'eau, a 1,5h avant la hutte de Bert Nichols où on lui a dit qu'on allait dormir.
Il y avait au moins 4 chutes d'eau, dont D'Alton et Fergusson falls, magnifiques toutes les 2. On a posé notre campement juste au dessus de Hartnett falls, la dernière sur la liste. Spot magique bien qu'un peu dangereux si d'aventures la rivière venait a prendre du volume. Au final, je fus le seul a dormir sur les rochers au milieu du lit de la rivière alors que les autres ont préféré dormir dans la foret au bord de l'eau, protégés de la pluie qui avait démarré son oeuvre. J'avais placé une pierre près du niveau d'eau comme témoin afin de pouvoir la spotter au cas où le niveau d'eau venait a monter. J'avais peur de flash floods qui peuvent faire monter le niveau de la rivière de plusieurs mètres en quelques secondes en cas de fortes pluies. Et justement pendant la nuit, il a commencé a pleuvoir et de plus en plus fort. Je regardais ma pierre témoin toutes les demi heures de peur d'être emporté par le courant qui m'aurait amené directement dans la chute d'eau haute de plus de vingt mètres. Autant vous dire que je n'ai pas passé une super nuit!
Le lendemain, on a repris notre marche et avons fait une pause déjeuner a la hutte Bert Nichols où l'on était censé dormir la veille. Il n'y avait pas un chat mais au bout d'1/2h, le chef des rangers est soudain apparu en courant avec un backpack dans le dos. Il s'était tapé toute la marche de la veille a notre poursuite et était très remonté. Il nous a tous convoqués a l'intérieur. Tout le monde y est allé mais de mon cote, je trainais du pied car je me serai bien barré sans prêter attention a sa présence. Je suis finalement rentré dans la salle où tout le monde m'attendait et le ranger a pointé un banc sur le coté pour m'asseoir. J'ai feint de ne pas comprendre et me suis assis juste a cote de lui pour tenter de lui remettre la pression. Il s'est d'abord excusé de son comportement de la veille, qu'il avait été un peu dans le rush parce que l'helico l'attendait et qu'il aurait du commencer par nous expliquer les règles du parc. Ca ne respirait pas la sincérité du tout et on sentait qu'il avait préparé son discours et son angle d'attaque. Il nous a dit qu'en lui désobéissant 2 fois, une première fois en ne faisant pas demi tour, une seconde fois en refusant de retourner au campement lors de la rencontre avec sa collègue, on avait commis 2 "offenses". Il allait nous reexpliquer exactement les règles et que si on désobéissait une 3eme fois, c'était motif a appeler la police et a annulé nos visas et nous sortir du pays! Plutôt sérieux le bonhomme. De même, si on avait menti ou si l'on allait mentir lorsqu'il allait procéder au procès verbal, ce serait également une 3eme offense, motif de sortie. Il nous a d'abord ordonné de se diriger directement vers la sortie au Lake St Clair (vu qu'on était déjà dans la seconde moitié, il ne pouvait exiger que l'on fasse demi tour) le jour même. Puis au vu de nos protestations quant a la longueur du trajet restant, il s'est reavisé en nous sommant d'aller directement a Echo Point, la dernière hutte ce soir puis de sortir du parc le lendemain matin et de se présenter au poste de rangers pour une "interview" poussée. Il nous a également sorti qu'il "savait" qu'on connaissait les règles car il s'était renseigné et avait appris que 2 d'entre nous avaient posé des questions sur le permis de l'Overland Track a l'entrée...il a dressé pour chacun d'entre nous 2 amendes, de 400$ pour l'absence de permis pour l'Overland et de 80$ pour l'absence de droit d'entrée dans le parc national (pour info, les garçons l'avaient dans la poche mais ont préféré ne pas le sortir car il y avait leur no de plaque d'immatriculation de voiture dessus). Janson et Charline, qui avaient donné des noms avec fautes d'orthographe la première fois, ont fait exactement la même chose, sachant qu'ils n'avaient plus que quelques jours en Australie. Quentin et Manon eux, ont flippé sur le coup et ont préféré donner leurs vrais noms alors qu'ils en avaient donné de complètement différents la 1ere fois. Le ranger s'est alors tourné vers moi en me disant "je suppose que vous ne desirez toujours pas me donner votre nom, n'est ce pas?". Ca sentait le traquenard a plein nez et je lui ai repondu tres calmement qu'au contraire, pour une amende, je n'avais jamais refusé de donner mon nom. Je lui ai donné "Oliver Tran" au lieu de "Olivier Tran Van" inscrit sur mon visa ainsi qu'une fausse date de naissance et une vieille adresse en Belgique. Ca m'étonnerait qu'il puisse me retrouver avec ça et ce n'était pas vraiment suffisant pour qu'ils m'expulsent du pays. De toute façon, le ranger nous a signifié qu'on avait un mois pour régler le pv avant de s'exposer a d'éventuelles poursuites. Il faut savoir qu'en Australie, ils ne rigolent pas avec les amendes impayées et qu'a l'immigration, quand vous arrivez en Australie d'un aéroport international, ils peuvent vous exiger de payer les impayés sous peine de vous renvoyer directement d'où vous venez si vous refusez. Le chef ranger est ensuite parti en rebroussant chemin tout content de lui. Il avait l'air plutôt confiant et ça n'inspirait rien de bon.
On a fait un point tous ensemble pour décider de la marche a suivre. Quentin flippait vraiment du fait qu'ils avaient prévu de bosser un an a Hobart et il a décidé avec sa copine de marcher jusqu'a la sortie du parc des maintenant sans s'arrêter et de passer de nuit le visitor center du Lake St Clair afin de ne pas se faire choper. De plus, mes 4 compères étaient déjà passés par le lake st clair avant d'entreprendre l'Overland Track et ils m'ont dit qu'on était obligé de passer par le visitor center pour sortir et qu'ensuite, il y avait encore 5km de route goudronnée avant de rejoindre la 1ere route où il y avait possibilité de trouver un ride en auto stop. Pas idéal pour s'échapper...surtout de jour. Janson et sa soeur la jouaient plus tranquilles et ont dit qu'ils allaient faire tout comme le ranger avait dit car de toute façon, ils ne pouvaient rien contre eux et qu'ils seraient partis d'ici quelques jours d'Australie. De mon cote, je me tâtais a prendre la même attitude que Janson mais ça m'aurait tout de même embêté d'être interdit de territoire australien dans l'avenir pour une telle futilité. On ne sait jamais de quoi l'avenir est fait, et puis ça aurait fait trop plaisir a cet enfoiré de ranger. J'ai donc pris le parti de dormir a la hutte d'Echo Point, comme le ranger l'avait demandé, puis le lendemain, de m'échapper par une ascension près de la sortie qui a priori d'après ma carte amenait sur la route goudronnée après un long détour de près de 15km.
Mais avznt tout ca, on a continué une bonne heure tous ensemble a marcher sur l'Overland Track jusqu'a un autre détour proposé pour aller sur le site appelé l'Acropole sur le Pine Valley Track. Un local nous avait absolument conseillé ce détour qui était pour lui le meilleur arrêt de tout le trail! Mais le chef ranger nous avait bien dit de nous rendre "directement" a Echo Point", ie: sans faire le moindre détour. Le détour faisait près de 15km aller retour et était annoncé entre 4,5h et 6h. Quentin et Manon ont préféré tracer sur l'Overland Track, la soeur de Janson a continué avec eux et nous a dit a Janson et moi qu'elle nous attendrait a Narcissis Hut, la hutte avant celle d'Echo Point. De mon cote, pas question de raccourcir mon treck a cause de cet imbecile de ranger! On s'est donc engagé sur ce détour avec Janson mais le temps était plutôt gris et pluvieux. Au bout de 10', Janson ne l'a pas senti et a préféré faire demi tour. J'ai poursuivi pendant une bonne heure jusqu'a croiser un groupe qui avait passé la nuit a Pine Valley Hut et venait tout juste de faire l'ascension. Ils m'ont dit qu'avec ce temps, c'était super glissant et dangereux et qu'ils n'y retourneraient pas s'ils avaient été dans mon cas. J'ai alors fait demi tour quand le chef de leur expédition est venu me parler pour me dire, que tout de même, c'était dommage de renoncer alors qu'il ne me restait "plus" qu'une heure et demi pour rejoindre le sommet et que le temps pouvait se dégager d'ici là. J'ai hésité quelques instants puis me suis dit lets go et ai donc continué sur le Pine Valley track. J'ai atteint la Pine Valley Hut au bout de 3/4h de plus et ai discuté avec 2 treckers qui venaient de faire l'ascension. J'ai commencé a monter quand au bout de 10', il s'est mis a pleuvoir plus fort, en mode trombe d'eau! J'ai alors enfin décidé de rebrousser chemin et me suis retapé tout le détour en sens inverse. Ca m'aura bien couté près de 3h aller retour cette petite blague et en marche forcée! Je suis arrivé sur le site de Narcissus Hut, qui est juste au bord du Lac St Clair tout au nord au bout d'une bonne paire d'heures. D'ici il y a un ferry qui tourne une fois par jour pour ramener les treckers fatigués qui ne souhaitent pas faire les 18km restants le long du lac. La hutte était pleine a craquer et je me suis tâté a m'arrêter là plutôt qu'a Echo Point qui était tout de même annoncée a 6,5km d'ici pour 2h de marche. Je sentais que je commençais a fatiguer et la journée tirait a sa fin. Aucune trace de mes 4 lyonnais. J'ai décidé de continuer et suis parvenu a Echo Point exténué et complètement trempé après avoir traversé une jungle tropicale qui longeait le lac. Sur place, toujours pas de trace de mes lyonnais. J'ai en revanche fait la rencontre d'un autre français qui campait ici et qui m'a dit avoir discuté avec les 4! A priori, Quentin et Manon ont essayé de booker des places en bateau pour traverser le lac plus rapidement mais quand ils ont donné leurs noms au téléphone a la personne qui s'occupait de la resa, celle leurs a dit qu'elle allait les rappeler mais c'est finalement le chef des dangers qui les a rappelé tout colère en disant qu'il fallait obéir a ces ordres et dormir a Echo Point. Il a même exigé a me parler...alors que je n'étais même pas présent. Il avait a priori une dent contre moi et en faisait une affaire personnelle. Mes 4 compères ont vraiment commencé a flipper et sont tous partis sans s'arrêter pour traverser pendant la nuit la sortie au lac St Clair.
De mon cote, je ne me voyais pas de continuer un pas de plus ce soir et me suis tout simplement confiné a suivre les instructions du ranger, a savoir de dormir a Echo Point. J'avais en tête de partir super tôt le lendemain, genre vers 4h du mat pour passer la sortie avant l'ouverture du parc mais impossible de me lever tellement j'étais fatigué et en plus la pluie battante n'avait cessé de tomber. Du coup, ça m'a un peu refroidi de faire un détour de plus de 15 bornes pour éviter les rangers et je me suis dit que j'allais improviser a la sortie. Je voulais couper par le bush a l'approche de l'entrée en longeant une rivière qui était notée sur ma carte. Mais finalement en m'approchant de la sortie, j'ai vu une voie de secours qui menait directement au parking visiteur et a la route sans passer par l'office: nickel! J'ai ensuite entrepris les 5kms restant a marche forcée de peur de tomber sur une voiture de rangers et en espérant avoir un ride d'une voiture de touriste au passage. Mais personne pendant les 5kms. Arrivé a l'embranchement avec la route principale, je suis tombé sur un français que j'avais croisé en chemin le matin au bord du lac et qui se dirigeait vers Hobart. Ce n'était pas forcement ma direction car j'avais prévu de remonter récupérer le reste de mes affaires chez Glen mais vu les circonstances, je n'ai pas fait la fine bouche et ai accepté le ride direction Hobart...
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