Andrey, mon ami russe que j’ai rencontré à Kiev m’a proposé de lui rendre visite cette semaine. L’idée était de voir le match de barrage aller Ukraine/France pour lequel il a pu avoir des places. Pour vous re-situer, la France n’ayant fini que 2eme lors des qualifications pour la coupe du monde de football, elle était obligée de jouer un match de barrage en aller/retour contre une autre équipe dans le même cas qui se trouva être l’Ukraine après tirage au sort.
Andrey a été journaliste footballistique spécialisé dans le milieu du hooligannisme et malgré qu’il ait changé de métier, il reste toujours très connecté dans le milieu. C’est d’ailleurs un grand fan devant l’éternel de son équipe le CSKA Moscou, vous verrez plus tard pourquoi je vous souligne ce point!
Je prend beaucoup de plaisir a repasser sur des destinations que j’ai pu faire par le passé, car je suis dégagé de toutes « obligations » de visites en tout genre et je peux profiter de tout mon temps pour faire vraiment ce que j’aime et passer du temps avec les locaux.
Lors de mon vol Paris/Kiev, je suis tombé sur 2 commentateurs de la TV française qui étaient assis juste à coté de moi: Christian JeanPierre suivi de son comparse et ex star du ballon rond, Bixente Lizarazu. Difficile de croire que ce dernier a été une terreur en tant que défenseur quand on voit sa petite taille. A ne pas douter qu’il devait avoir de la densité pour compenser cela.
On est allé voir le match dans le stade olympique de Kiev, remis à neuf suite aux derniers championnats d’Europe. Le stade était bien sur bourré à craquer et seulement une toute petite délégation de français agitaient quelques drapeaux tandis que les supporter ukrainiens scandaient des chants enflammés malgré la faible température du moment. J’étais avec un groupe d’amis ukrainiens d’Andrey et on avait pu diner tous ensemble juste avant le match. L’ambiance était très bon enfant et la plupart des convives autour de la table partait plutôt inconfiant face à la France. Ils espéraient tous une victoire de leur pays mais tablaient plutôt pour une victoire très serrée voir un match nul. Je n’ai pas mis de couleurs françaises pour aller au stade, ne sachant pas vraiment dans quelle ambiance j’allais me retrouver.
Le match a été terrible pour la France et j’ai pu sentir à quel point l’importance des supporters avait du poids dans un tel match. Les joueurs de l’équipe de France était tétanisés et leurs adversaires étaient, tout à l’opposé, survoltés par l’enjeu du match. Cela était flagrant sur l’engagement physique des 2 équipes où on avait l’impression qu’à chaque action, les joueurs ukrainiens jouaient leur vie alors que de l’autre coté, les joueurs français rechignaient à aller au contact.
Le score fut sans appel: 2/0 pour l’Ukraine et l’addition aurait pu être même plus corsée tant les français n’étaient pas dans leur sujet. Cela paraissait fort compromis pour la phase finale au Bresil même s’il restait le match retour à jouer en France dans une semaine. La soirée fut très longue pour moi. Il n’y eut pas de liasse de joie dans les rues, alors que pourtant l’Ukraine n’a jamais été en phase finale de coupe du monde de son histoire. Sans doute étaient-ils trop concentrés sur la prochaine échéance, le match retour, qui pouvait tout changer. En revanche, j’ai eu le droit à tous les chambrements possibles et imaginables de la part de notre groupe. Ce n’était pas facile d’être français ce soir-là! La seule réponse que je trouvais à leurs dire était la suivante: « wait on tuesday for the return match and we’ll see. I want to see you after the match with teers around your eyes ». Plutôt présomptueux au vu du match aller mais il fallait bien répondre aux provocations.
J’ai dormir les 1ers nuits dans l’appart d’Andrey puis je me suis pris un super appart, encore un atelier d’artiste en forme de loft, par Air BnB, pour les prochains jours, en attendant le match retour. J’ai rencontré la proprio, Alena, une jeune mannequin ukrainienne qui était également photographe et qui vivait entre Kiev et Paris! Quelle coïncidence. On a promis de se revoir sur Paris.
On est allé se regarder le match retour dans le plus connu des nights clubs de Kiev, le Sky Bar. J’ai rencontré 3 autres français qui étaient là pour le boulot et notamment Christophe, un consultant en boulangerie qui en ouvrait un peu partout en Europe de l’Est. Peut être un futur associé en puissance sur l’un des projets que j’avais en tête. Le match fut un pur régal: le jour et la nuit comparé a celui de l’aller. 3/0 pour la France qui se qualifie pour le Bresil. Les locaux ne savaient plus où se mettre. Le mauvais coté: pas de grosse fiesta ce soir là à Kiev. Tout le monde est rentré chez soi. En revanche, les ukrainiens avec qui j’avais vu le match aller sont venus me voir, dignes, pour me féliciter et souhaiter bonne chance à mon équipe pour la suite. Plutôt classe comme attitude! La soirée a fini en karaoké sur des chansons françaises du genre « formi, formi, formidable ».
Andrey m’a expliqué que généralement, les ambiances les plus explosives étaient plutôt lors de matchs de clubs où les fans étaient plus échaudés et notamment lors des derbys. Il m’a alors parlé du plus populaire derby en Russie, notre équivalent du PSG/OM, à savoir CSKA vs Spartak à Moscou. Le prochain allait justement se dérouler la semaine d'après et Andrey m’a alors décrit l’actualité du moment avec l’étrange histoire du drapeau des supporters du Spartak. Il arrive régulièrement que les groupes de supporters se donnent rdv à l’extérieure de l’enceinte du stade lors des jours de match comme dans des forets ou dans un carrefour puis qu’ils se tapent sur la gueule jusqu’a qu’un groupe prenne le dessus. Il avait eu un tel événement quelques jours plus tôt et les supporters du CSKA avaient remporté le derby du « off » haut la main. Ils avaient en plus subtilisé le drapeau du camp adverse: la honte suprême! S’en était suivi tout un "tour du monde" de ce drapeau que les supporters du CSKA prirent en photo dans les pires conditions possibles comme par exemple dans une porcherie. Bref, l’ambiance de ce derby sentait la poudre et quand Andrey m’a annoncé qu’il pourrait peut être se procurer des billets pour ce match, j’ai sauté sur l’occasion et lui ai promis de voir si c’était jouable au niveau des billets d’avion.
Me voilà parti pour Moscou. J’avais un vol retour Kiev/Paris mais j’ai preferé le perdre et m’envoler pour la capitale russe afin d’avoir l’opportunité de voir ce fameux derby, peut être le plus dangereux de tous mais les conditions étaient parfaites vu que j’étais accompagné par mon cher Andrey.
Je suis parti quelques jours avant lui en milieu de semaine et ai rejoins Dimitri, mon ami banquier qui était en train de retaper une maison avec sa femme Aurore. Il m’a fait visiter le chantier dans lequel résidait toute son équipe de travaux: une bonne dizaine d’ukrainiens qui dormait sur place afin de faire avancer le chantier au plus vite.
Le jour du fameux match arriva. Il y avait tellement de monde qu’on a du marcher sur les derniers kms pour pouvoir s’approcher du stade. Malheureusement il ne s’agissait pas du stade habituel qui était en cours de réhabilitation pour la prochaine coupe du monde. Il y avait tout de même 20,000 places mais les personnes qui avaient nos places venaient elles en voiture et on a loupé les 10 premières minutes du match. Pas très grave si ce n’est qu’il n’y a eu qu’un seul but à ce match, à la 5ème minute! On avait pris un verre avec le père d’Andrey et quelques amis aux abords du stade en avant-match et j’ai pu comprendre un peu mieux ce qui les animaient. Ils étaient fans du CSKA de père en fils et cela depuis que le club existait, soit près de 100 ans! Eux ont eu des places dans les gradins abonnés, là où l’ambiance était la plus chaude. Malheureusement ces places étaient sold out et ils m’avaient dégoté une place dans la tribune Presse avec 3 autres de leurs potes. Un tout autre délire: les 3 mecs sont arrivés en BMW 650 et on ne sentait pas la vraie fibre du supporter dans leurs veines. J’étais néanmoins bien placé car au centre du terrain. Je pouvais voir les fans du Spartak à ma gauche qui commençaient à lancer quelques fumigènes sur le terrain et ceux du CSKA, qui sautaient tous ensemble dans les gradins tel un corps d’infanterie militaire. Au milieu du match, on pouvait voir une couleur beige qui partait du centre des gradins et qui se répandaient petit à petit à toute la tribune. Il s’agissait en fait des supporters du CSKA qui se mettaient tous torses nus!
Je n’ai pas vu la moindre scène de bagarre et après le match, on est parti faire la fête avec Andrey. On a rejoint mon autre ami Dima et sa nana Alisa puis on est allé passer la soirée au Gipsy avant de terminer au roof top, définitivement mon endroit préféré à Moscou. J’y ai encore retrouvé ce cher Boris, décidément en mode abonné également.
J’ai passé la nuit chez la mere d’Andrey, en banlieue de Moscou et ai mémé pris le petit dej avec elle avant de prendre le train de banlieue pour Sergey Posad, une ville situé à 40km de Moscou d’où était originaire Alexander, avec qui j’ai voyagé de Turquie en Arménie en passant par la Georgie. Je me suis trompé d’arrêt et suis descendu une station trop tôt: il n’y avait que des moutons pour m’indiquer le bon chemin à prendre! J’ai retrouvé Alexander qui m’a présenté à toute sa famille et ses amis. On est allée faire une visite dans le monastère, assez renommé et qui fait partie du tour de l’Anneau d’Or. Ce fut une belle expérience que de partager un peu le quotidien d’une famille russe et de voir autre chose que les spots touristiques que l’on veut bien nous laisser voir.
J’avais un avion retour à prendre en fin de matinée et j’ai compris ma douleur quand je suis arrivé à la gare Bieloruskia en venant de Sergey Posad: c’était plein à craquer genre le tri parisien lors de la finale de football de 1998 sauf que là, les gens étaient calmes. A priori, ils ont le droit à ça tous les jours.
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